MISE AU JOUR DE TOMBES ROMAINES DU 1er SIECLE

                                                                  (Journal Lumière sur la Mine ; mai juin 1952)

 

Le Groupe d’Hénin-Liétard exploite depuis 1921 une briqueterie sur le territoire de Fouquières . On y extrait l’argile nécessaire dans une carrière qui se trouve à la bifurcation de la nouvelle voie qui va du 9/17 de Courrières vers le pont du « Cocorico » et l’embranchement qui se dirige vers le 6 de Courrières .

 

 

 

Il y a quelques semaines, M. TAILLIEZ, surveillant aux Houillères et responsable de la bonne marche de la briqueterie était intrigué par des fragments de poteries de couleurs diverses ramenées par la pelleteuse.

Cela se passait en fin de journée. En se rendant au travail le lendemain matin il constata que dans la soirée on était venu retourner le terrain à l’endroit où l’argile avait déjà été extraite et qu’un certain nombre de fragments de poteries , de débris d’ossements – quelques-uns portant des traces de calcination – jonchaient encore le sol . M. TAILLIEZ prit l’initiative de relever le plan exact des emplacements, au nombre de 9. Il fut très étonné de constater qu’ils se disposaient régulièrement par rangées de trois avec intervalle de trois mètres environ entre eux, deux mètres séparant chaque rangée. Le plan des emplacements relevé et la régularité de leur disposition laissaient présumer que d’autres découvertes restaient à faire dans la partie de la carrière non encore exploitée. Suivant ces données M. TAILLIEZ se munissant d’une espèce de pique-feu sonda la paroi en plan incliné à l’endroit où il pensait trouver quelque chose. Effectivement il sentit au bout de son instrument une résistance et il fit passer outre la pelleteuse à godets.

 

M. TAILLIEZ fit creuser très prudemment à la bêche  et , le terrain dégagé , il vit apparaître une sorte d’urne en terre cuite , blanche avec une anse et un col , deux vases hauts de 30 centimètres environ d’une finesse et d’une légèreté extraordinaires et une assiette en terre grise de 20 centimètres de diamètre environ avec une inscription en son centre . Ces quatre poteries étaient presque intactes. Tout contre l’endroit où elles avaient été trouvées, on dégagea un petit amas d’ossements brisés et calcinés. On se trouvait donc en présence d’une sépulture. En se rapportant au plan c’était le dixième endroit où l’on découvrait ces objets.

 

Grâce à la vigilance accrue de M. TAILLIEZ, deux nouvelles sépultures ont pu être mises à jour. De la onzième, dont le fond se trouve à 80 centimètres de la surface actuelle du sol, huit poteries, certaines intactes, d’autres très endommagées ont été sorties, ainsi que quelques ossements brisés et calcinés. Dans la douzième et dernière à ce jour, neuf de ces ustensiles ont été trouvés. Vous pouvez voir sur la photo B la disposition de ces objets les uns par rapport aux autres, dans la sépulture représentée par le fond blanc.

 

A cause d’une plus grande profondeur et aussi d’un léger changement dans la nature et la couleur du terrain, on a pu repérer les dimensions de cette tombe : 90 cm sur 70 cm ; son orientation, les angles étant approximativement dirigés vers les quatre points cardinaux. Comme le fond était à environ deux mètres de la surface actuelle du sol dans une argile blanche et que la sépulture avait été remplie de terre à briques de couleur jaune plus foncée , la différence était très nette . Avant de commencer à fouiller, on apercevait le goulot d’une grande jarre en terre rouge déjà brisée. Le premier coin entamé fut le coin Nord. S’y trouvaient un petit plat en terre grise de 15 cm de diamètre , contenant un petit pot en terre noire d’aspect vernissé de 8 cm de diamètre et 4 à 5 de haut , intacts tous les deux ( 2 et 3 de la photo B) , un peu plus loin , une autre assiette grise avec deux petits pots noirs identiques ( 4,5,6 photo B) , puis un quatrième identique aux trois premiers (7 photo B) , un vase en terre grise assez épaisse , malheureusement très brisé , mais qui a pu être reconstitué (8 photo B) . Il a 10 cm de haut et 12 cm de diamètre. On a alors pu dégager le grand vase rouge dont on apercevait le goulot . Ce vase était resté vide ; la terre , en raison de l’étroitesse de son orifice n’avait pu pénétrer à l’intérieur au cours des siècles . Malheureusement l’humidité et l’ébranlement provoqué par l’explosion d’obus de la Guerre 1914-1918 et la chute à moins de quinze mètres de bombes de la Guerre 1939-1945 avaient complètement disloqué cette belle pièce en terre rouge . Elle possédait une anse et était enduite d’émail noir à l’intérieur . Dans son état primitif elle mesurait 40 cm de haut environ sur 35 au plus grand diamètre . Sa reconstitution n’est pas encore terminée (1 photo B) . Enfin un vase en terre noire de forme très gracieuse était le dernier trouvé du « mobilier » de cette sépulture ( 9 photo B) .

 

Dans l’angle Ouest étaient rassemblés les ossements . Comme précédemment en petits fragments partiellement calcinés mais indiscutablement ossements humains au dire de Docteurs qui les ont examinés . Ces ossements étaient rassemblés dans une boîte en bois de 30 cm de long , 20 de large et 10 de haut qui avait entièrement disparu , mais dont il restait les clous , évidemment très rouillés , mais parfaitement reconnaissables et auxquels adhéraient de petites parcelles de bois . Comme autre pièce métallique une espèce de force en acier un peu semblable aux ciseaux employés actuellement pour tondre les moutons . Aucune autre pièce métallique n’a été trouvé , ni bijou en bronze , ni pièce de monnaie .

 

         Les archéologues spécialistes qui ont vu ces poteries pensent qu’elles dateraient du début du premier siècle de notre ère . Elles seraient donc contemporaines du règne des empereurs romains Auguste et Tibère et de l’époque où vivait le Christ . Elles auraient été fabriquées par des potiers ayant leurs ateliers en Belgique ou en Hollande , qui imitaient les objets que les Romains conquérants de la Gaule , apportaient dans leurs bagages .

 

 

                   DESCRIPTIF DES POTERIES PHOTOGRAPHIEES

                                                        Compte-rendu de J.M. BASTIEN et P. DEMOLON

                                                                                              Paru en 1981 dans Septentrion

 

Ces poteries ont été photographiés par mes soins à Carvin, au sein des locaux de la Société de recherches historiques de Carvin qui les abrite aujourd’hui . (Ancienne poste de Carvin   25 bis rue du 19 mars 62 - 62220 Carvin )

 
 

TOMBE 10 :

                  

Inventaire 25 : Assiette à surface noire et dégradée, à pâte gris clair . Les bords sont usés . Deux cercles concentriques lissés entourent une marque de potier, ATTONOS .

  

                   Inventaire 27 : Vase en terre noire . Le dégraissant sableux (pate argileuse mélangée avec du sable fin pour éviter que l'argile ne craque a la cuisson ) est très fin . La partie inférieure de la panse est décorée de lignes lissées .

 

                   Inventaire 51 : Cruche à une anse de couleur blanchâtre . Le dégraissant est peu visible sauf quelques grains de chamotte (argile cuite réduite en poussière servant de dégraissant). L’anse quadripartite est noire à cœur .


 

         TOMBE 11 :

 

                   Inventaire 28 : Tonnelet, genre terra rubra, pâte noirâtre à cœur . La cuisson est moyenne . Le décor présente quatre registres séparés par des gorges, de haut en bas : cinq lignes lissées, une bande de guillochis, des lignes lissées irrégulières .

 

                   Inventaire 31 : Tonnelet, genre terra rubra de couleur irrégulière, rouge et noire en surface, qui pourrait être due à un passage au feu . Le dégraissant sableux présente de nombreux grains noirâtres . Le décor composé de deux registres de « pointes de diamants », est limité par des gorges .

 

 

 

         TOMBE 12 :

 

                   Inventaire 29 : Assiette à pâte gris clair et surface dégradée . Deux cercles lissés concentriques entourent une marque peu lisible .

  

                   Inventaire 32 : Urne ovoïde . La surface bien lissée est un peu craquelée . Elle est noirâtre et présente des coups de feu . Une gorge sépare la panse en deux .

 

                   Inventaire 34 : Tasse à surface lissée, dégradée de couleur ocre à noirâtre . La pâte est gris clair . Le dégraissant de sable et charbon de bois est très apparent .

    

                   Inventaire 41 : Urne déformée par un choc avant cuisson . La surface lissée est dégradée par une mauvaise cuisson . Elle est beige à noire, la pâte est beige clair . (C’est une des nombreuses variantes des céramiques non tournées et mal cuites trouvées en sépulture du 1er siècle )

 

                   Inventaire 58 : Assiette à pâte gris clair . La surface plus ou moins noirâtre est dégradée . Deux cercles lissés concentriques entourent une marque peu lisible .

    

                   Inventaire 60 : Cruche à une anse à pâte rouge . Le dégraissant est sableux . L’intérieur est totalement recouvert d’un dépôt noir brillant .

 

Le mobilier de cette tombe semble bien homogène et datable du milieu du 1er siècle .

 

 

         MOBILIER HORS CONTEXTE PROVENANT DE L’ENSEMBLE DES AUTRES TOMBES :

 

                   Inventaire 20 : Tasse en terre noire à surface lissée bien cuite .

    

                   Inventaire 24 : Petite urne genre terra nigra . La surface est noire brillante, le dégraissant est fin .

 

                   Inventaire 26 : Tasse en terra rubra de bonne qualité . Une marque au centre et une croix gravée sur le fond .

    

                   Inventaire 30 : Assiette en terra rubra . Le dégraissant est très fin, le décor est constitué de trois couronnes guillochées . Il y a six trous de réparation groupés deux par deux .

     

                   Inventaire 39 : Terrine non tournée à surface lissée en état médiocre et portant des traces de coup de feu . Le dégraissant est grossier . Il y a un dépôt blanchâtre à l’intérieur .

 

                   Inventaire 40 : Terrine de couleur grise bien cuite . Le dégraissant est à base de sable .

     

                   Inventaire 38 : Urne à surface noire lissée à cuisson irrégulière au fond percé .

 

                   Inventaire 44 : Cruche rouge à une anse, bien cuite . Le col porte des cannelures .

 

                   Inventaire 47 : Grand gobelet genre terra rubra à l’intérieur jaunâtre . La pâte est bleutée . Le fond est percé .

 

                   Inventaire 50 : Patère orangée à couverte dorée au mica . La pâte est rougeâtre . Le fond intérieur est orné de cercles concentriques répartis sur une couronne .

 

                   Inventaire 53 : Cruche à deux anses, qualité très médiocre en pâte blanchâtre .

 

                           

                Inventaire 54 : Cruche à deux anses

 

 

 

+ Quatre tessons ramenés à l’école Jules Ferry en 1952 .

 

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