Roeulx à Escaudain 19 janvier 1920

La fosse de Roeulx à Escaudain en 1920 chute d'une cage :17 morts. Elle fut en activité de 1854 à 1939,puis aérage pour la fosse Schneider de 1946 à 1955.

 

 

Son gisement  penté et tourmenté ,composé de veines minces était réputé pénible et dangereux.
Production totale:8.151.545 tonnes.
Puits n°1:559m remblayé en 1957.
Puits n°2:550m remblayé en 1958.

Daniel Marir

 

Extrait du journal Le refugié du Pas de Calais

Article de l'écho du Nord du 21/01/1920

Une cage est précipitée de 50 mètres de hauteur

Une vingtaine de victimes sont sous les eaux au fond de la mine.

Une terrible catastrophe vient de se produire à la fosse de Roeulx et d'Escaudain.

La fosse de Roeulx avait été remise en extraction le 11 juin dernier. Sa production s'était vite établie à 175 tonnes Elle n'a pu être dépassée à cause de l'insuffisance des moyens d'extraction dont la Compagnie disposait.

La descente et la remonte des ouvriers se faisaient à l'aide d'un treuil de for­tune.

Lundi, vers deux heures et demie, pendant la remonte du personnel, la quatrième cage montante se trouvait à 50 mètres au-dessus de l'accrochage, à 350 mètres de profondeur. La cage descendante était vide. Soudain, l'arbre du tambour du treuil, sur lequel s'enroulent les câbles, se rompit.

La cage montante, qui contenait une vingtaine d'ouvriers tomba dans le vide et disparut sous vingt-huit mètres d'eau dans le puits de l'étage inférieur, à 550 mètres de profondeur.

Le nombre et les noms des victimes ne seront connus que lorsque la remonte des ouvriers, qui s'effectue par les échelles, sera terminée.

Les ingénieurs de la Compagnie et du contrôle sont sur les lieux.

L'émotion est profonde dans la population minière.

 

Article de l'écho du Nord du 22/01/1920

La terrible catastrophe, qui vient d'endeuiller les laborieux petits villages miniers d'Escaudain et de Rœulx, a causé dans toute la région la plus grande émotion.

Depuis un an et plus que la Compagnie des Mines d'Anzin travaillait à la reconstitution de ses puits détruits par les Allemands, aucun accident grave ne s'était produit; ingénieurs, porions, délégués mineurs, vieux et jeunes ouvriers, chacun dans sa sphère, s'employaient avec la plus méticuleuse attention à parer aux accidents toujours possibles dans l’œuvre titanesque de résurrection qu’il fallait accomplir. Et tout à coup un accident inconcevable, dont la possibilité n'était pas un instant venue à la pensée de quiconque a broyé d'un seul coup dix-sept existences ; cette fatalité est d'autant plus cruelle que la machine d'extraction était en place et que l'on n'attendait plus pour l'utiliser à la place du treuil, que l'arrivée du câble : or  ce câble est expédié depuis le 19 novembre.

Les abords du puit sont vides, déserts, lugubres. On pleure dans les corons.

On compte 17 morts

Voici les noms des dix-sept personnes qui ont trouvé la mort dans la catastrophe des mines d'Anzin

MM. Victor Lebon, 54 ans, marié, sans enfant ; Léon Derbomez, 54 ans, marié, 4 enfants ; Charlemagne Drut, 51 ans, marié, 2 enfants ; Paul Théry, 19 ans, célibataire ; Hippolyte Bourez, 51 ans, marié, 2 enfants ; Arthur Lahure, 19 ans, célibataire ; Louis Dévérmy, 19 ans, célibataire ; François Dernoncourt, 42 ans, marié, 2 enfants ; Hippolyte Dubois 31 ans, marié, 2 enfants ; François Bézy. 26 ans, célibataire ; Florent Bézy, 53 ans. Deux fils de ce dernier ont été tués à l'ennemi. De cette famille, il ne reste plus que la mère. Lucien Dhenain, 22 ans, célibataire ; J.B. Denain, 22 ans; célibataire ; Emile Dhénain, 45 ans, marié, 2 enfants : Tous ces malheureux habitaient Escaudain.

MM. Charles Houdart, 47 ans, marié, 8 enfants ; Joseph Monneveu, 26 ans, marié, 1 enfant ; Henri Legrand, 23 ans, célibataire. Tous de Rœulx.

La fosse de Roeulx.

La fosse de Roeulx se trouve à l'extrémité de la commune d'Escaudain. Le cône altier de son terri se dresse au milieu des labours entre les fosses Schneider et Saint-Marck.

Elle avait, comme toutes les autres, été anéantie par les Boches. Ainsi que nous l'avons dit hier, elle avait été remise en extraction le 11 juin dernier et sa production actuelle était de 175 tonnes par jour.

La descente et la remonte des ouvriers et des berlines de charbon se faisaient à l’aide d’un treuil d’une force de 40 chevaux, installé dans un abri provisoire voisin des bâtiments de la machinerie d'extraction, dynamités et réduits en miettes par l'ennemi.

Près de ces bâtiments, dans un baraquement, lui aussi provisoire, est la nouvelle machine d'extraction qui n'attend plus que son câble pour fonctionner, celle-ci a une force de 140 chevaux.

Près du treuil mortel

M. Demandre, ingénieur de la fosse Dutemple, qui est venu coopérer au sauvetage, que nous joignons sur le carreau de la fosse, en même temps que M. Massé, ingénieur du contrôle des mines, qui procède à son enquête, veut bien nous conduire près du treuil et nous donner sur l'accident les renseignements précis que voici : ils corroborent pleinement les premiers renseignements que nous avons publiés hier.

« Il était, nous dit-il en substance, exactement 1 heure 45 ; la remonte des bennes de charbon était terminée et la remonte du personnel était commencée. Quatre cages étalent arrivées au jour sans le moindre incident.

 Les mécaniciens Ernest Lehu et Georges Dubois étaient au treuil : ce dernier graissait lés coussinets du tambour »

 Le chef porion Risbourg était au jour et le porion Velu surveillait la remonte au fond. 

« Tout à coup, l'arbre du treuil, d'un diamètre de 16 centimètres, se rompit. Le tambour libéré tourna fou sans qu'aucune action du frein ne fut possible, le frein agissant sur l'autre-tambour. Le tambour dont l'arbre venait de se briser n'étant plus fixé que par un de ses trois paliers, fatigua celui-ci à l'excès et en provoqua la rupture. 

 A partir de cet instant le câble fut complètement libéré et, sollicité par le poids de la cage, il se déroula totalement.

 Et ce fut la chute terrible dans le vide, de la cage et des dix-sept malheureux qu'elle contenait.

 

Article de l'écho du Nord du 23/01/1920

 

L'abîme rend quatorze cadavres

Ainsi que nous le faisait, prévoir hier M. Risbourg, le chef-porion de la fosse de Roeulx qui a participé à l'organisation du sauvetage avec une inlassable activité, la position exacte de la cage a pu être repérée dans la soirée de mardi et, dans le courant de la nuit de mardi à mercredi, les efforts des sauveteurs ont été couronnés de succès. Un câble, fixé à la machine d'extraction a pu être amarré à la cage et celle-ci a été hissée à la surface. Elle contenait quatorze cadavres, trois des malheureuses victimes étaient donc tombées au fond du puits.

Les corps furent remontés au jour et déposés dans une des salles du carreau.

La reconnaissance des cadavres

Les familles furent ensuite prévenues et il fut procédé à la reconnaissance des cadavres.

Il est impossible de dire le tragique des scènes qui se déroulèrent alors. Les épouses, les mères éplorées se jetèrent sur les corps des êtres chers que la mine leur avait pris, les couvrant de baisers et clamant leur douleur en mots de tendresse. Les personnes présentes ne purent retenir leurs larmes

L'identité des corps retrouvés

Voici les noms des quatorze victimes remontées et reconnues :

Florent Bézy, François Bézy, fils du précédent ; Victor Lebon, Léon Dherbornez, Paul Théry, Louis Devémy, Hippolyte Dubois, Hippolyte Bourez, Lucien Dhénain, Emile Dhénain, J.B Dhénain, tous d'Escaudain ; Charles Houdart, Joseph Monneveu, Henri Legrand, de Roeulx.

Les trois disparus sont Charlemagne Drut, Arthur Lahure et François Dernoncourt.

Les corps sont recherchés et on espère les retrouver avant ce soir

L'enquête

Messieurs Gourdin, ingénieur divisionnaire ; Dernandre, ingénieur, n'ont pas quitté un instant la fosse ,secondant leur personnel. M. Champy, directeur général des Mines d'Anzin, s'est également rendu sur les lieux de la catastrophe et a essayé d'apporter quelques consolations aux familles des malheureuses victimes. MM. Cauwès. Sous-préfet ; Nonon et Delattre, commissaires spéciaux, sont aussi à Escaudain.

M. Massé, ingénieur du contrôle des mines, poursuit son enquête. Des premières données de celle-ci, il parait résulter que rien, dans l'aspect ou dans le fonctionnement du treuil, ne pouvait déceler la possibilité d’une rupture.

 

Article de l'écho du Nord du 24/01/1920

Les funérailles des victimes auront lieu vendredi matin

Mercredi soir, le Conseil municipal d'Escaudain avait fixé à samedi matin les funérailles des victimes de cette catastrophe. Sur l'avis du médecin, cette cérémonie a été avancée de 24 heures. Les funérailles auront donc lieu vendredi, à 10 heures du matin. Le Gouvernement sera représenté à Escaudain par M. Naudin, préfet du Nord, et à Roeulx par M. Cauwès, sous-préfet.

Les 3 derniers cadavres sont retrouvés

Les 4 scaphandriers qui exploraient le «bouniou » ont découvert à 6 heures du soir, et ont ramené à la surface les 3 derniers cadavres des victimes de la catastrophe: Drut, Lahure et Dernoncourt, qui ont été reconnus par les familles. Leurs Obsèques auront lieu aujourd’hui, vendredi, en même temps que celles de leurs 14 camarades.

L'enquête

Jeudi matin, M. Masse, ingénieur du contrôle, et les techniciens commis par le ministère de la reconstitution et le juge d'instruction, ont continué leur enquête. La partie brisée du treuil a été enveloppée de toile, placée sous scellés et transportée aux chantiers de la Compagnie des mines d’Anzin, où une rondelle de l'arbre rompu sera sciée et envoyée au ministère aux fins d'analyse.

M. Gourdin, ingénieur divisionnaire, interviewé, sans être affirmatif, m'a déclaré : Je crois qu'il a pu se produire pour le treuil ce que l'on constate souvent pour les poutres de pont ; par suite des vibrations, l'acier cesse d'être fibreux et devient granuleux, les molécules se désagrègent ce qui peut provoquer une rupture.

D'autre part, le délégué-mineur Bizet qui dès les premières minutes, a procédé aux constatations et participé à l'organisation des secours a adressé le rapport suivant au préfet du Nord :

 Monsieur le Préfet du Nord, étant présent pour la remonte des ouvriers du poste du matin et à la descente du poste de l'après-midi, au moment de l'accident, je me suis empressé de descendre par les échelles pour commencer mon enquête.

Arrivé à l'étage de 353 mètres, lieu du départ de la cage, j'ai vu que le plancher avait cédé par suite du choc de la cage et que cette dernière était partie dans le vide ; elle avait disparu dans le « bouniou » à une profondeur de 550 mètres.

J'ai de suite interpellé le chargeur d'accrochage pour savoir à quelle hauteur la cage pouvait être montée avant la chute.

A 30 ou 40 mètres, me dit-il.

Combien y avait-il d'ouvriers dans la cage ? ai-je demandé.

Je ne puis l'affirmer, me répondit-il.

As-tu entendu crier ?

Pas un mot.

Déjà des ouvriers, Emile Canivet et Arthur Clabecq, étaient descendus jusqu'à l'eau. Je les interrogeai. Ils me firent cette réponse : On ne voit plus la cage, ni le câble. On ne voit que des débris du plancher qui flottent au-dessus de l'eau. »

Je suis remonté au jour par les échelles. Arrivé vers 4 heures 1/4, je me suis dirigé vers le treuil de fortune ; j'ai trouvé l'arbre du tambour sur lequel le câble s'enroulait, cassé net comme si on l'avait scié. -

 J'ai 'interrogé les mécaniciens Ernest Lehut et Georges Dubois, afin de savoir s'ils n'avaient constaté aucune trace de fêlure. Ils m'ont affirmé que non. Moi-même j'avais encore vu le matin même le câble s'enrouler plusieurs fois parce que j'avais entendu dire par des ouvriers que ce câble était en mauvais état ; mais je n'avais absolument rien remarqué. Le mécanicien m'a affirmé que le cordier l'avait encore visité le 17 de ce mois et qu'il l'avait garanti.

D'un autre côté j'avais entendu beaucoup de plaintes des ouvriers au sujet qu'il n'y avait pas de parachute avec griffes aux cages, je l'avais signalé au contrôle des mines qui m'a fait la réponse suivante : Que voulez-vous. Monsieur Bizet, c'est un treuil de fortune, l'Etat autorise l'exploitation, nous ne pouvons rien y changer. »

J'estime que s'il y avait eu un parachute, la chute aurait pu s'amortir par une prise de griffes.

Par conséquent, je dégage ma responsabilité et je ne peux attribuer la responsabilité de cet accident qu'à l'Etat ou à l’exploitant.

Signé : BIZET.

 

Article de l'écho du Nord du 25/01/1920

 

Escaudain et Rœulx enterrent leurs morts

Les funérailles des dix-sept victimes de la catastrophe de Rœulx ont eu lieu vendredi, à 10 heures du matin, à Escaudain et à Rœulx.

Elles ont donné lieu dans ces deux commu­nes à une imposante et émouvante manifesta­tion, à laquelle ont pris part, à côté des re­présentants du Gouvernement et de la Compa­gnie des mines d'Anzin, toute la population et de nombreuses délégations des organisations ouvrières et Associations de la région.

A ESCAUDAIN

Toute la commune est en deuil. Dès huit heures du matin, c'est par les corons, le lu­gubre défilé des corbillards, la levée des corps, leur transport à l'église, suivis des familles éplorées et des amis de chacun. La Musique les conduit, jouant des marches funèbres. Au passage, sur la place, ils sont salués par la foule et par les autorités assemblées devant la Mairie, que drapent des tentures de deuil.

Le ministère du travail et le département sont représentés

Il y a la MM. Naudin, préfet du Nord. Dougados, inspecteur général des mines au minis­tère du Travail, Hacquet, maire ; Dernoncourt et Lecat adjoints, et les membres du Conseil municipal, Rémy, Pierre Delcourt, Blemant, Debève, conseillers généraux ;Fréalle conseiller d'arrondissement ; Mélin, ancien député ; Champy, directeur général de la Compagnie des mines d'Anzin ; Rossy secrétaire du Syndicat des mineurs du bassin d'Anzin ; Mailly, représentant le Syndicat du Pas-de-Calais , Bizet, délégué-mineur de la fosse de Roeulx, etc., etc.

Au fur et à mesure de leur arrivée à l'église, les cercueils, voilés de noir ou de bleu sont déposés côte à côte dans la nef tendue de noir entre une double haie ardente de cierges

A l'issue de l'office le cortège se forme et gagne le cimetière.

En tête, derrière la croix, viennent : les en­fants des écoles et les Membres du corps enseignant avec couronne, les sociétés de se­cours mutuels « La Fraternelle » et des mi­neurs d'Abscon, avec bannière ; la couronne de la Brasserie coopérative ; les Combattants les Poilus et leurs drapeaux, la Chambre syndicale des mineurs du bassin d'Anzin avec drapeau et couronne, la couronne du Conseil municipal, la couronne de la Compa­gnie des mines d'Anzin, les sapeurs-pompiers et leur drapeau, l'Orphéon et la Fanfare municipale d'Escaudain.

Et c'est la longue et tragique file des quatorze corbillards, précédés des couronnes of­fertes par les familles et les amis, et suivis de ceux-ci, et dans lesquels reposent Emile Dhénain, Hippolyte Dubois, Paul Théry, Charlemagne Drut, Léon Derbornez, Hippolyte Bourez, Arthur Lahure. Louis Devermy, J.B Dhénain, Victor Lebon, Florent Bezy père, François Bezy son fils, François Dernoncourt et Lucien Dhénain.

Au cimetière sur les quatorze tombes ouvertes, des discours émouvants sont prononcés et par MM. Naudin, préfet du Nord ;  Hacquet, maire ; Champy, directeur de la Com­pagnie des mines d'Anzin ; Rémy, conseiller général ; Fréalle, conseiller d'arrondissement, Bizet, délégué mineur de la fosse de Rœulx , Rossy, secrétaire du syndicat des mireurs du bassin d'Anzin du syndicat du Pas de Calais, Troquené, de l'Union des syndicats, Dupont, président de la Mutuelle, de la Musique et de l'Orphéon.

DISCOURS DE M. NAUDIM, Préfet du Nord ‑

Messieurs,

Ce n'était donc pas assez de pénibles souffrances... et fallait-il encore qu'après la lamentable catastrophe de Douai encore présente à notre mémoire, ces vaillantes populations minières fussent aussi plongées dans le deuil et dans le malheur

La mort fauche sans répit partout les travailleurs de la mine. Brutale et mauvaise elle était déjà pas­sée plusieurs fois dans cette région, emportant à Courrières, à la Clarence... une moisson telle que pour longtemps on pouvait la croire assouvie. Et voilà que dans cette période d'après-guerre, alors que tous de retour de la bataille aspiraient à, une existence de travail opiniâtre mais de calme et de tranquillité, elle est revenue inexorable et sournoi­se fauchant les meilleurs et les plus vaillants d'en­tre vous.

Le nouveau sinistre se répandit aussitôt, et mal­gré tout l'héroïque dévouement des- sauveteurs, la­ mine n'a rendu du petit galibot, qui partait le ma­tin une chanson aux lèvres ; de l'époux et du père dans la fleur de l'âge, du vieux mineur courbé, sous l'effort par des années de labeur, que des cadavres tordus et pitoyables. Et c'est, à peine si la mère et la fille et la sœur pourraient, trouver sur le visage altéré, la place de leur dernier baiser.

Mort affreuse ! Mort imméritée, était-ce donc là, la récompense d'une vie entière de travail et d’honneur. ?

Nous avons parcouru mardi ces corons d’ordinaire pleins de vie et d'animation et, sur lesquels sem­blait avoir soufflé le vent sinistre du malheur. Pauvres parents, pauvres épouses, pauvres femmes stoïques pendant les longues heures de la guerre et qui avaient le droit de croire à la fin de leurs souffrances, nous nous inclinons bas devant la dépouille mortelle de ces vaillants du prolétariat minier, source pure d'énergie et de fierté dont s’honore la République...

Escaudain et Rœulx, villes sœurs dans l'infortune comme dans le travail de chaque jour, vous ne vous laisserez pas aller au découragement. Devant la mort, serrons les rangs et si un moment nous courbons sous la violence de l’orage qui passe, nous la relèverons aussitôt et nous regarderons devant nous. Le devoir est toujours le même et vous en connaissez pleinement l’impérieuse voix

 

DISCOURS DE M. CHAMPY, DIRECTEUR DES MINES D’ANZIN

Nos fidèles ouvriers étaient revenus se grouper autour de leurs chefs pour travailler à la reconquête de la mine détruite. Ils se donnaient à cette tâche avec un entrain, avec un cœur, qui nous inspiraient la plus légitime confiance dans l'avenir. Nos ruines se relevaient à la surface, et celles moins apparentes, mais infiniment plus graves, des travaux souterrains, s'effaçaient peu à peu devant un labeur incessant... J’en attribuais le mérite de ces traditions de la Compagnie qui ont fait son honneur et sa force ; imprégnés de ces traditions, les surveillants de grisou s'étaient remis à dépister l'ennemi que de nombreux éboulements abritaient sournoisement, les surveillants des câbles et des appareils de circulation avaient repris l’accomplissement des minutieuses vérifications que ces engins nécessitent leurs ingénieurs et chefs de tous ordres les contrôlaient et les encourageaient. Nous étions légitimement fiers d'avoir, en un an, regagné sans secousse plus du quart de notre extraction ancienne et réoccupé la moitié de notre personnel.

Et voilà que subitement le malheur s'appesantit sur la grande famille d'Anzin… Ils remontaient une fois leur journée accomplie... Certains avaient échappé aux dangers de la guerre. Ils conservaient cette allure conquérante, cette satisfaction profonde du soldat vainqueur. Et, ils combattaient encore, ils le sentaient bien, contre le charbon toujours dur, contre eux-mêmes, hâter le retour de la France à sa prospérité passée, pour abaisser le prix de la vie. Tous luttaient, pour eux-mêmes certes, mais aussi pour les autres....

 ARŒULX

Dès neuf heures lorsque nous arrivons, la place est déjà noire de monde.

M. Clément, conseiller général, maire, entouré de son Conseil municipal, prend les dernières dispositions en vue des funérailles. L’ancienne mairie est ornée de tentures.

A 9 heures et demie, arrivent MM. G. Cauwes sous-préfet et Pigeanne, capitaine-commandant les brigades de gendarmerie de l'arrondissement. Le sous-préfet, entouré des membres de la municipalité, se rend aux domiciles des victimes où il présente, au nom du Gouvernement, ses condoléances.

Le départ

A 10 heures, le cortège se met en route et part de la rue de la Chapelle. En tête, se trouvaient les bannières de la Société de secours mutuels, des mineurs de Saint-Vaast-là-Haut, de la Fanfare communale de Douchy.

De nombreuses couronnes avaient été offertes par le Conseil municipal, la. Compagnie des mines, la Chambre syndicale des mineurs du bassin d'Anzin, les familles, etc.

Dans la nombreuse assistance, qui précédait la Fanfare de Douchy, qui, durant le trajet, exécuta des marches funèbres, se trouvaient MM. G. Cauwes, sous-préfet : Clément, maire ; Mercier, adjoint ; tout le Conseil municipal au complet, Dupriez. Maire de Lourches, conseiller d’arrondissement ; des délégations des Poilus et de la Société de secours mutuels, des sapeurs-pompiers, MM. Consille, capitaine des pompiers. Courtina, Haillet, ingénieurs en chef, Ansar ingénieur principal du matériel, représentant la Compagnie des mines d'Anzin.

Après la cérémonie religieuse, les corps furent transportés au cimetière où des discours prononcés par MM. G. Cauwes sous-préfet au nom du Gouvernement, Clément, conseiller général maire, au nom de la municipalité, Courtinat, ingénieur au nom de la Compagnie d'Anzin ,Pellion, au nom du Syndicat des mineurs d'Anzin ; Mercier, au nom de la Ligue des Poilus ; François Charles en son nom personnel

Discours DE M. COURTINAT, INGENIEUR EN CHEF DU FOND

C’est avec une profonde émotion, une tristesse indicible que je viens, au nom de la Compagnie d'Anzin, apporter un suprême témoignage de sympathie à ses bons ouvriers victime de leur devoir professionnel dans le terrible accident du 19 janvier à la fosse de Rœulx.

Après cette cruelle guerre, après 5 années de souffrances physiques et de tortures notre population minière avait hâte de retrouver sa vie d’autrefois, Tous les- membres de cette grande famille, la Compagnie d'Anzin, travaillaient avec une louable ardeur à cette tache de reconstruction...

En face d'un pareil désastre, on reste sans voix pour clamer sa douleur, sans force pour réagir et, cependant, il faut réparer, il faut vivre. Où puiser l'énergie nécessaire à cette tâche, noble entre toutes, sinon dans l'exemple que nous ont laissé ces braves tombés sur le champ de bataille du travail. Nous trouvons en Charles-Louis Houdart le modèle des pères, son abnégation n'a d'égale que son courage dans l'adversité : il élève une famille de huit enfants, la mère disparait brusquement, emportée par un mal étrange encore mal défini il n'y a pas de place dans cette maison pour le découragement, on luttera encore, on luttera toujours contre le malheur.

Voulez-vous un modèle d'époux en même temps qu’un exemple de courage militaire, Joseph Monneuveux  le brillant et robuste garçon au regard franc a la figure ouverte, va se lever de son cercueil et vous montrant sa croix de guerre, répondra « présent »

Enfin voilà faut-il un modèle de fils voici Henri Legrand suivant dans la tombe son père et son oncle, comme il les avait suivis dans le chemin de l'honneur, du devoir et du travail

 

 

Acte de décès Nom Prenom Age  Date de naissance lieux  Père Mere Epouse
Escaudin 1920\bezy francois.JPG Bézy François 26 ans 29/1/1893 Escaudain François Florent Wattelet Zina  
Escaudin 1920\bezy francois florent.JPG Bézy  Francois Florent 53 ans 20/3/1867 Noyelles sur selle Florent Donnaint Rosalie Wattelet Zina
Escaudin 1920\bourez hyppolyte.JPG Bourez      Hyppolyte 52 ans 25/10/1868 Escaudain Henri Dupont Odile Tombal Angèle
Escaudin 1920\derbomez leon.JPG Derbomez Léon 54 ans 11/3/1866 Escaudain François Bourez Virginie Lacquement Marie
Escaudin 1920\dernoncourt francois.JPG Dernoncourt François 42 ans 30/11/1877 Escaudain François Demailly Marie Joseph Chatteau Céline
Escaudin 1920\devemy louis.JPG Dévémy Louis 19 ans 07/09/1900 Escaudain Louis Moniez Marie Victoire
Escaudin 1920\dhenain jean baptiste.JPG Dhenain Jean-Baptiste 22 ans 12/12/1897 Escaudain Louis Boduain Rosalie  
Escaudin 1920\dhenain lucien.JPG Dhenain Lucien 22 ans 23/3/1897 Escaudain Lucien Bourez Clémence  
Escaudin 1920\dhenain emile.JPG Dhenain Émile 44 ans 3/2/1875 Escaudain Constant Bom Isabelle Bizet Julia
Escaudin 1920\drut charlemagne.JPG Drut Charlemage 51 ans 30/3/1868 Escaudain Henri Baligaud Nathalie Dewailly Elisabeth
Escaudin 1920\dubois hyppolyte.JPG Dubois Hippolyte 31 ans 4/8/1888 Escaudain Constant Sénéchal Eugenie  Maréchal Appoline
Escaudin 1920\houdart charles.JPG Houdart Charles Louis 47 ans 10/2/1872 Roeulx Henri Joseph Bejat Francoise Lauchart Marie Louise
Escaudin 1920\lahure arthur.JPG Lahure Arthur François 19 ans 11/01/1901 Escaudain Honoré Sénéchal Sophie  
Escaudin 1920\lebon victor.JPG Lebon Victor 54 ans 27/4/1865 Escaudain Jean Baptiste Zoé Palmire Bridoux Velu Coralie
Escaudin 1920\legrand henri.JPG Legrand Henri joseph 23 ans 8/1/1896 Roeulx Henri Maille Adélaîde  
Escaudin 1920\monneuveux pierre.JPG Monneveux Pierre Joseph 29 ans 25/11/1893 Neuville sur Escaut Alexandre Occulisse Philomene Berly Louise
Escaudin 1920\they paul.JPG Théry Paul 19 ans 10/11/1900 Escaudain Paul Lefebvre Odile  

 

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