La catastrophe s’est produite le mercredi 14 janvier 1885, à 22 heures, 75 ouvriers étaient occupés au fond, lorsqu’une terrible explosion se produisit au puits n° 1 de la Compagnie des mines de Liévin aux étages 283 et 345.
Photo Gauheria N ° 35 Le site
Recherche et texte de Denis CARON son blog
Nous le remercions de nous avoir autorisés à diffuser ses recherches
LE
COURRIER du Pas de Calais
Vendredi
16 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G2/8A
GRAVE
CATASTROPHE
AUX
MINES DE LIEVIN
Un terrible accident, et qui dépasserait
encore ceux dont la compagnie de Liévin semble avoir le douloureux privilège
depuis quelques années, est arrivé la nuit dernière dans un de ces puits, et,
encore une fois par suite d’un coup de grisou.
Ce que nous savons jusqu’ici de cette
catastrophe est que, dés ce matin dix ouvriers avaient remontés morts.
On craignait qu’il n’y en ait
encore beaucoup
d’autres, et la rumeur publique, à Liévin, portait à vingt-huit le nombre de
victimes.
Seize chevaux auraient aussi péri.
M. l’ingénieur en chef des mines, le général,
le préfet, le commandant de gendarmerie, etc., se sont, dés la première
nouvelle, portés sur les lieux du sinistre, où se trouvaient déjà le sous
préfet et le procureur de la république de Béthune.
6 heures.
Au moment de mettre sous presse, nous
recevons de nouveaux et terribles détails sur cet affreux malheur. 22
cadavres on étaient remontés, et tout fait supposer qu’on n’en est pas au bout ; en effet, 48
lampes manquent à l’appel.
Il y a donc tout lieu de craindre que ce
chiffre ne donne celui des victimes.
Il faut renoncer à peindre les scènes de désespoir
qui se succèdent depuis ce matin autour du bâtiment où sont déposés les
cadavres.
L’émotion est d’autant plus grande dans les
familles que beaucoup de ces malheureux sont défigurés est rendue
méconnaissables par leurs horribles brûlures.
La nouvelle s’est déjà répandue dans tout le
bassin de Lens et y produit une véritable consternation. Aussi les bruits les
plus sinistres sont accueillis avec une crédulité fâcheuse et exagèrent encore
l’étendue de la catastrophe.
C’est ainsi qu’à l’heure où notre envoyé
quittait Lens, on parlait de 150 victimes.
Plaise à Dieu qu’on puisse bientôt démentir
cette exagération.
L’AVENIR
d’Arras et du Pas de Calais
Vendredi
16 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G22/25
Dernière minute
Une explosion de feu grisou a eu lieu hier à
Liévin (Pas-de-Calais), à la fosse n°1. les galeries se sont éboulées sur 800
mètres de longueur. On a relevé jusqu’a cette heure 28 morts. Les travaux de
déblaiement offrant beaucoup de difficultés seront très longs.
trente victimes
Une épouvantable explosion de grisou a eu
lieu cette nuit à la fosse n° 1 de Liévin ;
A 4 heures du matin on avait constaté dix
morts et remonté trois blessés dont deux brûlés grièvement. Il restait dans les
galeries un certain nombre d’ouvriers près desquels on n’avait encore pu
parvenir à cause des éboulements qui sont considérables.
Dès ce matin M ; le préfet du Pas de Calais, M. le sous préfet
de Béthune, MM. Les ingénieurs Duporcq et Soubeyran, accompagnés de M. Moreau,
garde mine, M. le procureur général, M. le procureur de la République de
Béthune, M. le commandant de gendarmerie et M. le lieutenant de gendarmerie de
l’arrondissement de Béthune, MM. Les membres du conseil d’administration des
mines de Liévin étaient sur le lieu du sinistre et une enquête a été
immédiatement ouverte.
MM ; les ingénieurs sont descendus dans les
fosses où des affaissements de terre assez considérables se sont produits.
Le nombre des victimes atteint le chiffre de
30 dont presque pas de blessés.
Après la visite des lieux, M. le préfet
accompagné du sous-préfet et du personnel de la mine est allé visiter les
blessés à leur domicile. Il a
mis un secours de 500 francs à la disposition du maire de Liévin, au nom du
département.
LA
FRANCE DU NORD
samedi
17 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G16/28
Pas de Calais
Une
explosion de feu grisou a eu lieu hier à Liévin (Pas de Calais), à la fosse
n°1. Les galeries se sont éboulées sur 800 mètres de longueur. On a relevé
jusqu'à cette heures 28 morts. Les travaux de déblaiement offrant beaucoup de
difficultés seront très longs.
L’INDÉPENDANT
du Pas de Calais
Samedi
17 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : F141/19
LA CATASTROPHE DE
LIÉVIN
Un drame navrant,
une catastrophe épouvantable vient de se produire à Liévin.
Nous quittons le théâtre de l’accident, l’âme
serrée et le coeur gros devant l’étendue du malheur qui frappe un si grand
nombre de braves familles de mineurs.
Vingt-neuf morts et un blessé, tel est le
triste bilan de cette sinistre journée.
En moins de 21 mois, c’est la quatrième
catastrophe qui se produit à Liévin, c’est la quatrième fois qu’en dépit de
précautions et de soins qui dépassent ce qu’on a imaginé de plus parfait dans
toutes les minières connues, ce pays est le théâtre d’accidents qui donnent à
son nom je ne sais quelle notoriété funèbre et quel lugubre retentissement.
Dés que nous avons appris la catastrophe, dit
la Dépêche, à qui nous empruntons ces détails, nous sommes immédiatement
partis pour ce pays en deuil et si cruellement éprouvé.
Sur le parcours, des exagérations formidables
se répandent, on parle d’un chiffre de morts et de blessés si considérable, que
malgré l’étendue réelle du désastre, on éprouve comme un soulagement en
apprenant la vérité.
C’est par centaines que ’imagination
populaire chiffrait les victimes de la catastrophe.
Au moment où nous arrivons à Liévin, la
commune est dans un calme relatif.
La consternation est sur tous les visages,
mais c’est une consternation résignée, sans cris, sans grande manifestation, et
peut être plus navrante dans son mutisme que toutes les larmes et que tous les
gémissements.
Chose effrayante, ces gens là en sont presque
arrivés à considérer comme une chose ordinaire, comme chose inévitable, cette
fin tragique qui hier frappait leur père, qui frappe aujourd’hui tel ou tel de leurs
frères et qui, à leur tour, les frappera demain.
Cette espèce de fatalisme résigné est plus
poignant que tout ce qu’on saurait dire.
L’EXPLOSION
C’est mercredi à dix heures précises
du soir que l’accident s’est produit.
L’explosion a été assez forte pour que les
corons bâtis au dessus de la fosse aient ressenti une secousse comme celle d’un
tremblement de terre et que pour dans les poêles allumés, on est entendu un
bruit sourd semblable à une détonation.
L’explosion a eut lieu en même temps à deux
degrés de la fosse n°1. Ces étages, dont l’un est à 283 mètres de profondeur et
l’autre à 345 mètres, sont reliés entre eux par des pentes, puits d’aérage,
etc. C’est ce qui explique comment l’accident à pu se produire simultanément en
deux endroits séparés par des gisements de 67 mètres.
On sait que le grisou devient explosible
lorsqu’il est mélangé à de l’air dans la proportion de huit douzièmes ; on sait qu’en
s’enflammant, il s’étend dans des proportions qui correspondent à 700 fois son
volume primitif. Il acquiert donc une puissance prodigieuse que décuple les
obstacles.
Il a une force de projection telle que les
pièces de fonte les plus lourdes sont par lui boul.......
de terre et projetées à 25 ou 30 mètres. On sait quelle ravage il doit faire. Les buis d’étayage sont enlevés comme des brins de
paille et des éboulements multiples se produisant en même temps que, rapide
comme la foudre, le coup de grisou brûle et asphyxie les malheureux qu’il
rencontre.
Il serait peut être téméraire de vouloir déterminer,
dés maintenant et d’une façon absolue les causes de l’accident. Une enquête est
ouverte ; elle se
poursuivra avec le soin scrupuleux que messieurs les ingénieurs des mines ont
coutume d’apporter dans ces terribles constatations.
A l’heure présente, et après avoir entendu un
nombre de témoins considérable, nous devons supposer que c’est en mettant le
feu à une mine pour l’agrandissement d’un puits que l’accident s’est produit.
En effet, à dix heures précises on devait
faire sauter la mine.
Or, c’est à ce moment que l’accident est
arrivé ; le boute feu,
chargé de l’opération pour les agrandissements, a été trouvé mort ainsi qu’un
de ses aides ; quant à l’autre,
il est dans un tel état, qu’il est fort douteux, qu’il survivre à ses
blessures.
C’est à côté des puits de descente que l’on
devait faire sauter la mine ;
c’est là qu’on a trouvé le plus grand nombre de victimes.
LES VICTIMES
Nous ne rentrerons pas dans le détail des
tentatives de toutes sortes qui ont était faites pour retirer immédiatement du
fond les malheureuses victimes, pas plus que nous n’essaierons de raconter par
le détail cette inénarrable histoire de la sortie des cadavres.
A chaque descente, la berline prend du monde
ici c’est un homme asphyxié, là, un homme éventré, au crâne fracassé, gisant à
côté d’un ouvrier plus heureux qui n’a été qu’étourdi. Tout cela remonte pêle-mêle et c’est au jour qu’on essaye d’établir
l’identité de chacun.
Il faut dire, à la louange de la Compagnie,
que les secours ont été organisés avec une telle rapidité que cinq minutes
après l’accident, M. l’ingénieur était au fond de la fosse, et qu’un quart
d’heure après, quatre victimes étaient déjà remontées.
Les éboulements avaient bouchés les courant
d’air ; on s’est mis
immédiatement en demeure de les rétablir.
Soixante quatre ouvriers étaient dans la même
fosse. A quatre heures du matin, il n’en manquait plus que dix. Il est vrai
qu’il a fallu travailler jusqu’à trois heures de l’après midi pour retrouver
ces derniers et s’assurer que personne ne manquait à l’appel.
On a retiré de la fosse 27 cadavres et 3
blessés.
Parmi les blessés, deux sont morts dans
l’après midi.
Nous avons vu le troisième, il est dans un état
tel qu’il est peu probable qu’il survivre à ses blessures. Le corps n’est
qu’une plaie, la tête forme une cloche horrible à regarder, c’est épouvantable.
Dans les victimes, on estime qu’il y a
environ 8 ou dix célibataires ;
les autres sont des pères de familles, l’un même laisse dix pauvres enfants.
LE
COURRIER du Pas de Calais
samedi
17 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G2/8A
La liste des victimes est close ; elle comprend les trente noms que voici : (*la liste officielle est en annexe a la fin de
ce recueil )
François Remeau, marié, 7 enfants ; Augustin Bertiaux, célibataire, allait se marier
demain samedi ; Léopold Kessend,
marié, 4 enfants ; Victor Bertin,
idem ; Louis Hainaut (porion), marié ; Noël Chapel, marié ;
Louis wautier, id ; Paul Duirand, id ; Alphonse Simon, id ;
Emile Manouvrier, id ; Victor Frelin,id ; Emile Glineur, célibataire ; Morel (fils) , id ; Paul Caury, marié, 5 enfants ; François Mathieu,id ;
Morel (père), id ; Aimable Milloux,
id ; 5 enfants ; Emile Level, id ; René Houdart,id ; Alexis Dieu, id ; Henri Lebrun,
id, 14 enfants ; François Legay,
id ; Jean Baptiste Legrand, id ; Auguste Heurdequin, célibataire ; Alphonse Waquie, id ;
Charles Goetinck, marié ; Joseph Roselet,
id.
Frère Simon, marié, retiré vivant encore, a
succombé plus tard.
Il ne reste qu’un seul blessé, mais son
état laisse peu d’espoir. C’est lui qui a pu quelques renseignements sur
l’explosion. Voici ce qu’il a pu dire aux correspondant du Petit Nord.
« Je venais de finir le travail préparatoire pour faire
sauter la mine, afin d’agrandir la galerie j’appelai le boute-feu Jean Reumaux
qui examina s’il n’y avait pas de grisou, et qui nous dit que c’était en état
et qu’on pouvait mettre le feu. Nous prîmes alors nos dispositions et Reumaux
alluma la Mèche. Aussitôt une effrayante explosion se produisit... je tombai...
Et je ne me rappelle plus ce qui c’est passé ensuite.. »
L’accident c’est produit à dix heures du
soir. Les ouvriers qui travaillaient à terre, auprès du puits n° 1, entendirent
tout à coup des craquements et, pendant quelques secondes, le sol trembla sous
leurs pieds. Puis la détonation se fit entendre et une forte colonne formée de
poussières et de gaz asphyxiant, sortit du puits comme une véritable trombe.
Les craquements avaient été produits par
la destruction violente des volets mobiles qui servent de retour d’air et
ferment l’orifice du puits ; ils avaient
sauté en l’air et les éclats retombaient au milieu des ouvriers qui se
trouvaient là. C’est miracle qu’aucun n’ait été blessé.
Les secours furent organisés par MM.
Vialat, ingénieur en chef, Simon, ingénieur de la fosse n° 1, Desailly,
ingénieur de la fosse 3 et les porions Fénélon et Bizet, dés que la fumée eut
cessé.
Dés leur sortie de la cage au fond du
puits, les sauveteurs se trouvèrent en face d’éboulements considérables qui
leur barrèrent le passage.
On essaya de tourner la position et la
pénétrer par un autre côté, mais là encore existait des éboulements. On se mit
au déblaiement, mais à chaque coup de pioche, des gaz s’échappaient par des
fissures et menacer d’asphyxier les travailleurs.
Vers onze heures, on commença à percevoir
quelques gémissements sortant du gouffre où l’on savait soixante-quinze
malheureux renfermés.
Enfin on parvint à dégager une galerie où
se trouvaient 15 mineurs sains et saufs ! On était à 200
mètres du puits.
On les transporta au courant d’air, on
leurs donna des soins, on leur fit respirer de l’éther ; quand ils se sentirent mieux, ces braves gens
vinrent se joindre aux travailleurs ; leurs
indications servirent à mieux diriger les recherches, ils désignaient les
points où il fallait frapper.
Une heure après, on sauvait encore douze
mineurs.
Une demi-heure écoulée en vigoureux efforts
permettaient de retirer dix-sept mineurs sains et sauf.
Mais il en manquait encore 31.
Sur ces 31 manquants, on retrouve 27
cadavres ! Deux hommes
seulement étaient vivants, mais l’un ne devait guère survivre, c’était Simon.-
L’autre était le mineur Cornet.
Les dégâts sont considérables ; on a constaté plus de 800 mètres d’éboulements. Neuf
chevaux ont été brûlés.
Les travaux à faire pour rétablir
l’extraction du charbon ne pourront être terminé avant un mois.
Les mineurs attachés à la fosse n° 1 seront
répartis dans les autres, en attendant qu’ils puissent reprendre leur travail.
La fosse n° 1 occupe 450 ouvriers ; mais il s’en trouvait 75 seulement, qui avaient pris
le travail à 3 heure de l’après midi, et devaient y rester jusqu’à minuit la
fosse qui a une profondeur de 315 mètres est exploitée depuis 1859, est une de
celles qui ont le meilleur rendement.
C’est parce qu’on savait que le personnel
employé à la fosse n°1, est habituellement très nombreux, que la rumeur
publique put exagérer encore le nombre, malheureusement déjà trop grand, des
infortunées victimes.
Les funérailles sont fixées demain samedi
à onze heures.
LE
PAS DE CALAIS
samedi
17 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G53/34
LA
CATASTROPHE
DES
MINES DE LIEVIN.
31 victimes.- 29
morts.
Mercredi, vers dix
heures du soir, une forte détonation réveilla en sursaut la population de
Liévin. Aussitôt tout le monde fut debout et le bruit courut qu’une catastrophe
venait de se produire à la fosse n° 1.
Une
vive émotion éclata dans toute la ville ; l’on comprend de
quelle anxiété chacun était pénétré puisque dans ce moment 75 ouvriers se
trouvaient dans la fosse !
Les
mines de Liévin semblent sous le coup d’une fatalité qui ne se lasse pas. En
février 1882 un coup
de
grisou faisait quatre victimes, dont 3 tués. En avril, nouvelle explosion qui
tuait huit ouvriers et en blessait quatre. Les deux accidents se produisirent à
la fosse n°5. Dans la même année, il y eut encore à la fosse n°3 plusieurs
morts et plusieurs blessés.
Enfin
aujourd’hui à la fosse n°1 nous avons 29 morts, 1 blessé grièvement, 1 disparu.
La
foule arriva bientôt autour de cette fosse, elle était terrifiée devant ce
puits, vomissant une fumée épaisse ; les mineurs
étaient désespérés en songeant à leurs camarades, qui, au nombre de 75, étaient
au fond de ce gouffre.
La
fosse n°1 occupe 450 ouvriers environ ; mais
heureusement 75 seulement, qui avaient pris le travail à 3 heures de l’après
midi, devaient y rester jusqu’à minuit.
Les
secours furent organisés par les ingénieurs de service.
La
fumée ayant cessée, il purent descendre dans la fosse et reconnurent l’endroit
où l’accident s’était produit ; ils firent
prendre immédiatement les mesures pour opérer le sauvetage.
Les chariots furent
préparés et les médecins se groupèrent prés de l’orifice du puits.
Au fond du puits,
les sauveteurs s’avancèrent résolument et se trouvèrent tout à coup en face
d’une catastrophe horrible, qu’ils étaient loin de prévoir ; des éboulements considérables leurs barrèrent le
passage. L’explosion était produite justement dans la galerie d’aérage, située
à environ quatre vingt mètres du puits.
Les sauveteurs
tournèrent la position et essayèrent d’y pénétrer par un autre côté, mais là
ils se trouvèrent encore en présence d’éboulements. Alors, sans perdre de
temps, on attaqua vigoureusement l’endroit où la conduite d’air avait été
coupée par un éboulement afin de la rétablir, mais à chaque coup de pioche, des
gaz s’échappaient par des fissures et menaçaient d’asphyxier les travailleurs.
Trois fois ils abandonnèrent leur dangereuse tâche et trois ils la reprirent
courageusement.
Après des efforts
inouïs ; on avança, vers
onze heures, on commença à percevoir quelques gémissements partant du gouffre
où l’on savait 75 malheureux renfermés, en proie à d’immenses terreurs.
Quelques cris furent entendus, ce qui redoubla le courage des travailleurs.
Un
drame saisissant se passait dans ce
souterrain. Mais on réussi a dégager une galerie où se trouvait 15 mineurs
sains et saufs ! On était à 100
mètres du puits.
On
les transporta au courant d’air, on leur donna des soins, on leur fit respirer
de l’éther, et quand ils se sentirent mieux, ces braves gens virent se joindre
aux travailleurs, et leurs indications servirent à mieux diriger leurs
recherches ; ils désignaient
les points où il fallait frapper.
Une
heure après, on sauvait encore douze
mineurs blottis derrière une porte.
Une
demi heure écoulée en vigoureux efforts permettait de retirer de nouveau
dix-sept mineurs sains et saufs.
Mais
il en manquait encore 31 !
Ici
le drame prend de lugubres proportions :
Sur
ces 31 manquants, on retrouve 27 cadavres ! Deux hommes
seulement étaient vivants, mais dans un pitoyable état. On retrouvait les corps
brûlés ou asphyxiés, ça et là, dans des positions qui dénotaient l’affolement
auquel avaient livrés ces malheureux, cherchant à fuir la mort qui les
étreignait.
Enfin,
jeudi, à deux heures de l’après midi, le dernier cadavre était remonté au jour.
La
gendarmerie, qui était survenue, maintenait l’affluence du monde éloignée de la
fosse, afin de laisser les secours se produire plus à l’aise. Mais elle avait
grande peine à contenir cette foule affluée et en proie à de terribles
angoisses. Ces femmes et enfants qui attendaient les unes leurs maris, les
autres leurs pères, offrait un spectacle navrant.
M.
Parent, directeur général des mines, et M. Schmitt, maire de Liévin, et
Lequette, de Lens, dans leur triste besogne. Chaque fois qu’un cadavre était
reconnu on appelait la famille, à laquelle on livrait la lamentable épave. On
entendait plus alors que des sanglots qui éclataient à la suite des lugubres
cortèges.
Il
y a une famille Morel dont le père et le fils aîné ont été tués ; les frères Simons ont été tués tous les deux.
E
la pauvre femme Lebrun qui reste veuve avec quatorze enfants ! Ah ! Que la charité
vienne en aide à ces grandes infortunes !...
La
plupart des victimes sont d’origines Belge ; deux seulement
étaient célibataires.
La
seule de ces 31 victimes qui ne soit pas mort, survivra probablement à ses
blessures, c’est le mineur Cornet ? Qui était
chargé de préparer avec un de ces camarades, le trou de mine où l’on plaça la
dynamite. Il a pu donner
quelques détails sur ce qui s’est passé.
« Je venais de finir dit il le travail préparatoire pour
faire sauter la mine, afin d’agrandir la galerie ; j’appelai la boutefeu, Jean
Reumaux, et qui examina s’il n’y avait pas de grisou, et qui nous dit que
c’était en état et qu’on pouvait mettre le feu. Nous primes alors nos
dispositions et Reumeaux alluma la mèche. Aussitôt une effrayante explosion se
produisit... je me sauvait et je tombait presque aussitôt... Et je ne me
rappelle plus ce qui s’est passé ensuite.. »
Il
résulte de l’enquête faite par les ingénieurs de la compagnie et par M.
Duporcq, ingénieur en chef des mines, et Soubeyrau, ingénieur, après la
déclaration du mineur Cornet, que la cause de l’explosion est l’enflamment de
la poussière de charbon qui s’adapte aux boiseries qui forment les galeries. Ce
qui corrobore cette opinion, c’est que dans la galerie où à eu lieu
l’explosion, il existe un courant d’air qui ne permet pas au grisou d’y
séjournée. Les dégâts sont considérables, on a constaté plus de 800 m
d’éboulement. Neuf chevaux ont été brûlés. Les travaux à faire pour rétablir
l’extraction du charbon ne pourront être terminés avant un mois.
Les
mineurs attachés à la fosse n°1serontrépartis dans les autres, en attendant
qu’ils puissent reprendre leur travail.
Nous
ne connaissons pas encore le nombre d’orphelins ;
on nous en a désigné 35 appartenant à cinq ménages seulement.
On
frémit quand on songe que si l’explosion s’était produite au moment où les 450
ouvriers sont à la fosse, on aurait eu à compter plusieurs centaines de
victimes.
La
compagnie possède une caisse de secours, sur laquelle nous avons pris quelques
renseignements. Elle donne 32 francs par mois à unes veuve, 8 francs à chaque
garçon et six francs à chaque fille jusqu’à l’âge de douze ans. Si la veuve
vient à se marier, elle perd sa rente, mais elle reçoit deux années de pension
comme dot. Le fond de la caisse de secours se compose de 3p. 0,0 prélevé sur le
salaire des ouvriers et de 1 0,0 pris sur les bénéfices de la compagnie.
On
remarquait sur les lieux M. le préfet du Pas de Calais, le sous préfet de
Béthune, le commandant de gendarmerie de Lens, etc.
Le
préfet, accompagné du sous préfet et du personnel de la mine, est allé visiter
les blessés à leur domicile.
Il
a mis un secours de 500 francs à la disposition du maire de Liévin, au nom du
département.
Les
funérailles ont eu lieu aujourd’hui à onze heures du matin.
Le
procureur général et le préfet y assisteront.
Ces
renseignements que nous empruntons au Petit Nord sont conformes à ceux que nous
avons reçus nous mêmes.
Monseigneur
l’évêque d’Arras s’est rendu aujourd’hui à Liévin.
LE
MEMORIAL ARTESIEN
dimanche 18 janvier 1885
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départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G75/16
Pas de calais –Nord
LIEVIN – Une explosion de grisou s’est
produite dans la fosse N°1 des mines de Liévin (Pas de Calais), avant-hier
matin. Le nombre de victimes est de 30. On a retrouvé actuellement 28 morts et
deux blessés plus ou moins grièvement.
On ne sait encore a quelle cause attribuer
cette épouvantable catastrophe, qui plonge dans la désolation tout le bassin
houiller de Lens.
La fosse N°1, où l’explosion s’est
produite, est la première qui est été creuse à Liévin
Depuis trois ans, elle avait un puits
jumel, celui qui porte le N°5.
Tous les perfectionnements connus été
depuis longtemps apportés dans l’aérage de la fosse et une imprudence seule a
pu occasionner l’explosion du grisou. A qui doit elle être imputée ? on ne saura jamais sans doute, car tous les témoins
de l’accident ont trouvés la morts.
MM. Duporcq. Ingénieur en chef des mines
et Soubeiran, ingénieur ordinaire du service d’Arras, ont commencé une enquête
sur cette terrible catastrophe, mais cette enquête n’a pas pu encore montrer
d’une façon positive la cause de l’explosion. Les ingénieurs croient cependant
qu’elle doit être attribuée à l’inflammation subite des poussières de charbon
qui se fixent sur les parois des galeries.
Sur les lieux du sinistre sont demeurés en
permanence : MM Bancelin,
sous-préfet de Béthune. Dulau, procureur de la République, Lenormand,
substitut, Sallerin, commandant de Gendarmerie, etc.
Des souscriptions ont été immédiatement
ouvertes dans toutes les communes des environs. L’Avenir d’Arras a
également ouvert une souscription dans ces bureaux.
M. le ministre de l’intérieur a promis par
dépêche des secours aux familles des mineurs.
Aux obsèques des victimes qui auront lieu
demain dimanche aux frais de la compagnie, M. Vel Durand prononcera un
discours.
Les dégâts matériels, occasionnés par les
éboulements sont considérables : neuf chevaux,
qui traînaient des wagonnets ont étés tués. On ne travaillera pas à la fosse
N°1, avant un mois au moins.
Il y a deux ans a peine, le 16 avril 1883,
un terrible accident, attribué au feu de grisou, arrivait a la fosse N°5.
aujourd’hui nous avons a enregistrer une nouvelle catastrophe, plus terrible
encore que celle de 1883 , on compte en effet, cette fois, vingt-huit
morts et deux blessés, blessés si
grièvement qu’on désespèrent les sauver.
L’AVENIR
d’ARRAS et du Pas de Calais
dimanche 18 janvier 1885
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départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G22/25
La catastrophe de la fosse n°1 des mines
de Liévin s’est produite mercredi soir, vers dix heures, au moment où les ouvriers faisaient sauter une mine.
L’explosion eu lieu justement dans la galerie
d’aérage, située à environ 80 mètres du puits.
On l’attribue autant, si ce n’est plus,
l’inflammation du poussier impalpable de charbon qui couvrait les galeries qu’à
la présence du grisou dont on n’avait pas trouvé trace avant d’allumer la
mèche.
Il se trouvait en ce moment 75 ouvriers dans
la mine.
Les secours furent immédiatement
organisés par MM.
Vialat, ingénieur en chef, Simon, ingénieur de la fosse n°1, Desailly,
ingénieur de la fosse n°3 et les porions Fénélon et Bizet.
Vers onze heures, à 200 mètres du puits, on
parvint a dégager une galerie où se trouvaient 15 mineurs sains et sauf qui,
après quelques soins, virent se joindre aux travailleur et donner des
indications pour les recherches.
Une heure après, on trouvait encore 12
mineurs, puis après une demi-heure 17 autres.
On trouva enfin 3 blessés,
dont deux
grièvement blessés et qui sont décédés depuis.
Puis au fur et à mesure des travaux de dégagement des galeries
écroulées, poursuivi jusqu’à 2 heures de l’après midi, 27 cadavres affreusement
brûlés et mutilés ont été retrouvés. Au total 29 victimes dont voici les nom :
Morts : François
Reumeaux, marié, 7 enfants ;
Augustin Bertiaux, célibataire, allait se marier demain samedi ; Léopold Kessend,
marié, 4 enfants ; Victor Bertin,
idem ; Louis Hainaut
(porion), marié ; Noël Chapel,
marié ; Louis wautier,
id ; Paul Duirand, id ; Alphonse Simon,
id ; Emile
Manouvrier, id ; Victor Frelin,
id ; Emile Glineur,
célibataire ; Morel (fils) , id ; Paul Caury, marié,
5 enfants ; François
Mathieu,id ; Morel (père), id ; Aimable Milloux
,id ; 5 enfants ; Emile Level, id ; René Houdart, id ; Alexis Dieu, id ; Henri Lebrun,
id, 14 enfants ; François
Legay,id ; Jean Baptiste
Legrand, id ; Auguste
Heurdequin, célibataire ; Alphonse Waquie,
id ; Charles
Goetinck, marié ; Joseph Roselet,
id, Frère Simon, marié.
Grièvement blessés : Dumas Cornet,
marié.
Les victimes laissent de nombreux
orphelins.
Les dégâts matériels sont considérables ; les éboulements
se sont étendus sur une longueur de 800 mètres. Neuf chevaux ont été
brûlés.
Nous avons dit hier qu’à la première
nouvelle de l’accident, M. le préfet du Pas-de-Calais, M. le sous préfet de
Béthune, MM. Les ingénieurs Duporcq et Soubeyran, accompagnés de M. Moreau,
garde mine M. le procureur général, M. le procureur de la république de
Béthune, M. le commandant de gendarmerie et le lieutenant de gendarmerie de
l’arrondissement de Béthune, s’étaient rendus sur les lieux et que M. le préfet
avait visité les familles des victimes et avait laissé à leur intention, au nom
du département un secours de 500fr.
M. Déprez, député s’était également rendu à
Liévin.
Les membres du conseil d’administration des
mines sont arrivés vers deux heures et ont tenu conseil.
Les funérailles des victimes sont fixées à
demain, samedi a dix heures du matin.
Monsieur le procureur général, et Monsieur le
préfet y assisteront.
NOTRE SOUSCRIPTION
Nous ouvrons aujourd’hui dans les bureaux
de l’Avenir, une souscription en faveur des malheureuses victimes de la
catastrophe de Liévin.
Nous espérons que l’appel que nous adressons
sera entendu et que nos concitoyens auront à coeur d’atténuer dans la mesure du
possible les infortunes qui viennent de créer tant de deuils.
CONCERT
Nous apprenons que la Fanfare du commerce
donnera, - très probablement dimanche 25 courant, - à 8 heures du soir au
théâtre un concert au bénéfice des familles de la catastrophe de Liévin.
Nos concitoyens tiendrons certainement a
s’associer a la généreuse pensée de la fanfare.
L’EXPRESS
du Nord et du Pas de Calais
dimanche
18 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : F129/2
L’explosion de
Liévin.-
Vingt deux cadavres ont été remontés, et tout fait supposer qu’on n’en est pas
au bout ; en effet, 48
lampes manquent à l’appel.
Il y donc lieu de craindre que ce chiffre
ne donne celui des victimes.
Il
faut renoncer à peindre des scènes de désespoir qui succèdent depuis ce matin
autour du bâtiment où sont déposés les cadavres.
L’émotion est d’autant plus grande que dans les familles, que beaucoup
de ces malheureux sont défigurés et rendus méconnaissables par leurs
horribles brûlures.
La
nouvelle s’est déjà répandus dans tout le bassin de Lens et y produit une
véritable consternation. Aussi, les bruits les plus sinistres sont accueillis
avec une crédulité fâcheuse et exagèrent
encore l’étendue de la catastrophe.
On
parle de 150 victimes. C’est la troisième catastrophe qui se produit dans les
fosses de la compagnie de Liévin. La première, il y a six ans, a fait sept
victimes, et la deuxième, en 1881 en a fait onze.
On
ne connaît pas encore les causes de la catastrophe. Tous les perfectionnements
ont été appliqués depuis longtemps par l’ingénieur en chef, pour mettre les
mineurs à l’abri des coups de grisou.
La
fosse n°1, où s’est produite la catastrophe, est la première qui ait été
creusée à Liévin. Les ingénieurs qui sont descendus hier et ce matin dans la
fosse ont constaté un bouleversement et un affaissement de terrain produit par
la violence de l’explosion. On a constaté qu’au moment de la catastrophe
soixante-deux mineurs étaient descendus dans le puits.
M.
Vel-Durand a distribué hier un premier secours de 500 francs aux familles des
victimes.
Le
ministre de l’intérieur vient d’adresser
une somme pour les veuves et les orphelins de cette catastrophe.
L’AVENIR
d’Arras et du Pas de Calais
dimanche
18 et lundi 19 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G22/25
Les funérailles des Victimes.
Ce matin, à onze heure, ont eu lieu à Liévin
les obsèques des victimes de la catastrophe de mercredi soir.
Des fosses les plus éloignées, aussi bien
que toutes les localités environnantes, on avait tenu à rendre un suprême
hommage de sympathie à ces martyrs du travail, à exprimer un témoignage de
profond intérêt à leurs familles.
La cérémonie, dans son imposante simplicité,
a été navrante. On entendait de tous côtés les sanglots et les cris de
désolation des malheureux qui avaient perdu un des leurs.
En tête du cortège, marchaient les pompiers
de Lens, puis la musique de cette ville et celle de Liévin qui jouaient des
marches funèbres. Venaient ensuite des délégations nombreuses portants
couronnes, enfin quatre énormes fourgons voilés de noir, renfermant les restes
des victimes.
Un grand nombre de notabilités politiques et
administratives du département s’étaient jointes au cortège. Prés de M.
Vel-Durand, préfet du Pas-de-Calais, qu’accompagnait M. Beau, son secrétaire particulier, nous
avons remarqué M. Schmidt, maire de Liévin, M. le général de division Bardin,
assisté de son aide de camp, M. le
procureur général prés de la cour de Douai, et le Président du tribunal de
Béthune, M, le sous-préfet Bancelin, M.
Dupuich maire de Béthune, M .le maire de
Lens, M. Victor Piéron, maire d’avion,
et de nombreux maires et adjoints des villes et communes voisines ; MM. Gerbore , Paul Brasme et Hache, conseillers
d’arrondissement ; M. Sandrard, inspecteur général de
l’exploitation du chemin de fer du Nord, en résidence à Arras ; M.
Soubeyran, ingénieur des mines, M.
Ridoux, directeur des postes du département ; M. le commandant
de la gendarmerie du Pas-de-Calais ; M. Arthur Stiévenard, ancien sous
préfet. La compagnie des mines de Liévin était représentée aux funérailles par
M. Parent, son agent général, son ingénieur M. Viala et tout son conseil
d’administration. Les concessions voisines avaient également dans le cortège
leurs ingénieurs et des membres de leur conseil d’administration.
Quatre des victimes qui étaient protestantes,
ont été accompagnées au champ du repos par des ministres de leur culte. Ceux-ci
ont prononcés sur leur cercueil des allocutions touchantes que nous serions
heureux de pouvoir reproduire. Puis, après l’achèvement, sur la tombe des
autres victimes, des cérémonies catholique, M. le Préfet, au milieu de l ‘émotion générale, a pris la parole en ces termes :
Messieurs,
L’évènement qui a fait tant de victimes n’a
pas porté le deuil seulement dans les familles de ceux que nous pleurons. Le
pays tout entier a été atteint. Aussi, au nom du département, je viens apporter
sur la tombe de ceux qui sont morts en accomplissant le plus saint des devoirs,
l’hommage de notre respect et à leurs familles l’expression de nos vives
sympathies.
Ce n’est pas un discourt qui pourrait calmer
les grandes douleurs que nous avons devant nous. Nous ne pouvons que les saluer
respectueusement en espérant que ceux qui sont atteints se sentiront aussi
touchés des sympathies qui les entourent.
Mais il est un devoir qu’aux bords même de
cette fosse, je tiens à remplir. Au nom même des morts que nous pleurons, au
nom de leurs familles, au nom du pays, je tiens à rendre hommage au dévouement
dont, en cette circonstance, ouvriers, chefs, ingénieurs ont fait preuve. Vous
tous avez été les témoins de leur courage. Tous indistinctement, sans compter
avec les nouveaux deuils qui pouvaient atteindre leur maison, se sont
précipités, au moment de la catastrophe, pour tenter d’enlever à la mort
quelques unes des ces victimes.
Leur noble conduite montre mieux que tous les
discours combien est puissante et réelle cette solidarité qui unit, à tous
degrés de la hiérarchie, les membres de la grande famille des travailleurs.
Puisse cette triste journée laissée aux familles si éprouvées
avec ce souvenir des affections brisées, celui du dévouement qui a été témoigné
à ceux qu’elles pleurent.
Que leurs enfants y joignent une pensée de
reconnaissance pour ceux qui ont, au prix de leur propre vie, cherché à leur
sauver leur père, et qu’ils gardent gravés au fond de leur cœur ces nobles
exemples de dévouement et de fraternité.
Au nom de la société de Liévin, un des
membres de son conseil d’administration, M. Dutemple, avocat à Cambrai, a
exprimé aux familles des malheureux ouvriers toutes les sympathies de la
société et leur a donné l’assurance que son appui ne leur manquerait pas.
Sur la demande de M . le préfet, M. le
Ministre de l’intérieur vient d’accorder un secours de 2,000 fr aux familles
des victimes de Liévin.
Nous nous empressons d’annoncer que, sur la proposition de M.
l’Inspecteur d’Académie, M. le Préfet vient d’autoriser l’ouverture dans les
écoles publiques du département d’une souscription destinée à venir en aide aux
des malheureuses victimes de la catastrophe
de Liévin. La souscription, bien entendu, doit conserver le caractère
d’offrandes volontaires ; mais nous
connaissons assez nos instituteurs pour être persuadé que leurs élèves et eux
se feront un devoir de s’associer à cette oeuvre de bienfaisance.
Après la cérémonie funèbre un comité a été constitué, sous la présidence
de M. Déprez, député, dans le but de recueillir et de centraliser
les souscriptions.
Nous donnerons lundi la composition de ce comité.
Nous trouvons dans le Petit Béthunois la lettre suivante que nous
nous empressons d’insérer :
Monsieur le Rédacteur,
Une terrible explosion de grisou dans le puits n) 1 des mines de Liévin,
occasionnant la mort de 28 ouvriers mineurs, vient de jeter la construction dans la population minière de notre
arrondissement. Des listes de souscription pour venir en aide aux malheureuses
familles atteintes par cette catastrophe vont
En attendant, je vous prie d’annoncer que j’abandonne volontiers, aux
victimes de Liévin, l’indemnité qui me sera alloué pour les élections
sénatoriales et dans l’espoir d’être suivi par tous mes collègues, je vous prie
de croire à mes meilleurs sentiments.
A.MAHIEU,
Délégué sénatorial.
M. le docteur
Marmottan, président du conseil d’administration des mines de Bruay a adressé 1,000
francs aux victimes de Liévin.
Aussitôt l’accident de la fosse n°1 connu à Liévin, un comité s’est
constitué pour recevoir, centraliser et distribuer les secours aux familles des
victimes. Ce comité est ainsi composé :
M. le maire de Liévin, président ;
M. Isidore Caron, adjoint, vice-président ;
M. Pamart, adjoint, secrétaire trésorier ;
M. le curé de Liévin ;
M. Blon pasteur évangélique ;
M. Dinoir, ingénieur de la fosse 3 des
mines de Lens ;
M. Auguste Laurent, conseiller municipal ;
M. Louis Bla, conseiller municipal ;
M. Buisine, conseiller municipal ;
Le
comité adresse un chaleureux appel à la bienfaisance publique ; il espère qu’en présence de l’étendue du malheur,
cet appel sera entendu.
Adresser
les souscriptions et offrandes à M. Pamart, adjoint au maire, brasseur à
Liévin, secrétaire trésorier du comité.
M.
l’évêque d’Arras a tenu à donner une marque de sa sollicitude aux familles des
victimes de l’accident.
Malgré la rigueur de la saison, il a
visité hier, individuellement, tous les parents des victimes, leur apportant
les consolations les plus affectueuses et laissant dans chaque maison,
d’importantes offrandes.
La
population a été extrêmement sensible à cette visite touchante de son premier
pasteur.
L’administration des mines de Liévin reçoit de toutes parts des
témoignages de sympathie et d’importantes offrandes destinées aux familles des
ouvriers mineurs victimes de l’accident du 14, à la fosse n°1.
Dans l’impossibilité où elle se trouve d’y répondre en ce moment, elle
emprunte la vois de la presse pour exprimer en son nom et au nom de sa grande
famille ouvrière, sa reconnaissance à toutes les personnes qui veulent bien lui
donner des marques d’intérêt dont elle est profondément touchée.
Les ouvriers mineurs ne souffriront par suite de l’accident.
NOTRE SOUSCRIPTION
Nous remercieront
nos amis de l’empressement qu’ils ont mis à répondre a notre appel en faveur
des malheureuses victimes de Liévin. Nous publions Lundi notre première
liste.
L’AVENIR
d’Arras et du Pas de Calais
Mardi
20 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G22/25
Le recueil de 13 listes de dons, du 20
janvier au 11 mars est à la fin de cette étude.
Souscriptions recueillies par
« le comité de Liévin. »
M. Raynal, ministre des travaux publics, ne
pouvant venir, en assistant lui même aux funérailles des victimes de l’accident
de Liévin, donner à la population minière une nouvelle preuve de l’intérêt que
lui porte le gouvernement de la République, avait chargé
M. Chancourtois,
inspecteur général des mines de l’y représenter. Par suite du malentendu qui a fait également croire dans
une partie de la région, que le service n’aurait lieu que le dimanche, M.
l’Inspecteur général est arrivé seulement dimanche matin ; il est descendu immédiatement dans la fosse n° 1,
visiter les lieux où l’explosion s’est produite.
Le Petit Nord publie l’allocution prononcée aux funérailles des
victimes de Liévin, par M. Dutemple, avocat à Cambrai, au nom du conseil
d’administration des mines de Liévin.
Nous complétons notre compte rendu de samedi
en donnant aujourd’hui le texte de cette allocution qui témoigne du profond
intérêt que la compagnie des mines de Liévin porte aux malheureuses victimes de
la catastrophe.
M. Dutemple s’est exprimé en ses termes :
« Messieurs,»
C’est au nom du
conseil d’administration de la Compagnie de Liévin que je prends la parole pour
dire un dernier adieu à ceux de nos malheureux ouvriers que nous accompagnons
jusqu’à leur dernière demeure, et pour remercier chacun de vous du témoignage
de sympathie qu’il nous apporte par sa présence à cette funèbre cérémonie.
Certes, si, en présence d’une catastrophe aussi effroyable que celle qui vient
de nous atteindre, il est pour nous quelque consolation, c’est de voir que tous
ceux qui, comme vous, sont animés de nobles sentiments, compatissent à nôtre
affection et à nôtre douleur ; c’est aussi
d’être pénétrés de cette conviction, que nul calcul, nulle prévision humaine ne
pouvaient la faire soupçonner ; c’est enfin,
d’avoir la conscience que tout à été fait pour combattre ou en atténuer les
terribles effets. Et maintenant que nous avons rempli ce premier devoir de la
reconnaissance en vous adressant à tous, à quelque titre que vous soyez ici, parents
ou amis, l’expression de notre plus vive gratitude, nous n’oublierons pas qu’il
nous en incombe deux autres :
» Le premier c’est de remercier MM. Les
ingénieurs, employés et ouvriers qui ont concouru avec tant de dévouement au
sauvetage sans tenir compte du danger qu’ils couraient eux mêmes, n’envisageant
que le but à atteindre.
» Le second, le plus impérieux de tous,
c’est de secourir, comme il convient à des gens de coeur de le faire, les
veuves et les orphelins de ceux qui ne sont plus ;
nous n’oublierons pas leurs mères, leurs pères étaient de la grande famille
dont les circonstances nous ont fait les chefs ;
nous ferons pour soulager leurs souffrances tout ce qui dépendra de nous dans
les plus larges limites du juste et de l’équitable. »
Dormez donc en paix, braves travailleurs,
malheureuses victimes d’un affreux accident. Vos camarades, et ceux dont vous
avez été les fidèles serviteurs vous adresse un dernier adieu.
L’AVENIR
d’Arras et du Pas de Calais
Mercredi
21 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G22/25
CATASTROPHE DE LIEVIN
COMITÉ CENTRAL
DE SECOURS
LE COMITE CENTRAL se compose de :
MM. André Déprez, député, conseiller
général, maire d’Harnes et Bancelin, sous préfet de Béthune, présidents.
Le docteur Marmottan, président des mines
de Buay.
Dupuich, maire de Béthune.
Mahieu-Sauvage, adjoint au maire de
Béthune.
Le Docteur Haynaut, conseiller
d’arrondissement à Béthune.
Legrelle, conseiller général, maire
d’Arras.
Ricouart, adjoint au maire d’Arras.
A.Lenglet, adjoint et conseiller
d’arrondissement d’Arras.
Deconinck,
négociant à Arras.
Hache, conseiller
d’arrondissement, maire de Loison.
P. Brasme,
conseiller d’arrondissement, à Bully-Grenay.
Poirrier, maire de
lens.
A.
Hugo, agriculteur
à lens.
Stiévenart,
industriel à lens.
Schmidt, maire de
Liévin.
Isidore Camus, adjoint
au maire de Liévin.
Le Comité Central prie toutes les
personnes qui veulent bien s’intéresser à son œuvre de constituer des comités
locaux pour recueillir les offrandes et faire circuler des listes de
souscriptions. Les comités locaux sont invités à vouloir bien se mettre, dès le
moment de leur formation, en rapport avec le Comité Central.
La
Compagnie des mines de Lens vient d’envoyer un secours de 2,000fr. en faveur
des veuves et des enfants des victimes.
Dans la nuit même de l’accident, elle avait
mis toutes ses ressources à la disposition de la Société de Liévin pour le
sauvetage et envoyé ses ingénieurs pour y coopérer par eux-mêmes. M.
l’ingénieur Dinoire n’a pas cessé de seconder ses collègues de Liévin dans la
direction des travaux et la recherche des victimes et il l’a fait avec un
dévouement absolu.
Ajoutons que, le jour des funérailles, la
Compagnies des mines de Lens à fait interrompre le travail de la fosse N°3,
afin de permettre aux ouvriers employés à cette fosse
Ouverture d’une souscription dans les
écoles publiques du département.
M. l’inspecteur d’Académie vient
d’adresser la lettre suivante à Mesdames les Institutrices et Directrices
d’Ecoles maternelles publiques, à Messieurs les Instituteurs publics du
département :
Arras, le 17 janvier 1885
Mesdames les Institutrices,
Messieurs les Institutaeurs,
Vous connaissez déjà la catastrophe de
Liévin : 28 ouvriers sont
morts, laissant leurs familles dans une affreuse misère.
M. le Préfet a pensé que les mitres et les
élèves de nos écoles publiques tiendraient à honneur de venir en aide, dans la
limite de leurs modestes ressources, aux veuves et aux enfants des malheureuses
victimes.
Sur ma proposition, ce haut magistrat
vient d’autoriser l’ouverture d’une souscription dans toutes les écoles.
En portant cette décision à votre
connaissance, je tiens, Mesdames les Institutrices et Messieurs les
Instituteurs, à bien déterminer le caractère de la souscription que nous
ouvrons.
Vous ne perdrez pas de vue ce que nous
vous avons rappelé dans l’Organisation Pédagogique récemment publiée ; Vous n’oublierez
pas que, si la charité et aussi obligatoire que la justice, elle est plus
indépendante ; que sa beauté
est précisément dans liberté… Les cotisations par vous recueillies devront donc
rester absolument volontaires, et aucune pression ne devra être exercée sur les
élèves.
Mais j’ai la conviction que, vous
inspirant de l’horrible catastrophe qui vient de se produire, vous y trouverez
le sujet d’une touchante leçon sur la charité ;
et je ne doute pas que, après vous avoir entendus, vos élèves ne se fassent
tous un devoir de s’associer à cette œuvre de bienfaisance, montrant ainsi que
la solidarité, la fraternité humaine n’est point une vaine formule, inscrite
seulement dans nos programmes, mais un sentiment généreux et fécond gravé au
fond des cœurs.
J’ajouterai que ce que nous devons rechercher avant tout, c’est la souscription
personnelle de l’enfant, s’imposant un sacrifice afin de prélever la part du
pauvre sur la petite somme qui lui est allouée, chaque dimanche, pour achat de
friandises ou pour menus plaisirs. Si même, cette semaine le sou de la caisse
d’épargne, le sou des bibliothèques devaient avoir une autre destination, nous
ne saurions nous en plaindre…
Les cotisations perçues dans chaque école
seront envoyées avant le 28 du présent mois à l’instituteur public du
chef lieu de canton, qui sera chargé de me les faire parvenir. Ce fonctionnaire
recevra en temps utile des instructions).
Je vous remercie à l’avance, Mesdames les
Institutrices et Messieurs les Instituteurs, du concours empressé que vous
apporterez à cette manifestation de la charité publique, et vous renouvelle
l’assurance de ma considération très distinguée.
L’inspecteur
d’Académie,
RIDOUX
L’AVENIR
de Saint Pierre du :
Jeudi
22 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G191/9
LA CATASTROPHE
DES MINES DE LIÉVIN
Mercredi, vers dix
heures du soir, une forte détonation réveilla en sursaut la population de
Liévin. Aussitôt tout le monde fut debout et le bruit courut qu’une catastrophe
venait de se produire à la fosse n°1.
Une vive émotion éclata dans toute la ville ; l’on comprend
que quelle anxiété chacun était pénétré puisque dans ce moment 75 ouvriers se
trouvaient dans la fosse 1. Les mines de
Liévin semblent sous le coup d’une fatalité qui ne se lasse pas.
En
février 1882 un coup de grisou faisait quatre victimes, dont 3 tués. En avril, nouvelle explosion qui tuait huit
ouvriers et en blessait quatre. Les deux accidents se produisirent à la fosse
n°5. Dans la même année, il y eut encore à la fosse n°3 plusieurs morts et
plusieurs blessés.
Enfin aujourd’hui à la fosse n°1 nous
avons 29 morts, 1 blessé grièvement, 1 disparu.
La foule arriva bientôt autour de cette fosse,
elle était terrifiée devant ce puits, vomissant une fumée épaisse ; les mineurs
étaient désespérés en songeant à leurs camarades, qui étaient au fond de ce
gouffre.
Les secours furent organisés par les ingénieurs de services.
La
fumée ayant cessée, il purent descendre dans la fosse et reconnurent l’endroit
où l’accident s’était produit ;
ils firent prendre immédiatement les mesures pour opérer le sauvetage.
Les chariots furent préparés et les médecins se groupèrent auprès de l’orifice de la
fosse. Au fonds du puits, les sauveteurs s’avancèrent résolument et se
trouvèrent tout à coup en face d’une catastrophe horrible, qu’ils étaient loin
de prévoir ; des éboulements
considérables leur barrèrent le passage. L’explosion s’était produite justement
dans la galerie d’aérage, située à environ quatre-vingt mètres du puits.
Les sauveteurs tournèrent la position et essayèrent d’y pénétrer par un
autre côté, mais là ils se trouvèrent encore en présence d’éboulements. Alors,
sans perdre de temps, on attaqua vigoureusement l’endroit où la conduite d’air
avait été coupée par un éboulement afin de la rétablir, mais a chaque coup de
pioche, des gaz s’échappaient par les fissures et menaçaient ’asphyxier les
travailleurs. Trois fois ils abandonnèrent leur dangereuse tâche et trois fois
ils reprirent courageusement.
Après des efforts inouïs ;
on avança, vers onze heures, on commença à percevoir quelques gémissements
partant du gouffre où l’on savait 75 malheureux renfermés, en proie à
d’immenses terreurs. Quelques cris furent entendus, ce qui redoubla le courage
des travailleurs.
Un
drame saisissant se passait dans ce souterrain. Enfin, on parvint à dégager une
galerie où se trouvaient 15 mineurs sains et saufs ! On était à 200
mètres du puits.
On
les transporta au courant d’air, on leur donna des soins, on leur fit respirer
de l’éther, et quand ils se sentirent mieux, ces braves gens vinrent se joindre
aux travailleurs, et leurs indications servirent à mieux diriger les recherches : ils
désignaient les points où il fallait
frapper.
Une heure après, on sauvait encore douze mineurs blottis derrière une
porte.
Une demi-heure écoulée en vigoureux efforts permettait de retirer de
nouveau dix-sept mineurs sains et saufs.
Mais il en manquait 31 !
Ici le drame prend de lugubres proportions :
Sur
ces 31 manquants, on retrouve 27 cadavres ! deux hommes seulement étaient vivants,
mais dans un pitoyable état. On
retrouvait les corps brûlés ou asphyxiés, ça et là, dans des positions qui
dénotaient l’affolement auquel avaient été livrés ces malheureux, cherchant à
fuir la mort qui les étreignait.
Enfin, jeudi, à deux heures de l’après-midi, le dernier cadavre était
remonté au jour.
La
gendarmerie, qui était survenue, maintenait l’affluence du monde éloignée de la
fosse, afin de laisser les secours se
produire plus à l’aise. Mais elle avait grande peine à contenir cette foule
affolée et en proie à de terribles angoisses. Ces femmes et enfants qui
attendaient les unes leurs maris, les autres leurs pères, offraient un
spectacle navrant.
Chaque fois qu’un cadavre était reconnu, on appelait la famille, à
laquelle on livrait la lamentable épave. On n’entendait plus alors que des
sanglots qui éclataient à la suite des lugubres cortèges.
Il
y a une famille dont le père et le fils aîné ont été tués. Une malheureuse
femme reste veuve avec quatorze enfants !
La
plupart des victimes sont d’origine belge ; deux seulement étaient célibataires. La
seule des 31 victimes qui ne soit pas morte, survivra probablement à ses
blessures, c’est le mineur Cornet qui était chargé de préparer, avec un de ses
camarades le trou de mine où l’on plaça la dynamite. Il a pu donner quelques
détails sur ce qui s’est passé.
« je venais de
finir, dit-il, le travail préparatoire pour faire sauter la mine, afin
d’agrandir la galerie ; j’appelai le
boute-feu, Jean Reumaux, qui examina s’il n’y avait pas de grisou, et qui nous
dit que c’était en état et qu’on pouvait mettre le feu. Nous primes alors nos
dispositions et Reumaux alluma la mèche. Aussitôt une effroyable explosion se produisit
… je me sauvai et je tombai presque aussitôt.. Et je ne me rappelle plus de ce
qui s’est passé ensuite… »
il
résulte de l’enquête faite par les ingénieurs de la Compagnie après la déclaration du mineur Cornet , que la
cause de l’explosion est l’enflammement de la poussière de charbon qui s’adapte aux boiseries qui
forment les galeries. Ce qui corrobore cette opinion, c’est que dans la galerie
où a eu lieu l’explosion, il existe un courant d’air qui ne permet pas au grisou d’y séjourner.
LE
PAS DE CALAIS
Jeudi
22 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G52/23
Liévin.- La catastrophe de
Liévin.-
Nous apprenons avec satisfaction que
l’enquête ouverte sur la cause de l’explosion du 14 janvier suit son cours
régulier.
On nous annonce que les résultats de
l’enquête seront publiés suivant les prescriptions de la loi ; il est grand
temps en effet que les ouvriers mineurs soient rassurés.
Etant données deux compagnies houillères,
celle de Liévin et de Lens, exploitant des veines contigus et situées sous le
sol de la même commune, trouver la cause en vertu de laquelle toutes les
explosions de grisou, et notamment les quatre dernières qui ont tué 54 ouvriers
depuis vingt et un mois, se produisent exclusivement dans les fosses de la
compagnie des mines de Liévin.
L’AVENIR
d’Arras et du Pas de Calais
Vendredi
23 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G22/25
CONCERT
DE LA FANFARE DU COMMERCE
Nos appels en
faveur des malheureuses familles de Liévin ont été entendus.
Avec une généreuse initiative, la Fanfare du
Commerce a organisé le premier concert en leur profit. Il aura lieu dimanche
prochain 25 janvier en la salle du théâtre. La Fanfare s’est assuré le concours
de Mlle Edith Ploux, des concerts populaires ; de M ; Courtin et Huchette ; au Conservatoire
national de Bruxelles ; de M. Delbarre, piston
solo de l’Harmonie de Liévin ;
M. Ch. Vaillant, pianiste accompagnateur.
L’attraction de la soirée sera à coup sûr un
groupe de Mandoliste amateurs Lillois, qui, se dévouant aux oeuvres de
bienfaisances, viendront, sur la demande de la Fanfare, nous donner quelques
morceaux de leur répertoire, à l’instar des tziganes.
Le prix du cachet est fixé à 1 franc. Pour la
location, elle est tarifiée au prix habituel des places de théâtre.
Avec un tel programme, nous prédisons à la
Fanfare du Commerce un grandissime succès artistique et pécuniaire.
LE
PAS DE CALAIS
dimanche
25 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse / Bibliothèque : G53/34
LA CATASTROPHE DE LIEVIN
UNE PREMIERE
VISITE PASTORALE
Ce sont les malheureuses familles des
victimes de Liévin qui ont eu dans notre diocèse, la première visite pastorale
de leur évêque, - visite improvisée, on le comprend, et rendue lugubre par les
circonstances dans lesquelles elle s’est produite.
Monseigneur Dennel, prévenu de la catastrophe
vendredi dans la matinée, a quitté Arras par le premier train. Il est resté à
Liévin jusqu’au soir. Accompagné de Monsieur le curé, de l’agent général et du
maire, il a visité successivement toutes les familles frappées par le sinistre.
Plusieurs fois il a fallu traverser des champs couvert de neige, dans laquelle
on s’entassait jusqu’aux genoux. Le vénérable visiteur n’a point hésité devant
ces difficultés. Il a distribué parfois des secours matériels proportionnés aux
besoins des malheureux, en les accompagnant des paroles affables dont il a le
secret, et des consolations spirituelles qui seul sont efficaces en cette
circonstance.
Monseigneur
a été accueilli avec les marques de la
plus respectueuse sollicitude.
Il y a quelques jours en
visitant un de nos établissements catholiques, il était accueilli par ces vers ;
.....................................
« Dans
les chantiers et dans la mine,
« Sur
tous les points de notre Artois,
« Le
castel et l’humble chaumière,
...................................
« Chantent leur ange tutélaire,
« Leur évêque tant désiré. ».
On ne se doutait point que cette parole dû si
trouver si tôt et si douloureusement sa complète réalisation.
L’ENQUETE
Nous apprenons avec satisfaction que l’enquête
ouverte sur la cause de l’explosion du 14 janvier suit son cours régulier.
On nous annonce que les résultats de
l’enquête seront publiés suivant les prescription de la loi : il est grand
temps en effet que les ouvriers mineurs soient rassurés.
Le problème a résoudre est d’ailleurs bien
simple.
Etant données deux compagnies houillères,
celle de Liévin et celle de Lens, exploitant des veines contigus et situées
sous le sol de la même commune, trouver la cause en vertu de laquelle toutes
les explosions de grisou, et notamment les quatre dernières qui ont tués 54
ouvriers depuis vingt et un mois, se produisent exclusivement dans les fosses
de la compagnie de Liévin.
L’AVENIR
de Saint Pierre
Jeudi
29 janvier 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G191/9
LIEVIN - Les funérailles des malheureuses
victimes de la catastrophe de Liévin ont eut lieu samedi matin au milieu d’une
affluence considérable.
Le
convoi était composé d’une file de vingt-sept cercueils, suivis chacun des plus
proches parents des décédés. Rien n’était plus navrant et douloureux que ce
spectacle. Les assistants ont été surtout vivement impressionnés à la vue du
cercueil de Henri Lebrun que suivaient sa veuve et ses quatorze enfants, dont
le plus jeune est âgé de 14 mois seulement.
Les membres du conseil d’administration de la Compagnies de Liévin et la
plupart des fonctionnaires du gouvernement assistaient aux obsèques.
Les mineurs des grands centres houillers :
Denain, Erre, Somain, Anzin, Hénin-Liétard et Billy-Montigny, avaient envoyé
des députations.
La
musique de Liévin a fait entendre plusieurs marches funèbres. Tous les
cercueils ont été réunis dans une fosse commune.
L’AVENIR d’Arras et du Pas de Calais
Samedi 31 janvier 1885
Archives départementales du Pas de Calais
Cote archives : Presse / Bibliothèque : G22/25
BULLY-GRENAY.- Grâce à
l’initiative généreuse de la direction Dartés et Gérard, une représentation
théâtrale extraordinaire, au profit des victimes de la catastrophe de Liévin,
aura lieu à Bully-Grenay le lundi 19 février prochain. Le mouvement charitable
provoqué par d’aussi grandes infortunes ne se ralentit point, mais il y a
encore tant de misères à soulager ! Honneur à cette
troupe d’artistes, venant apporter son appoint à l’atténuation des besoins
urgents qui assaillent de pauvres veuves, et beaucoup de malheureux orphelins.
Nous savons que la troupe Dartés et Gérard
organise, sous le patronage des municipalités, dans presque toutes les villes
du Pas de Calais qu’elle dessert, des représentations destinées à cette oeuvre
de bienfaisance, ne prélevant sur les recettes faites par les soins des
autorités, que les frais nécessités par le département et le concours de cette
troupe ; nous savons en
outre, que ses propositions ont reçu partout le meilleur accueil.
On ne saurait trop en pareille circonstance,
féliciter et remercier Mme. La directrice du théâtre de Béthune, de sa
prévenante offrande, et de son concours absolument gratuit, en faveur de ces
nombreuses familles nécessiteuses.
LE
PAS DE CALAIS
dimanche
1 février 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G52/23
La fanfare du commerce vient d’envoyer au
Comité de secours de Liévin, la somme de 1.002 f.50, bénéfices réalisés par le
concert du 25 janvier.
Toutes nos félicitations à l’excellente
Fanfare pour sa pensée généreuse.
LE
COURRIER du Pas de Calais
mercredi
4 février 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G2/8A
Il y a quelques jours, un certain nombre de
journaux de la région reproduisaient un article tiré d’une feuille parisienne,
à propos de l’accident de Liévin.
Cet article fut d’autant plus remarqué
qu’il était profondément injuste.
Chacun sait que, dans les catastrophes qui
viennent trop souvent décimer nos braves mineurs, il n’est personne, depuis le
directeur ou l’ingénieur en chef, jusqu’au dernier galibot, qui ne soit prêt à
se dévouer, à s’exposer aux plus grands dangers pour sauver les ouvriers enfouis
dans la mine.
Ce sentiment existe à un si haut point que,
tant qu’il reste un homme à découvrir, les recherches ne se ralentissent pas,
si un peu d’espoir qu’il puisse y avoir de le retrouver encore vivant.
Il
est donc souverainement injuste de
vouloir le confisquer au profit d’un seul, et alors que, tout le monde le sait,
dans la douloureuse circonstance dont il s’agit, le personnel des mines de
Liévin n’a point failli à sa tâche d’honneur et de dévouement.
Chacun
s’est plu, comme nous, à lui rendre l’hommage qu’il méritait.
Nous ne sommes donc pas surpris que l’article
dont nous venons de parler ait froissé de justes susceptibilités et provoqué la
réponse suivante, qui a été adressée à l’Echo du Nord ;
Liévin, 30
janvier.
Suivant mon humble avis, les journalistes ou
autres profanes du pont des vaches devraient éviter, autant que possible, les
dissertations concernant les Indes noires. Et cela, par la raison qu’ils
s’y entendent autant que je m’entends à l’histoire des Hébreux.
Je vois en ce moment, dans la Petit
République française, un article (de trois colonne, s’il vous plait)
consacré à la catastrophe de Liévin, qui me scie littéralement le dos, à moi,
mineur, et qui fera hausser les épaules à plus d’un métier.
Il est dit, entre autres choses, que M.
Dinoire, ingénieur à la fosse 3 de Lens, a fait, en descendant à la fosse n°1
de Liévin, à la suite du coup de grisou, une trouvaille de cinq hommes à
demi-morts qu’il a pu rappeler à la vie, qu’il s’est exposé à être asphyxié par
les gaz délétères, qu’il a risqué cent fois d’avoir le plafond (pourquoi pas le
plancher ?) sur le dos,
etc., etc.
Certes, je rends
grâce à M. Dinoire et suis le premier à reconnaître qu’en cette terrible
circonstance, il a fait preuve de dévouement et d’esprit de solidarité, lui
étranger à la mine, en nous apportant son concours empressé ; mais ce que je
tiens à établir, c’est que 1e lorsque M. Dinoire est descendu, il y
avait sept heures que le ingénieurs et employés de la Compagnie de Liévin
mangeait de l’acide carbonique et s’exposaient à avoir le plafond sur le dos,
et que : 2e il
y avait cinq heures que le dernier survivant était remonté.
M. Dinoire, n’a donc dû rappeler personne à
la vie et n’a pu s’exposer à l’asphyxie puisqu’il ne restait plus de gaz
délétères lorsqu’il est descendu.
Et, du reste, comment admettre qu’un
étranger à la mine puisse comme on veut le faire entendre, diriger les travaux
de sauvetage, lorsqu’un habitué lui-même se perd dans le dédale inextricable
des galeries.
Non, avec les meilleures intentions du monde
et le plus grand dévouement possible, M. Dinoire ne pouvait aller que là où on
le conduisait ; c’est ce qu’il a
fait et c’est ce que peut affirmer votre humble serviteur, qui lui a servi de
cicérone.
F. DEMOY,
Vérificateur aux
mines de Liévin.
Le total général des souscriptions
recueillies jusqu’à ce jour pour les victimes de la catastrophe, se monte à
24,948 fr. 35.
L’AVENIR
d’Arras et du Pas de Calais
Samedi
7 février1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G22/25
SOIREE DE LA FRATERNELLE
En faveur de l’oeuvre des victimes
de Liévin à laquelle la Fraternelle tenait à honneur de coopérer, la jeune et
active société avait élargi hier les limites de l’intimité ordinaire de ses
réunions de chaque mois. Elle avait ouverte toutes grandes ses portes, grâce au
nombreux public qui avait répondu à son appel, grâce à l’intéressant programme
composé pour elle par cet amateur aussi habile que dévoué qui au nom de M.
Amas, ce n’était plus une soirée intime que nous assistions hier, - mais à une
véritable séance qui n’eût point été déplacée à la salle des concerts, voire au
théâtre.
L’AVENIR
d’Arras et du Pas de Calais
Jeudi
12 février1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G22/25
CATASTROPHE
DE LIEVIN.
On lit dans le numéro du 5 février du
Journal Pédagogique :
L’horrible catastrophe de Liévin, a, on le
sait, plongé dans la misère les familles des 28 ouvriers qui ont trouvés la mort.
L’opinion publique s’est justement émue ; et, de toutes parts, des souscriptions
ont été ouvertes pour venir en aide aux veuves et aux enfants des malheureuses
victimes.
Nos établissements universitaires, à tous
les degrés, ne pouvaient demeurer étrangers à cette manifestation de la charité
publique. Tous on voulu affirmer, une fois de plus, les sentiments de
fraternité, de solidarité, qui sont le fondement et l’honneur de notre
éducation nationale.
1.534 fr. 76 centimes ont été versés par
des Collèges de garçons et des Cours secondaires de jeunes filles.
Ces souscriptions se décomposent ainsi :
Lycée de Saint-Omer |
162.33 |
Collège d’Arras |
300 |
de Béthune |
80 |
de Boulogne |
219 |
de Calais |
117.10 |
d’Hesdin |
39 |
de Saint-Pol |
126.33 |
Cours secondaires de jeunes filles d’Arras |
68 |
de Béthune |
70 |
de Boulogne |
215 |
de Calais, |
56 |
de Saint-Omer |
82 |
|
|
Total |
1354.76 |
183 francs ont été souscrits par le personnel
et les élèves de nos écoles normales.
Quant à la souscription ouverte dans
toutes nos écoles publiques, elle a déjà atteint le chiffre de 9,926 fr. 70. Le
journal pédagogique est d’autant plus heureux d’enregistrer un tel résultat,
que le somme ainsi recueillie représente bien l’économie de l’enfant, le
sacrifice qu’il s’est volontairement imposé pour soulager une cruelle
infortune. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que les institutrices ont prêché
l’exemple et qu’ils se sont fait un devoir de contribuer, dans les limites de
leurs ressources, à cette oeuvre de bienfaisance. Que tous maîtres et élèves,
reçoivent nos cordiales félicitations.
Le grand nombre des écoles publiques (1457 au
1er juillet dernier) ne nous permet pas de faire connaître à nos
lecteurs la somme versée par chacune de nos écoles ; la publication
d’une telle liste remplirait, à elle seule, plus de 30 pages de notre journal.
Nous nous bornerons donc a indiquer le montant des souscriptions pour chacun
des 44 cantons du département :
Ville | Somme en francs |
Arras (Nord et Sud, |
458.65 |
Bapaume | 165.25 |
Beaumetz les Loges | 196.40 |
Bertincourt | 150.05 |
Croisilles | 224.90 |
167.95 | 167.95 |
Pas | 194.35 |
Vimy | 240 |
Vitry | 269.45 |
Béthune | 246.50 |
Houdain | 309.55 |
Cambrin | 200.04 |
Carvin | 233.85 |
Laventie | 156.40 |
Lens | 704.25 |
Lillers | 276.75 |
Norrent-Fontes | 234.75 |
Boulogne (Nord et Sud) | 439. 60 |
Calais, | 755.90 |
Desvres | 183.65 |
Guînes | 181.55 |
Marquise | 209.15 |
Samer, |
283.10 |
Campagne | 179.35 |
Etaples | 144.85 |
Fruges | 137.80 |
Hesdin | 166.39 |
Hucqueliers | 108.85 |
Montreuil | 402.55 |
Aire | 213.10 |
Ardres | 216.80 |
Audruicuq | 184.15 |
Fauquembergues | 136.45 |
Lumbres | 224.20 |
Saint Omer (Nord et Sud) | 208.65 |
Aubigny | 178.15 |
Auxi le Château, | 168. 60 |
Avesnes le comte | 197 |
Heuchin |
177.02 |
Le Parcq | 138. 95 |
Saint Pol | 258.80 |
Total | 9.926.70 |
Quelques écoles libres ont adressés leur
offrande à M. l’inspecteur d’Académie : 271 fr. 95 ont été ainsi recueillis. Nous
remercions les maîtres et les élèves de leur généreuse initiative.
Enfin, 161 fr. 25 ont été adressé pour le
même objet à l’inspection Académique par plusieurs communes ou particuliers.
Ces divers souscriptions (en y comprenant la
somme de 82 fr. versée par les fonctionnaires du service Académique.-
Inspecteur d’Académie, inspecteurs primaires, et employés des bureaux-) ont
atteint à cette heure, la somme de 12,159 fr. 66.
Cette somme sera versée dans quelques
jours par M. l’inspecteur d’Académie entre les mains de M. le maire de Liévin.
L’AVENIR
d’Arras et du Pas de Calais
Samedi
14 février 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G22/25
Si la musique n’adoucit pas toujours les moeurs
et n’établit point partout le règne de l’accord parfait, au moins est-elle le
ressort principal de la bienfaisance, à en juger par ce qui se passe à Arras.
Ce concert est le troisième qu’après les
souscriptions particulières au profit des victimes de la catastrophe de Liévin.
En pareille circonstance, le but prime les
moyens. Aussi, faute d’analyser dans ses détails l’agréable concert d’hier, il
nous suffira de féliciter et de remercier à la fois les dévoués artistes qui y
ont apporté leurs concours :
en première ligne MM. Nast frère, les promoteurs, MM. Sévin, Wavelet et
Hecquet, d’Arras, MM. Delcourt et Lévêque, de Liévin, et le jeune Fauvelle,
qu’on va sacrer « petit prodige ».
Nous souhaitons que la recette ait été
bonne et qu’une belle offrande versée au comité de secours viennent récompenser
nos amateurs de leurs peines et du talent qu’ils ont dépensé hier.
C.
V.
L’AVENIR
d’Arras et du Pas de Calais
dimanche
15 février 1885
Archives
départementales du Pas de Calais
Cote
archives : Presse /
Bibliothèque : G22/25
On lit dans le numéro du 5 février du Journal
Pédagogique :
L’horrible catastrophe de Liévin, a, on le
sait, plongée dans la misère les familles des 28 ouvriers qui y ont trouvé la
mort. L’opinion publique s’est justement émue ; et, de toutes parts, des souscriptions
ont été ouvertes pour venir en aide aux veuves et aux enfants des malheureuses
victimes.
Nos établissements universitaires, à tous
les degrés, ne pouvaient demeurer étrangers à cette manifestation de la charité
publique. Tous on voulu affirmer, une fois de plus, les sentiments de fraternité,
de solidarité, qui sont le fondement et l’honneur de notre éducation nationale.
1.534 fr. 76 centimes ont été versés par
les fonctionnaires et les élèves du Lycée, des Collèges de garçons et des Cours
secondaires de jeunes filles.
Ces souscriptions se composent ainsi :
Lycée de Saint Omer | 162.33 |
Collège d’Arras |
300 |
Béthune | 80 |
Boulogne | 219 |
Calais | 117.10 |
Hesdin, | 39 |
Saint Pol | 126.33 |
Cours secondaires de jeunes filles |
68 |
Béthune | 70 |
Boulogne | 215 |
Calais | 59 |
Saint Omer | 82 |
Total | 1534.76 |
183 francs ont été souscrits par le
personnel et les élèves des écoles normales.
Quant à la souscription ouverte dans toutes
nos écoles publiques, elle a déjà atteint le chiffre de 9,926 fr.70. Le Journal
Pédagogique est d’autant plus heureux d’enregistrer un tel résultat, que la
somme ainsi recueillie représente bien l’économie de l’enfant, le sacrifice
qu’il s’est volontairement imposé pour soulager une cruelle infortune. Nous
n’avons pas besoin d’ajouter que les instituteurs et les institutrices ont
prêché d’exemple et qu’ils se sont fait un devoir de contribuer, dans la limite
de leurs ressources, à cette oeuvre de bienfaisance. Que tous maîtres et
élèves, reçoivent nos cordiales félicitations.
Le grand nombre des écoles publiques (1457 au 1er juillet dernier) ne nous permet pas de faire connaître à nos lecteurs la somme versée par chacune de nos écoles ; la publication d’une telle liste remplirait, à elle seule, plus de 30 pages de notre journal. Nous nous bornerons donc a indiquer le montant des souscriptions pour chacun des 44 cantons du département :
Ville | Somme en francs |
Arras (Nord et Sud, |
458.65 |
Bapaume | 165.25 |
Beaumetz les Loges | 196.40 |
Bertincourt | 150.05 |
Croisilles | 224.90 |
167.95 | 167.95 |
Pas | 194.35 |
Vimy | 240 |
Vitry | 269.45 |
Béthune | 246.50 |
Houdain | 309.55 |
Cambrin | 200.04 |
Carvin | 233.85 |
Laventie | 156.40 |
Lens | 704.25 |
Lillers | 276.75 |
Norrent-Fontes | 234.75 |
Boulogne (Nord et Sud) | 439. 60 |
Calais, | 755.90 |
Desvres | 183.65 |
Guînes | 181.55 |
Marquise | 209.15 |
Samer, |
283.10 |
Campagne | 179.35 |
Etaples | 144.85 |
Fruges | 137.80 |
Hesdin | 166.39 |
Hucqueliers | 108.85 |
Montreuil | 402.55 |
Aire | 213.10 |
Ardres | 216.80 |
Audruicuq | 184.15 |
Fauquembergues | 136.45 |
Lumbres | 224.20 |
Saint Omer (Nord et Sud) | 208.65 |
Aubigny | 178.15 |
Auxi le Château, | 168. 60 |
Avesnes le comte | 197 |
Heuchin |
177.02 |
Le Parcq | 138. 95 |
Saint Pol | 258.80 |
Total | 9.926.70 |
Quelques écoles libres ont adressés leur
offrande à M. l’inspecteur d’Académie : 271 fr. 95 ont été ainsi recueillis.
Nous remercions les maîtres et les élèves de leur généreuse initiative.
Enfin, 161 fr. 25 ont été adressé pour le
même objet à l’inspection Académique par plusieurs communes ou particuliers.
Ces divers souscriptions (en y comprenant
la somme de 82 fr. versée par les fonctionnaires du service Académique.-
Inspecteur d’Académie, inspecteurs primaires, et employés des bureaux-) ont
atteint à cette heure, la somme de 12,159 fr. 66.
Cette somme sera versée dans quelques
jours par M. l’inspecteur d’Académie entre les mains de M. le maire de Liévin.
Sources :
-
Archives départementales du Pas de Calais
-
Association « Les
Passions de la Gohelle » de
Bully-les-mines
-
Association «
Mining »
-
Bureaux de ‘Etat Civil de la Ville de Liévin
-
Photothèque : Caron Denis
Publication : 12/2006
Etude
réalisée par :
Denis
CARON
Et la collaboration de Mr C.
Cette catastrophe fit 28 morts et 20 rescapés (ce mot n’existait pas à ce moment-là il a été généré à la catastrophe de Courrières en 1906)
Les hommes étaient âgés de 19 ans à 47ans et parmi eux des belges venus travailler chez nous
1
2 3 4 5 6 7 8 9
10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28
29
|
Frère Simon (retiré vivant encore, a succombé plus tard) Louis Hainaut (Porion) Morel François (père)
Dumas Cornet Grièvement blessé
* neuf chevaux auraient aussi péri |
célibataire, (allait se marier le samedi) Marié Marié Marié Marié Célibataire Marié Marié marié
Marié Marié Marié Marié Marié Célibataire Marié Marié Marié Marié Marié Célibataire Marié Marié Marié Marié Marié Marié Marié
Marié
|
24 ans
38 ans 33 ans 31 ans 30 ans 25 ans 42 ans 40 ans 44 ans
35 ans 47 ans 33 ans 46 ans 41 ans 31 ans 34 ans 44 ans 35 ans 30 ans 47 ans 19 ans 46 ans 41 ans 42 ans 35 ans 37 ans 28 ans 42 ans
|
5 enfants
14 enfants
5 enfants
1 enfant
4 enfants 7 enfants
|
Péronnes (B)
Denain Trazenies (B) Paris Paris Paris Estrée Gilly (B) Gilly (B)
Pahérages Lourches Denain Lamion Gozée (B) Quaregnon (B) Hermaville Serang Arras Elouges Thélus Juigné Albaretz Pont de Seine Jemeppes Namur (B) Carençy Hingéon (B) Lens
|
Wantiez Louis
Simon Alphonse Joseph
Rumeaux Francois Alexandre
Résende Léopold
Radelet Joseph
Oudart René Henri
Morel Francois
Morel Constant
Millot Aimable
Mathieu Francois
Mary Louis
Manouvrier Emile
Level Emile
Legrand Jean Baptiste
Leghai Francois
Lebrun Henri
Hourdequin Auguste
Hainaut Louis
Glineur Emile
Frere Simon
Frere Francois
FielinVictor
Durand Paul
Dieu Alexis Joseph
Conry Paul
Chapelle Noel Joseph Guislain
Bertin Victor Joseph
Bertiaux Augustin
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