LIEVIN  (27 décembre 1974)

 

Extrait de catastrophe et accidents collectifs d'Henri Bourdon

NOEL 1974. Du soleil, un petit vent froid : Noël au balcon !

Les travailleurs de la mine bénéficient d'une sorte de week-end prolongé : cinq jours sans descendre dans les entrailles de la terre ! Un long repos !

Dans les familles, c'est fête : cadeaux, réjouissances apportent la joie dans les foyers. Et plus encore, dans les familles polonaises, car le lendemain c'est la Saint Etienne, la fête nationale.

Vendredi 27 décembre, il faut se remettre au travail. Pour deux jours seulement ! Et les mineurs affectés au poste du matin de se rendre à leur puits respectif, encore tout à la joie des jours qu'ils viennent de vivre.

A la Direction Générale des H.B.N.P.C. où je suis employé, soudain, en début de matinée, un bruit court : un accident se serait produit dans une mine de l'ancien groupe de LENS ­LIEVIN, et il y aurait 7 morts.

Dans le courant de la journée, la nouvelle est confirmée. Plus grave, au fil des heures, la liste des victimes s'allonge. La corporation minière est encore une fois durement touchée 42 morts, 5 blessés. Un bilan lourd, très lourd.

Mon second livre, « BILLY-MONTIGNY au cœur de la catastrophe minière de 1906 », était sorti des presses le 14 décembre, quelques jours avant ce nouveau drame de la mine.

Triste coïncidence.

Encore très imprégné de mes recherches, de mon travail, je revois, je revis les scènes qui se sont déroulées en 1906, je devine l'angoisse des familles dont l'un des membres est descendu dans la fosse tragique, je ressens la douleur des familles déchirées. Hier, c'était Noël et la joie ; aujourd'hui, c'est la Mort et des pleurs.

J'ouvre mon quotidien, j'en tourne les pages, je le referme, le plie et le range : mon esprit se refuse à vivre un nouveau drame. Mes yeux ne supportent pas les visages douloureux que m'apporte la télévision, mes oreilles restent sourdes aux commentateurs. Je suis traumatisé.

Assister le 31 décembre à la cérémonie officielle des funérailles, n'est-ce cependant pas un devoir pour moi ? En souvenir de la catastrophe de Courrières que j'ai vécue.

Le matin, je me lève, chancelant. Mon être ne peut supporter l'émotion qui l'étreint. Je sens venir l'infarctus. Je me couche. Je sombre dans une sorte d'inconscience. Vite, le médecin.

Triste Nouvel An.

Quelques mois plus tard seulement, en vacances, je prends connaissance du drame de Liévin en lisant le No 67 de « RELAIS », magazine mensuel de l'entreprise. Une lecture, avec un calme apparent.

 

Photo Daniel Marir

 

Dans le quartier « Six-Sillons » de la fosse 3 de Lens, des mineurs préparent l'exploitation d'une veine de charbon.

Une explosion ravage le quartier. C'est la plus grande catastrophe dans le Bassin minier depuis la Libération.

De nombreuses personnalités viennent s'incliner devant les corps des victimes rassemblées dans l'un des bâtiments de la fosse. Des témoignages de sympathie affluent de toutes parts. En exergue, le télégramme du Président de la République Valéry Giscard d'Estaing au Président du Conseil d'Administration des Charbonnages de France Jean Mattéoli, et celui du Cardinal Jean Villot, au nom de sa sainteté le pape Paul VI, à l'évêque d'Arras, Monseigneur Huyghe.

Avec un peu de recul, je ne souffre plus de la catas­trophe. Me frappent surtout certaines paroles prononcées au cours des obsèques.

• M. Cerjak, délégué mineur de la fosse 3, parlant au nom de toutes les organisations syndicales du Bassin, s'interroge sur les conditions de sécurité dans les mines

• « La réglementation actuelle est-elle suffisante, les connaissances et les mesures de sécurité sont-elles suffisamment développées ? ... Nous devons mobiliser toutes les énergies, toutes les ressources nécessaires pour que ce dur et noble métier de mineur puisse s'accomplir dans le respect absolu de la personne humaine, pour que, plus jamais, les mineurs ne soient victimes de ce que certains appellent la fatalité ».

• M. Darras, Député-maire de Liévin, Conseiller Général du Pas-de-Calais, parle au nom des élus de toutes les communes minières ; il déclare notamment

« Il ne faut plus que, pour un mineur, gagner sa vie soit aussi affronter la mort ... ».

• M. Chirac, Premier Ministre, donne aux mineurs une assurance, celle que « toute la lumière serait faite sur les conditions dans lesquelles la catastrophe de la fosse 3 s'est produite et que toutes les conséquences en seront tirées ».

Au crépuscule des Houillères, qui aurait pensé que surviendraient encore des catastrophes minières ? ... Et d'aucuns de se demander si en la circonstance toutes les règles de sécurité ont bien été observées.

Evoquer la sécurité dans les mines, c'est réveiller en moi une tranche de vie exceptionnelle.. .

Après quelques années de service au centre d'apprentissage minier de Fouquières-lez-Lens, je prends conscience des conditions de travail des mineurs. Rien à faire pour changer quoi que ce soit, me dit-on de partout. Qu'à cela ne tienne, mon devoir est d'alerter l'opinion publique. Comment? Par la publication, en désespoir de cause, d'une étude sur les problèmes miniers : « LA MINE SE MEURT ou LES RAISONS D'ETRE DU COMMUNISME DANS LES MINES » étude commencée en octobre 1956. Une expérience invraisemblable ! .. .

En un premier temps, je recherche la médiation de l'Institut des Sciences Sociales et Politiques des Facultés Catholiques de Lille dont le Directeur est bien introduit dans la sphère dirigeante du Groupe d'exploitation dont je dépends. Mon étude est confiée à un ingénieur, puis à un missionnaire diocésain ; le premier doute de la véracité des faits rapportés, le second acquiesce. Résultat final : une offre de promotion .; mais, en contrepartie, j'abandonne mes travaux. Je ne donne pas suite c'est le tournant de ma vie...

J'interviens auprès de la Direction régionale des Houillères : on me répond par le silence. . . Je frappe à la porte de la Médecine du travail qui me met entre les mains d'un psychologue... lequel m'oriente vers le Chef du Service régional de la Formation professionnelle » ...

En janvier 1959, j'écris au préfet, le représentant du Gouvernement dans le département. Je lui présente mon étude, mes objectifs, et j'ajoute : « Je suis passible des peines les plus graves en abusant de vous ». J'ai conscience d'avoir pris alors une décision très grave. Sans doute la plus grave de ma vie. J'attends encore la réponse...

Fin janvier, je me rends au no 134 du boulevard Haussmann à Paris. Une cour, un escalier, et me voilà dans les locaux d'Europe no 1. . . J'émets le vœu de faire entrer la condition minière dans le cadre de l'émission : VOUS ETES FORMIDABLES... Je me retrouve dans la rue, attristé : la station ne jouit pas d'une réelle liberté quant aux émissions de ce genre...

J'écris au Directeur de mon Groupe d'exploitation qui m'accorde une entrevue le 10 février. Il veut bien discuter des problèmes qui se posent dans son Groupe - si problèmes il y a, précise-t-il, - mais en présence des Chefs de Service intéressés ; j'élude cette entrevue : où règne le mensonge, la vérité paraît mensonge ; j'aurais été ridiculisé...

« Pas de politique nationale sans justice sociale » proclame le parti socialiste. Début février, j'adresse mon étude sur la mine au député socialiste de ma circonscription, après y avoir glissé une copie de ma lettre au préfet. Il va en causer avec une personnalité politique de son groupe, et me tiendra informé de la réponse ; il craint cependant que de sérieuses difficultés n'empêchent l'aboutissement de mon engagement... Le 15 juillet, je me rappellerai à son souvenir. Pas de réponse...

Aurai-je plus de chances auprès du quotidien catholique auquel je suis abonné? «Je ne dois pas attendre grand-chose des journaux, faute de place et d'argent »...

Mai 1959, licencié en droit, je propose mes services à la C.F.T.C. par l'intermédiaire d'un permanent syndical que je connais bien. Il remet mon étude au Secrétaire général, ancien mineur. On refuse mes services ; et le Secrétaire général ne tient pas à me recevoir.. .

Que de démarches encore ! Avant que ne se déclenche dans le bassin minier une grève de plusieurs semaines : l'occasion pour moi de tenter un ultime recours... en 1963 !

Début mars, j'écris en effet à la première dame de France, lui donnant mon point de vue sur la grève et les problèmes miniers, joignant à ma lettre une liste de mes interventions les plus importantes et une table des matières du manuscrit « LA MINE SE MEURT ». Le samedi 30 mars, je reçois, le cœur battant, une lettre dont l'enveloppe porte l'en-tête : Président de la République. Le Secrétariat particulier du Général de Gaulle m'invite à soumettre mon travail au Ministre de l'Industrie, ce que je fais sur le champ... Le 1er octobre, je me rappelle au souvenir de ce dernier. Quinze jours plus tard, le Directeur des Mines du Ministère de l'Industrie me retourne les deux classeurs contenant mon « étude sur les problèmes humains dans la mine » qui, précise-t-il, a retenu toute son attention.

Dans cette étude, comment se présente la sécurité dans les mines ?

Moniteur dans un centre d'apprentissage, j'étais chargé de divers enseignements, cours de technologie minière entre autres, et partant de sécurité. A l'occasion de ces cours, mes jeunes apprentis mineurs m'ont fait découvrir le vrai visage de la mine.

Que m'ont-ils appris sur leurs conditions de travail, et celles des mineurs ?

• La sécurité commande de travailler avec des gants spéciaux et de porter des chaussures renforcées : mais quelles difficultés pour en avoir ou les remplacer ! Ainsi que pour obtenir des bottes parfois indispensables dans des secteurs gorgés d'eau.

• Machiniste préposé aux manœuvres dans les plans inclinés qui relient deux galeries à des niveaux différents, c'est un emploi réservé en général aux galibots. La plupart travaillent dans une insécurité quasi permanente, et ne comptent plus les accidents matériels. Existait-il un plan incliné sur dix en état de marche réglementaire ? Et comment remédier à la situation ? Les moyens sont quasi inexistants : manque de matériel, manque de personnel disponible.

• Nettoyer des motrices sans garde-corps, s'engouffrer dans des buses inclinées pour débloquer le charbon, ce sont des situations que certains jeunes connaissent. L'un d'eux n'a­-t-il pas été coincé contre la paroi intérieure d'une buse par le charbon qui redescendait ?

Futurs abatteurs de charbon, que découvrent-ils ?

• Le matériel de soutènement en taille n'est pas toujours livré en quantité suffisante, ni adapté au lieu de travail travailler « à découvert », sans sécurité, c'est ce qui les attend parfois. Inversement, s'ils veulent gagner de belles journées, ils seront amenés à négliger l'étaiement de la taille, les « prix de tâche » étant peu élevés.

• Dans une taille, on utilise des explosifs pour faire sauter des roches afin de réaliser le programme de production imposé. Avant le « tir », on obligeait tous les ouvriers à sortir de la taille ; mais, petit à petit, comme il ne se passait rien de bien grave, on en est arrivé à faire sauter les mines en éloignant seulement les ouvriers les plus proches du lieu de l'explosion, les installations restant même en marche. Une rupture de tuyauterie à air comprimé accompagnée d'un dégagement de poussière au moment de l'explosion, c'est la mort de tous les abatteurs du chantier ; l'agent de maîtrise en est conscient : on joue avec la chance. Ou avec la mort ? ...

• Au pied d'une autre taille, des mineurs se préparent à « riper » la tête motrice. Arrive l'ingénieur : « Vous n'allez tout de même pas riper sans renforcer le boisage ? » - Le porion : « Vous voulez du charbon ? » - L'ingénieur : « Bien sûr ! » - Le porion : « Allez faire un tour à la tête de la taille et revenez dans un quart d'heure ». Ce que fait l'ingénieur, et quand il revient tout est prêt. L'opération nécessitait réglementairement une heure de travail : pour l'ingénieur, c'était quinze « balles » de charbon perdues ; et pour les ouvriers, de l'argent en moins le jour de paie .. .

Pour nous permettre, à mes collègues et à moi-même, de rendre notre enseignement plus vivant, plus efficace (?), nos supérieurs avaient décidé de nous faire descendre régulièrement dans les différentes fosses du Groupe et nous avaient demandé de rédiger un rapport après chaque descente. Les descentes, à vrai dire, furent rares : nos rapports révélaient que nous voyions trop clair ? ... Et de me souvenir que l'un n'est pas passé.

Au cours de ces descentes « sans œillères », qu'ai-je donc vu notamment ?

• Au fond de la mine, des portes dites d'aérage canalisent l'air nécessaire à la respiration des hommes et à l'évacuation de l'air vicié ; elles doivent toujours être dans la position fermée. Lors d'une visite, j'ai rencontré successivement : deux portes ouvertes, manifestement bloquées et sans raison apparente ; puis une troisième normalement ouverte et une quatrième qui ne pouvait être refermée complètement ...

• Le règlement interdit de monter sur des convoyeurs à bande en marche. C'est pourtant un moyen de locomotion utilisé, même par les agents de maîtrise ...

• Des bois frottent contre des convoyeurs en marche; ce serait un procédé pour recentrer une bande transporteuse. Il y a perte d'énergie, mais surtout risque d'incendie par échauffement ...

• Les convoyeurs doivent être maintenus en constant état de propreté. Que dire de cette bande transporteuse découverte au cours de mes pérégrinations ? Une bande qui glissait sur une telle couche de poussière de charbon qu'on se demandait s'il existait des rouleaux. Là encore, risque d'incendie par échauffement, ce qui venait d'ailleurs de se produire dans une fosse voisine ...

• Lors de la traversée d'une taille « demi-dressant », avec obligation de passer par le foudroyage - ce qui est interdit -, j'ai relevé huit infractions au règlement ...

• Dans une taille à convoyeur blindé, le sifflet de sécurité avait été remplacé par un flexible amenant l'air comprimé à un marteau-piqueur : un « producteur » supplémentaire. A quoi sert un tel sifflet ? A demander l'arrêt immédiat du convoyeur en cas de danger ou d'accident. Qu'un étançon se déclenche, aille dans le convoyeur, s'y bloque ou arrache en passant d'autres étançons, combien de morts avant qu'on ne réalise qu'il faille stopper l'installation ? ...

• Le foudroyage en taille est une opération qui consiste à combler le vide laissé par l'exploitation du charbon en provoquant un éboulement par la récupération des étançons. C'est une opération délicate, impressionnante. Et parfois un véritable défi à la mort comme dans cette taille que j'ai traversée une nuit en quatrième vitesse. La première équipe de foudroyeurs avait enlevé six étançons, n'en laissant qu'une seule ligne pour maintenir un toit peu solide ; la deuxième équipe avait agi de même et la troisième en avait enlevé un de plus ! Pour en finir plus vite avec le travail ... Ou avec la vie ? ...

• A l'occasion du creusement d'une galerie, j'ai découvert l'existence de deux plans de tir : l'un officiel, l'autre réel. Revenu « à fronts » après l'explosion des mines, le soutènement provisoire m'est apparu bien démantibulé : mettre plus de dynamite qu'il ne le faut ne serait pas rare ... Et de comprendre que des ouvriers répugnent à être boutefeux. Peuvent-ils accomplir leur tâche dans des conditions réglementaires ? ...

• Comment remettre une haveuse sur rails ? On la relie à un étançon par une chaîne et on la met en marche. Un bruit de ferraille sinistre, un tremblement de terre, et la machine est de nouveau prête à fonctionner. Des étançons se sont en partie affaissés, des rallonges articulées ont sauté. Il y aurait pu avoir mort d'homme : la mienne ... L'opération est interdite ; mais il faut du charbon, et c'est le procédé le plus rapide.

Devant ces faits, comment réagissent les apprentis et leurs moniteurs ?

Pour la plupart des jeunes, les règles de sécurité apprises au centre d'apprentissage ne peuvent en général être appliquées au travail. La réponse des agents de maîtrise à leurs protestations ? « Ici, tu n'es pas à l'école, tu es à la fosse ! ». Il leur faut donc travailler dans l'insécurité avec les moyens du bord, il leur faut obéir aux ordres même contraires au règlement. Sous peine de sanctions : amende, emploi pénible !

Quant aux moniteurs, face à cette situation souvent signalée avec révolte par leurs élèves, ils enseignent avec moins de conviction. Pis, à la suite de leurs descentes au fond de la mine, ils perdent la « foi » dans leur enseignement. « Voici ce que prescrit le règlement général ; au travail, tu feras ce que tu pourras ! ». La mine détruit l'enseignement donné au centre d'apprentissage.

Et certains galibots, plus évolués, de conclure : « Si l'on appliquait à la fosse ce qui nous est enseigné au cours de notre apprentissage, beaucoup de jeunes s'embaucheraient aux Houillères, et l'on serait même obligé de les sélectionner ! ».

Du 20 avril au 2 mai 1958, le quotidien « LA VOIX DU NORD » publie une enquête du journaliste Georges Ras sous le titre : « Un monde à part : les mineurs du fond ». Que découvre-t-il notamment ? Avec la modernisation, ouvriers, agents de maîtrise et ingénieurs paraissent obsédés par la cadence et le programme... Une réflexion maintes fois entendue de la bouche des ouvriers le trouble : « SI ON RESPECTAIT TOUJOURS TOUTES LES CONSIGNES DE SECURITE, ON NE PRODUIRAIT PLUS »...

En cas d'accident grave ayant entraîné la mort ou des blessures graves, la loi donne mission aux Ingénieurs du Service des Mines, service administratif dépendant de l'Etat, de procéder à une enquête complète dont ils communiquent les résultats au Procureur de la République et au Ministre chargé des mines.

 

Le Procureur de la République - ou Parquet - peut de son côté saisir le juge d'Instruction qui, s'il l'estime nécessaire, ordonne une expertise judiciaire.

Après la catastrophe minière de Liévin, le Parquet décide d'ouvrir une information. Liévin se trouve située dans la circonscription de Béthune. Qui sera chargé d'enquêter? Le juge d'instruction Henri PASCAL, qui était de permanence le jour de la catastrophe. Un juge connu de la France entière!

Henri Pascal, c'est l'affaire de Bruay-en-Artois. Une fille de mineur, Brigitte Dewèvre, retrouvée morte le 5 avril 1972, assassinée. Le corps gisant dans un terrain vague situé entre une villa et des maisons de corons. La villa de l'amie d'un notaire. Le juge Pascal inculpe et fait incarcérer le notaire. Trois mois plus tard, il inculpe son amie pour complicité. Le notaire est membre d'un Rotary-Club dont sont membres également des personnalités des Houillères, et son premier avocat. Un Comité de soutien du juge Pascal est créé : la population minière prend fait et cause pour un juge qui ose s'attaquer à la bourgeoisie. Henri Pascal multiplie des déclarations fracassantes. Il est dessaisi de l'affaire, confiée à la juridiction de Paris. Les policiers parisiens obtiennent en avril 1973 les aveux d'un jeune orphelin, fils de mineur, Jean-Pierre. Le notaire et son amie, libérés de prison et mariés depuis, bénéficient d'un non-lieu. Jean-Pierre sera jugé par le Tribunal pour enfants de Paris.

Et voilà de nouveau le juge Pascal au premier plan de l'actualité. Habillé en mineur, il descend dans la mine meurtrière. A Liévin, comme à Bruay-en-Artois, la population est indirectement mêlée à l'enquête, d'autant plus que les syndicats C.G.T., F.O. et C.F.D.T. se sont portés partie civile. A travers ses déclarations à la radio et à la télévision, Henri Pascal ne semble-t-il pas prendre une nouvelle fois le peuple à témoin ? Qu'adviendra-t-il ? D'aucuns prédisent que le petit juge sera dessaisi de cette affaire « dans l'intérêt d'une bonne administration de justice »...

L'enquête est minutieuse, longue : recherches du Service des Mines, expertises judiciaires, auditions de témoins et travailleurs de la mine, observations présentées par les parties civiles. Les experts toxicologiques du juge décèlent dans les poumons de deux mineurs autopsiés un taux de méthane cinquante fois supérieur à celui décelé dans leur foie et dans leur cerveau. On en déduit que, juste avant la catastrophe, la galerie où se trouvaient ces deux mineurs était pleine de grisou. Des fautes ont donc été commises.

Jeudi 5 juin, le juge Pascal inculpe le directeur du siège 19 dont dépend la fosse 3 bis. Pourquoi ce directeur ? Parce que, chef de siège, il dirige le service de sécurité. Motif d'inculpation : homicide et blessures involontaires. Inculpé ne veut pas dire coupable ; au directeur de siège de faire disparaître les présomptions de responsabilité qui pèsent sur lui.

Premières réactions spontanées et vigoureuses : celles des cadres, solidaires de leur collègue inculpé.

- Des ingénieurs et agents de maîtrise des sièges 18 et 19 de l'unité de production de Lens se mettent en grève pour une durée de 24 heures. Le but de cet arrêt de travail? Pouvoir se faire entendre de l'opinion publique et affirmer leur position. Un vœu : faire en sorte que des catastrophes comme celles de Liévin ne puissent plus se reproduire. Un argument : les causes de la catastrophe n'étant pas encore connues, personne, ni ouvrier, ni cadre, ne peut être présumé coupable.

- Les ingénieurs C.G.C., C.F.T.C. et F.O. apportent leur soutien à leur collègue et constituent un comité « pour veiller à ce que la recherche de la vérité ne procède d'aucun parti pris ».

- Le Président du Conseil d'Administration des H.B.N.P.C. se déclare solidaire de l'ingénieur inculpé. En « filigrane » de sa déclaration se profile l'affaire de Bruay-en-Artois. « . . ., chaque fois qu'il y a eu des accidents mortels, il y a eu des inculpations sans que pour autant on assiste à une dramatisation de la part du magistrat instructeur, comme cela a peut-être été fait au cours des derniers mois... Si M. le juge d'instruction a sa propre vérité, à lui de la faire valoir et à lui d'apporter la preuve de la culpabilité des gens qu'il inculpe ».

- 240 membres du personnel d'encadrement des H.B.N.P.C. décident de créer une association de défense « destinée à poursuivre l'action, pour que justice soit rendue en toute sincérité, en toutes connaissances des faits, avec toutes les garanties nécessaires, pour que les responsabilités qu'ils assument ne les fassent pas désigner a priori comme des coupables ».

- La Direction des Houillères du Bassin s'adresse au personnel par une communication affichée dans tous les établissements de l'entreprise

« Le 5 juin, le juge d'instruction a inculpé M. Coquidé, chef du siège 19 de Lens, pour homicide involontaire, à la suite de la catastrophe du 27 décembre 1974.

« A l'annonce de cette inculpation, les ingénieurs et agents de maîtrise des sièges 18 et 19 de Lens ont observé une grève de 24 heures.

• La direction du bassin regrette cette décision qui l'a obligée à mettre en congé forcé un certain nombre d'ouvriers, risquant de créer un malaise entre les cadres et les ouvriers à un moment où la solidarité de tout le personnel lui paraît plus que jamais nécessaire. Mais elle comprend parfaitement la réaction du personnel d'encadrement devant la façon dont a eu lieu l'enquête et les motifs invoqués, si l'on en croit les informations qu'en a donné la presse, pour justifier cette inculpation.

• Elle a apprécié la dignité du communiqué par lequel, dès le jour de l'inculpation, ces agents ont exprimé leur émotion. Elle souhaite, comme eux, que, dans cette douloureuse affaire dont personne aujourd'hui n'a oublié les conséquences tragiques, la justice soit rendue en toute sérénité, en toute connaissance des faits et avec toutes les garanties nécessaires.

• Elle assure le personnel du bassin de son soutien dans l'épreuve qu'il traverse ».

Max Hecquet, directeur général. Autres prises de position

 

- La fédération C.G.T. des mineurs du Pas-de-Calais déclare «qu'il serait incompréhensible que l'inculpé se retrouve seul au banc des accusés. Le service des mines n'a jamais fait de remarques fondamentales sur la manière dont les travaux étaient conduits au 3 de Lens » ...

- Les ingénieurs C.F.D.T. des H.B.N.P.C. déplorent qu'une fois de plus, la justice se voit contrainte de mettre en cause des hommes qui sont surtout les exécutants d'une politique définie au plus haut niveau ...

Coup de théâtre ... Le 20 juin, en lisant le journal, j'apprends que le dossier de l'instruction de la catastrophe de Liévin est déposé devant la Chambre d'accusation de la Cour d'appel de Douai. Deux actes sont susceptibles d'être entachés de nullité : d'une part, le juge Pascal est descendu au fond de la mine sans être accompagné de son greffier, une femme ; d'autre part, il a notifié à l'inculpé, le jour de la première audition, les conclusions du rapport des experts judiciaires mettant en cause la responsabilité des Houillères, ce que le code de procédure pénale assimile à un interrogatoire.

Le juge Pascal s'explique au sujet de cet incident juridique dans un communiqué de presse. Le Président du Conseil d'Administration des H.B.N.P.C. réagit vigoureusement : il déplore la « publicité particulière » faite autour de l'affaire, dément catégoriquement toute allégation tendant à faire établir une collusion entre les Houillères et le Service des Mines, proteste avec vigueur contre le communiqué « qui laisse entendre que l'entreprise entrave la marche de la justice ».

De son côté, le bureau régional des mineurs C.F.D.T., dans un communiqué paru dans la presse le 27 juin, condamne notamment « le fait que certains groupements et personnalités cherchent à faire de la procédure pour retarder et détourner le déroulement de l'instruction en cours ».

Fin juin 1975, la catastrophe de Liévin a pris l'apparence d'une guerre de communiqués... dont semblent absentes les 42 victimes tombées il y a six mois sur le champ d'honneur du travail.

Au palais de justice de Paris, le procès de Jean-Pierre est commencé. A la barre, le mercredi 2 juillet après-midi, le juge Pascal dépose. A sa sortie, il déclare notamment : « On n'a pas cherché suffisamment la vérité. Il faudrait un supplément d'enquête, une minutieuse mise au point. Si une condamnation intervient, ce sera probablement une erreur judiciaire. Si au contraire Jean-Pierre est acquitté, ce sera peut-être aussi une erreur ».

Le 15 juillet 1975, plus de trois ans après le meurtre de Brigitte Dewèvre, le tribunal pour enfants de Paris acquitte

Jean-Pierre au bénéfice du doute. Libre, après plus de deux années de détention !

La France s'était passionnée pour cette affaire. Le jour du jugement : une trentaine de personnes seulement sont présentes à l'audience. A Bruay-en-Artois, c'est la ducasse, l'atmosphère des vacances. Avec le temps, tout paraît devoir sombrer dans l'oubli.

Si la Chambre d'accusation de Douai rejette le dossier de l'instruction de la catastrophe de Liévin, n'y a-t-il pas lieu de craindre que toutes les constatations faites au cours de l'enquête par le juge Pascal ne soient annihilées ? Reprendra-t-on l'enquête « à zéro » ? ... alors que l'on annonce une remise en route progressive de l'exploitation du charbon dans la fosse 3 bis de Liévin.

L'instruction de l'affaire est bloquée. Qu'importe pour Henri Pascal ! « Après avoir mûrement réfléchi, certain de n'avoir jamais porté la moindre atteinte aux droits de la défense, mais également désireux de respecter les droits non moins sacrés des victimes », il décide de poursuivre l'information. L'avocat de l'inculpé ne lui en laisse pas le loisir. Il fait savoir au juge que son client n'a pas à répondre tant que la Chambre d'accusation n'aura pas statué sur les deux vices de forme affectant le déroulement de la procédure

Le 25 juillet, celle-ci décide de retirer le dossier de la catastrophe de Liévin au juge Pascal, certains actes accomplis par celui-ci étant entachés de nullité; elle procédera elle-même à l'instruction du dossier et désigne l'un de ses membres à cet effet. Il n'y a plus d'inculpé.

Le juge Pascal s'attendait à cette décision. Son tort, confesse-t-il dans une déclaration, c'est d'avoir déclaré après l'inculpation du chef de siège que d'autres inculpations suivraient non pas vers le bas, mais vers le haut, provoquant ainsi une levée de boucliers. Il a eu tort aussi de dire que la fatalité n'était pas à l'origine du coup de grisou et que partant il y avait des coupables, à punir. Sa conclusion ? « On n'admettra jamais qu'un juge d'instruction aille fouiller dans un certain milieu ».

La Fédération nationale du sous-sol des mineurs C.G.T. souligne quant à elle l'extrême gravité de la décision de la Chambre d'accusation « aboutissant à l'annulation de l'essentiel des travaux de six mois d'enquête ». Recréer l'état exact des lieux pour reprendre l'enquête au départ sept mois après la catastrophe, c'est difficile, sinon impossible. La Fédération « exige que l'enquête soit poursuivie à partir des constatations et conclusions rassemblées depuis le début de l'année ».

Le lendemain de la décision de la Chambre d'accusation, je rencontre un agent de maîtrise du fond. Nous parlons de l'affaire, nous parlons sécurité : « Si l'on appliquait strictement le règlement, me dit-il, on ne travaillerait environ que 2 heures par poste. En ce qui me concerne, la production de mes hommes tomberait des deux-tiers ». Puis, après quelques instants de silence, me regardant droit dans les yeux, il ajoute : « Et nous devons nous taire !... »

Au lendemain de la catastrophe de Liévin, tout semblait devoir être mis en œuvre pour la recherche des causes de cette catastrophe, et partant des responsables. De plus, lors de son voyage en avril dans le Nord - Pas-de-Calais, le Premier ministre avait réaffirmé : toute la lumière sera faite sur les causes de la catastrophe.

Des promesses ont été faites. La corporation minière exigera qu'elles soient tenues.

Mineur ? Un dur métier, un noble métier, un métier à part. Un métier qui commande le respect de ceux qui l'exercent, et de leur famille. Un métier qui commande le respect de ceux qui sont morts victimes de la mine.

Une fille de mineur assassinée. Quarante-deux mineurs morts dans une catastrophe. Deux affaires dont le juge Pascal a été dessaisi. Aux yeux du peuple, LA JUSTICE NE S'EST-ELLE PAS CONDAMNEE : dure pour les Petits, complaisante avec les Grands ? A moins qu'elle ne fasse toute la lumière sur ces deux affaires.

26 juillet 1975.

 

Le texte ci-dessus est arrêté à la date du 26 juillet 1975. Pourquoi ? L'édition du livre « BILLY-MONTIGNY au cœur de la catastrophe minière de 1906 » ayant été épuisée en moins de trois mois, une centaine de personnes en avaient désiré la réédition et certaines souhaitaient même une édition à l'échelle nationale.

J'ai donc envoyé à plusieurs maisons d'éditions parisiennes un exemplaire de mon livre sur la catastrophe de 1906 avec, en complément, le texte arrêté à la date du 26 juillet 1975 sous le titre « La catastrophe de Liévin du 27 décembre 1974 - Sécurité dans les mines - Responsabilités et justice ».

Avec des raisons diverses, les maisons d'éditions contactées (FRANCE-EMPIRE, Robert LAFFONT, Editions ouvrières, Presses de la Cité, le Seuil) ont estimé ne pas pouvoir retenir l'ouvrage présenté pour publication. A la suite de ces réponses négatives, il m'est apparu inutile de perdre mon temps à rechercher un éventuel éditeur parisien.

Des années ont passé. Plusieurs livres sortiront sans aucun doute sur cette catastrophe. Constatons simplement que l'affaire est revenue devant le tribunal de Béthune le 3 novembre 1980. Six jours d'audience. Six années après la catastrophe !

Jugement rendu le 23 janvier 1981. Le directeur des H.B.N.P.C. et le chef du service des Mines, cités par la C.F.D.T. et une « Association de Veuves », sont relaxés. Le chef du siège est condamné à 10 000 F d'amende. Les H.B.N.P.C. sont déclarées civilement responsables.

La C.F.D.T. et l'« Association de Veuves » décident de faire appel du jugement. La responsabilité du directeur des H.B.N.P.C.  et du chef du Service des Mines est remise en cause. Audience à Douai les 12 et 13 novembre 1981. L'arrêt doit être rendu le  4 décembre, jour de la Sainte Barbe... Il est reporté à huitaine.

Le vendredi 11 décembre 1981, je me présente au Palais de Justice de Douai. Un endroit qui m'est familier : régulièrement, je déjeunais au restaurant administratif aménagé au 7ème étage de la Tour. Au pied de l'ascenseur, à droite, une salle d'audiences. La décision doit être rendue à 14 heures.

 

A 13 h 45, cinq personnes dans la salle : côté gauche en entrant, trois dames et un avocat ; je m'installe côté droit. A 13 h 55, deux autres personnes entrent : un homme d'un certain âge qui s'assied un peu devant moi et une dame, journaliste (?), qui converse avec trois veuves, sans doute.

L'avocat, qui apparaît être leur défenseur, se lève, se dirige vers la personne assise devant moi, puis m'interpelle « C'est pour quelle affaire, Monsieur » ? « L'affaire de Liévin. Je suis ici en auditeur libre ». Il se retire.

Vers 14 heures, trois ou quatre autres personnes pénètrent dans la salle, dont un de mes anciens collègues de travail, militant C.F.D.T. Il vient me saluer et me précise qu'il ne peut rester avec moi : je suis installé côté « Houillères ». Je me lève pour aller côté « gauche » et croise devant la porte d'entrée le chef des services juridiques des H.B.N.P.C. « Vous, ici ! » me lance-t-il.

Les quelques personnes présentes ont à peine le temps de s'asseoir que la cour fait son entrée. Le Président parle on ne sait quel langage, chacun tend l'oreille pour essayer de comprendre. Il baragouine, un papier à la main. Affaire suivante. Combien de temps a duré « l'audience » ? Quelques dizaines de secondes ? Le Président ne s'est pas servi du micro. A-t-il donné lecture des attendus ? Quel jugement a rendu la cour d'appel ? Côté gauche, on s'interroge. Le secrétaire de la fédération régionale C.F.D.T. s'avance vers le greffier à qui le Président a remis son « papier ». La cour d'appel confirme le jugement de Béthune.

Je sors de la salle, croise des militants C.F.D.T. qui arrivent, surpris que l'audience soit déjà terminée. A ma montre, il n'est pas encore 14 h 10. La déception se lit sur les visages.

De mon côté, j'ai à faire également rue Merlin de Douai, mais de l'autre côté de la rue, au no 28 bis. Je suis en litige avec la Direction des H.B.N.P.C. L'affaire a été portée devant le Conseil de Prud'hommes. Le jugement devait m'être notifié en septembre. J'interroge le Greffe. Mon dossier est là. Je serai informé de la décision qui sera prise.

Le lendemain, la presse commente le jugement. Combien y avait-il de journalistes dans la salle? Une? Qui a informé la presse ? Comment a-t-elle été informée ? Comment s'est-elle informée ? Le jugement apparaît avoir été rendu dans l'indifférence générale de la multitude de personnes qui ont vécu, qui ont suivi l'affaire. Quelque chose m'a cependant fait mal. L'attitude du Président. Je n'ai certes pas de leçon à lui donner. Mais quand il a rendu son jugement, n'aurait-il pas dû penser que, derrière cette affaire de Liévin, il y avait 42 morts, 40 veuves, 116 orphelins qui méritent respect et considération ?

La fosse 3 est maintenant fermée. Depuis 1977. Le portail d'entrée est rouillé. Les bâtiments, les deux chevalements, le carreau de fosse que l'on peut découvrir par une ouverture sont laissés à l'abandon.

L'endroit est triste. Comme cette école dont le préau jouxte un bâtiment de la fosse. Sur le mur extérieur du préau une modeste plaque maintenue par quatre pitons. Sur cette plaque, ces mots : « Aux 42 mineurs envoyés à la mort le 27-12-1974. La commission populaire d'enquête ».

Photo Christian Vallez

 

Posée sur le sol, entre deux vieux arbres, une sorte de pierre tombale sur laquelle se dresse une pierre de forme rectangulaire : « A la mémoire des 42 mineurs envoyés à la mort le 27 décembre 1974 à la fosse 3 ». Suivent les noms. Un « mémorial » perdu dans un coin, un « mémorial » que l'on semble ignorer, un « mémorial » que l'on découvre par hasard en s'avançant vers l'entrée de la fosse, en impasse ...

Photos Christian Vallez

 

Le mémorial officiel, il apparaît tout de suite en arrivant sur les lieux. C'est une stèle élevée face à la fosse, sur la petite place de l'église Saint-Amé, stèle encadrée d'arbustes au pied de laquelle viennent se recueillir les familles, stèle devant laquelle ont lieu les cérémonies commémoratives. Sur une face, on lit :

 

 

HOMMAGE DE LA POPULATION

A TOUTES LES VICTIMES DU TRAVAIL

DANS LES HOUILLERES

Le 27 décembre 1974, 42 mineurs ont été tués dans ce puits, ils étaient originaires des communes de

LIEVIN                                                                   15

LENS                                                                      12

GRENAY                                                                  5

LOOS-EN GOHELLE                                                3

BULLY                                                                     2

AVION                                                                      2

MAZINGARBE                                                          1

DOUVRIN                                                                 1

VENDIN                                                                    1

 

Sur la face de la stèle tournée vers la fosse, la liste des victimes

 

VICTIMES DE LA CATASTROPHE MINIERE

du 27 décembre 1974

Alphonse BARAN                                          Roland LENFANT

Roger BERNARD                                          Emilien LHERMITTE

Pierre BERTINCHAMPS                               Jean LORENSEN

Kléber BLANCHART                                    Roger MARTINY

Louis BRASSEUR                                         Victor MATUSZEWSKI

Jean DELPLANQUE                                     Georges MICHEL

Emile DELVAUX                                           Joseph NAGY

Jean-Michel DEVAUX                                    Henri OBERT

Raymond DHEILLY                                       Ahmed OUCHLIH

Edouard DUPUY                                            Paul PILCH

Gilbert FASSEAU                                           André PITON

Henri FAYEULE                                             Adrien PRUVOST

Pierre GODART                                              Daniel RAMEZ

André GRANDIN                                            Alfred SEREUSE

Raymond GUILBERT                                      Czeslaw SZYMANSKI

Jean-Marie JOLIE                                            Jacques THERY

Edmond KACZMAREK                                    Paul VANDENABEELE

Julien KRZYCH                                               Edouard WALAWENDER

Jean KUBIAK                                                  Georges WARIN

François LEFRERE                                          Joseph ZAVODSKI

Jules LEGRAND                                              Joseph ZIELEWSKI

 

Photos Photo Christian Vallez

La catastrophe de Liévin un « procès » sans fin ? En tout cas, que cette catastrophe soit la dernière des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais,

 

C'EST MON SOUHAIT LE PLUS CHER !

 

Articles de journaux

 

documents ci dessous donnés par Jean Pierre BOGUTA

 

 

 

Victimes

 

Films

http://www.dailymotion.com/video/xbnbtu_lievin-1974_people?search_algo=1

http://www.dailymotion.com/video/xfe6m5_catastrophe-de-lievin-les-evenements_news?search_algo=1

 

 

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