HOMMAGE AUX MINEURS

CATASTROPHE DU 4 FEVRIER 1970

 

Ancien mineur de fond,

La silicose ayant atteint mes poumons,

C’est pour y faire face,

Qu’on me remonta à la surface.

 

J’ai du apprendre le métier de chaudronnier,

Et c’est aux ateliers centraux de Billy-Montigny

Que je me suis retrouvé

Avec d’autres mineurs, comme moi, reconvertis

A cause de cette maladie,

Peut-être, parce que nous venions du fond,

Nous étions tous affectés à la réparation des wagons.

 

Je me souviendrai toujours de ce 4 février 1970,

Ce jour là, j’étais entrain de souder,

Lorsque je vis venir vers nous notre chef d’atelier,

Et c’est d’une voix tremblante et pleine d’émotion qu’il nous dit :

Les gars, une catastrophe vient d’arriver à la Fosse 6 tout près d’ici.

 

Un coup de grisou  a fait des morts au fond du trou,

Bon sang, autour de nous, ce fut le silence.

De l’atelier où l’on était, on entendait hurler les ambulances,

Plus personne ne parlait, chacun voyait dans sa pensée,

Peut-être un parent, un copain, un ami,

Calciné au fond du puits.

 

Le malheur avait encore frappé, la grande famille des mineurs,

Rentré chez moi, il me fut difficile d’avaler mon repas.

Et c’est la larme à l’œil que je me suis mis dans mon fauteuil,

Et croyez-moi, j’ai chialé comme un gosse,

En pensant qu’encore une fois, la mine avait tué,

Et que c’était le lourd tribu , qu’il nous fallait payer.

 

Ce jour là, le 4 février 1970, à la Fosse 6 de Fouquières Lez Lens il y a eu 28 victimes : 16 morts et 12 gravement brûlés.

 

De Adolphe BRASSEUR, un Sallauminois

 

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