Oignies 23 Mars 1944

 

Documents Bernard Urbaczka

 

Vous trouverez le dossier complet par ONYACUM ici

 

Description de l'accident (Rapport de l’ingénieur)

 

Le 23 mars 1944 vers 15 h 30  une explosion de grisou se produit au pied de la deuxième voie descendante de Ste Michelle à l’étage 456 du siège. À ce chantier travaillaient trois ouvriers Stanislas CUIPEK, chef de poste, Boleslas CUIPEK son frère et François MADZIAREK ; le chantier était desservi par une bande transporteuse laquelle était actionnée par Raymond MAUBERT et Félix LEBACQ.

Peu avant l'accident, la lampe à flamme de Stanislas CUIPEK s'était éteinte ; il essaya de la rallumer en enlevant la cuirasse et la plaça près de l’un des ventilateurs qui assurait l’aérage du chantier.

C'est à ce moment-là que le tamis de la lampe rougit, enflammant le grisou qui avait envahi le chantier et provoquant l'explosion. Les cinq ouvriers dont BUSTIN et PAKOSZ qui travaillaient directement à l'avancement, furent grièvement brûlés, tous moururent des suites de leurs blessures à l'hôpital DARCY dans les jours qui suivirent ; MAUBERT devait mourir huit jours plus tard des suites d'une fracture du crane. Seul LEBACQ s’en tirait avec de légères blessures.

L'enquête révéla que la voie descendante avait percé dans le montage de la deuxième taille qui était remplie de grisou et que l’on croyait plus éloignées. En présence de M.PUGES préfet du Pas-de-Calais des funérailles solennelles furent faits à 4 victimes à Dourges le 28 mars, BUSTIN fut enterré le 29 à Courrières et MAUBERT le 1er avril à Oignies.

Le personnel du siège 9 a chômé le 28 et le 29 mars jours des funérailles.

Concernant ses funérailles, il faut savoir que selon le rapport des renseignements généraux du 29 mars 1944

« Les ouvriers du matin qui devaient descendre à six heures ont demandé à leur chef de vouloir leur accorder l'autorisation de cesser le travail à 13 h au lieu de 14 h pour permettre à ceux qui sont domiciliés à une assez  grande distance de Dourges d'assister aux obsèques de quatre de leurs camarades... Les agents de maîtrise ayant pas accordé cette autorisation, les ouvriers du poste du matin au nombre de 440 décidèrent de ne pas prendre le travail et regagnèrent leur domicile, 31 descentes seulement furent enregistrées.

À la descente de l'après-midi qui s'effectuait à 14 h, trois ouvriers sur un effectif de 185 ont pris le travail.

Tous les faits se sont déroulés sans aucun incident, les ouvriers n'ayant pas manifesté et s’étant contenté de quitter le carreau de la fosse sans y provoquer d’attroupement...

La foule est évaluée à environ 3500 personnes, le commissaire de police de Mr CAUVY continue « je précise par ailleurs que les ouvriers de la fosse 9 éprouvent de sérieuses craintes ; des nappes  de grisou ayant été constatées au fond de ce puits ; le travail dans cette fosse doit être interrompu assez fréquemment par mesure de sécurité.

 

 

RAPPORT DU COMMISSAIRE CAUVY

 

Le commissaire de police

Chef du service des renseignements généraux

 

À monsieur le commissaire divisionnaire

Chef du service régional des renseignements généraux Lille

 

 

OBJET ; Greve survenue à la fosse n° 9 des Mines de DOURGES à 0IGNIES.

J'ai l'honneur do vous faire connaître qu'un mouvement de grève a éclaté hier 28 Mars courant, à la fosse 2 des Mines de DOURGES à 0IGNIES, dans les circonstances suivantes ;

Les ouvriers du poste du matin, qui devaient descendre à

 

6 H. ont demandé à leurs chefs de vouloir bien leur accorder l'autorisation de cesser le travail à 13 H. au lieu de 14 H. pour permettre à ceux qui sont domiciliés à une assez grande distance de DOURGES d'assister aux obsèques de quatre de leurs camarades, tués accidentellement à la suite d'un coup de grisou survenu le 25 Mars à la fosse 9.

Les agents de maitrise n'ayant pas accordé cette autorisation, les ouvriers du poste du matin, au nombre de 440, décidèrent de ne pas prendre le travail et regagnèrent leur domicile. 31 descentes seulement furent enregistrées.

A la descente de l'après-midi, qui s'effectua 14 H., trois ouvriers sur un effectif de 185 ont pris le travail.

Tous ces faits se sont déroulés sans aucun incident, les ouvriers n'ayant pas manifesté et s'étant contentés de quitter le carreau de la fosse sans y provoquer d'attroupement.

J'ajoute que les obsèques des quatre victimes ont eu lieu l'après-midi du même jour, en présence de M. le préfet du Pas-de-Calais et d'une foule évaluée à environ 3.500 personnes. Le service d'ordre, qui avait été renforcé à cette occasion, n'a pas eu a intervenir, aucun incident n'ayant éclaté.

Je précise, par ailleurs, que les ouvriers de la fosse  9   éprouvent de sérieuses craintes, de nappes de grisou ait été constatées au, fond de ce puits. Le travail dans cette fosse doit être interrompu assez fréquemment, par mesure de sécurité.

En ce qui: concerne la descente d'hier soir effectuée à22 H, le nombre d’abstentions enregistrées est de 17 sur un effectif deb 30 ouvriers.

Ce matin au poste de 6 H, 40 ouvriers seulement sur 400 environ ont pris le travail. Les autres se sont rendus à COURRIERES où doivent avoir lieu les obsèques d'une cinquième victime de l'accident provoqué par un coup de grisou le 25 Mars.

Aucune effervescence ne règne actuellement à la fosse 9 de la Concession de DOURGES. La Direction de cette Compagnie, ainsi que les agents de maitrise, se perdent en conjonctures sur ce mouvement de grève que rien ne laissait prévoir. On souligne particulièrement le fait que les ouvriers devant normalement descendre ce matin à 8 h, se sont rendus sur le carreau de la fosse qu'ils ont presque immédiatement quitté, sans se livrer à aucune espèce de manifestation. 0n espère toujours que ce mouvement de grève prendra fin aujourd'hui et que la descente de 14 H. s'effectuera d'une façon normale.

 

Il est vraisemblable, cependant, que les organisations communistes clandestines ont saisi le prétexte des obsèques des cinq victimes de la fosse 9 pour déclencher un mouvement de grève destiné à servir des fins politiques. Quoiqu'il n'ait été enregistré aucune distribution de tracts, Il semble bien qu'une propagande active s'est exercée au fonds de ce puits avec l'espoir évident do provoquer un conflit général dans la Concession et peut être même. dans le Bassin minier.

Le Commissaire de Police

 

 CAUVY.

Copies transmises à Monsieur le PREFET DU NORD – PREFET DE LA REGION de LILLE - Cabinet

 

Monsieur l' INTENDANT DE POLICE de la Région de LILLE.

Lille le 30 mars 1944

Le commissaire divisionnaire

 

 

Rapport de l’ingénieur divisionnaire du 1 avril 1944

 

Le 23 vers 15 h 30 un coup de grisou s’est produit dans la 2 e v.s de Michelle c.s 485 a la suite du percement inopiné dans un montage pris sur la première voie. Les ouvriers Bustin Joseph, Pakocz Joseph, Madzireck Francois, Cuipek Boleslaw ,Cuipek Stanislas brulés grièvement succombèrent a l’hôpital quelques jours .De même Maubert Raymond   atteint de fracture du fémur et du crane .Le jeune Lebacq Félix atteint d’une blessure au genou est hors de danger.

Lors des obsèques des ouvriers ci-dessus ,les 28 et 29 la quasi totalité des ouvriers s’abstient de venir travailler.

Le 27 vers 16 h 30  accident mortel Gorene Francois pris sous un éboulement au montage de la voie S, tète du Pl 1 S Michelle C N 560

 

Rapport de Quinzaine

 

Communication des mines au Préfet du Nord

 

CABINET DU PREFET DU NORD

I4 H 20 -29.3.1944

 

Communication téléphonique du Service des Mine :

 

Une grève a éclaté hier matin, à la fosse 9 des Mines de Dourges.

Les ouvriers ont demande à la maîtrise pour remonter une heure plus tôt, de façon à assister aux obsèques des victimes du coup de grisou du 23. Ils sont partis sans attendre la fin des pourparlers.

30 mineurs seulement sont descendus sur, un groupe de 600 environ.

Aucune descente n'a eu lieu dans l'après-midi. Le poste de l'après-midi ne comprend que 60 à 70 mineurs.

Ce matin.les mineurs sont venus et sont repartis sans, travailler.

Pas d'incident pas de cris, séditieux, tout est  calme

 

 

Photo de Raymond MAUBERT

 

Les temoignages

 

 

Photo Daniel Marir

 

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