Catastrophe de Drocourt 20 Janvier 1890 5 morts 9 blessés
Un terrible accident s'est produit aux mines de Drocourt pendant la soirée de lundi. Probablement par suite d'un taux mouvement, la cage qui remontait les ouvriers a été arrêtée dans son mouvement ascensionnel et est redescendue avec une rapidité vertigineuse. Deux mineurs ont été tués sur le coup ; dix-sept autres ont été plus ou moins grièvement blessés.
Le mécanicien qui conduisait la machine motrice au moment de l'accident a été arrêté et conduit à la Maison d'arrêt de Béthune.
Responsabilité établie
Il résulte d'expériences faites jeudi après-midi à la fosse Parisienne des mines de Drocourt devant M Théret, substitut du procureur de la République, M. Delali, juge d'instruction, Perrère, garde-mines, M. Gest, lieutenant de gendarmerie, M. Delmiche, ingénieur-directeur de la compagnie, M. Bardiaux, sous-ingénieur mécanicien et l'inculpé, Charles-Michel Délécolle, que ce dernier est entièrement responsable de l'accident survenu lundi.
De plus Délcolle était bien de service depuis 20 heures, mils ce n'était pas d'après l'ordre de la compagnie.
Les mécaniciens eux-mêmes s'étaient entendus entre eux pour remplacer un collègue malade. Il faut dire toutefois qu'ayant quitté son service le dimanche à 6 heures du soir sans avoir pu se reposer à cause, dit-il, du tapage qu'on a fait toute la journée dans la maison où il loge.
Quand l'accident est survenu il y avait près de 48 heures qu'il n'avait pas dormi. On conçoit assez qu'il ait eu un moment d'absence.
Journal de Fourmies 23/01/1890
Terrible catastrophe à Drocourt QUATRE MORTS -- 20 BLESSÉS
Un épouvantable accident s'est produit lundi après-midi à la Fosse la Parisienne des mines de Drocourt. Voici quelques renseignements sur cette terrible catastrophe :
Dans l'après-midi de lundi, vers deux heures, les ouvriers de la fosse la Parisienne, des mines de Drocourt, située à trois kilomètres d'Henin-Liétard, remontaient au jour. Dans la première cage se trouvaient deux porions, les sieurs François Payen et Eugène Drumont, quelques ouvriers et une quinzaine de galibots. Tout à coup, le mécanicien Charles-Michel Delecolle, qui dirigeait la remonte s'aperçut - a-t-il déclaré — que la cage remontait avec une vitesse exagérée ; il renversa aussitôt la vapeur et mis bas les détentes pour serrer les freins. La cage était alors à dix mètres à peine de l'ouverture de la fosse et quand le mécanicien voulut serrer le frein d’arrêt, il constata avec terreur qu'il ne fonctionnait pas. Entrainée par son mouvement ascensionnel qu'il était impossible d'enrayer, la cage sortie du puits et fut projetée contre les molettes, énormes poulies sur lesquelles s'enroulent les câbles qui soutiennent les cages et qui tournent autour d'axes solides fixés dans un beffroi qui surmonte l'orifice du puits.
Un épouvantable choc se produisit : la cage fut en partie détruite, démolissant elle-même les charpentes de fer qui soutenaient les molettes. Les malheureux qui se trouvaient dans la cage furent écrases, broyés dans cet amas de fer. Ce fut une scène terrible. Le bruit du choc, les cris affreux des blessés attirèrent rapidement un grand nombre d'ouvriers.
Deux de ces malheureux ont été tués sur le coup, deux autres sont morts dans la nuit et vingt autres sont blessés plus ou moins grièvement.
La gendarmerie d'Hénin-Liétard, après enquête a mis Delecolle, le mécanicien, en état d'arrestation et l'a conduit à la maison d'ana de Béthune.
L’intransigeant 24/1/1890
ARRAS, janvier. Quatre ouvriers mineurs ont trouvé la mort dans un terrible accident de mines, à Drocourt
La cage renfermant une trentaine d'ouvriers remontait à toute vitesse, lorsque le mécanicien, voulant serrer le frein d'arrêt, constata avec terreur qu'il ne fonctionnait pas. Entraînée par son mouvement ascensionnel, la cage monta jusqu'aux molettes, énormes poulies autour desquelles s'enroulent les câbles ; un épouvantable choc Se produisit, la cage fut en partie détruite ; démolissant les charpentes en fer qui soutenaient les molettes.
Les malheureux qui se trouvaient dans la cage furent écrasés dans cet amas de fer. Deux furent tués sur le coup, deux autres succombèrent quelques heures après. Enfin, une vingtaine furent blessés, dont quinze très grièvement. Trois seulement des ouvriers que renfermait la cage ne reçurent aucune contusion.
Le mécanicien de service au-moment de lia catastrophe a été mis en état d'arrestation.
L’univers 24/01/1890
Catastrophe des mines de Drocourt
Voici les détails complets sur le déplorable accident Survenu lundi après-midi à la fosse Parisienne des mines de Drocourt, située à 3 kilomètres d'Hénin-Liétard :
Depuis le matin, la machine à vapeur servant à faire monter et descendre les berlines dans la cage de l'ascenseur marchait à toute vitesse et en une minute le charbon était amené sur le palier d'une profondeur de 600 mètres.
A deux heures de l'après-midi, vingt mineurs prenaient place dans les berlines pour remonter au jour. La machine conservait toujours la même allure. A cent cinquante mètres du fond, le machiniste Delecolle, s'apercevant que le chargement était moins lourd et que les berlines, d'après son indicateur, montaient avec une rapidité vertigineuse, renversa le vapeur et mit les détentes eu bas.
Quand la cage n'est plus qu'à dix mètres du jour, Dolecolle, en présence du danger qui menace les mineurs accroupis dans les berlines, cherche à serrer le frein ; mais celui-ci, malheureusement, ne fonctionne pas.
La cage, continuant son ascension rapide, va heurter violemment le sommet du bâtiment où, sont placées les molettes. Le choc fut épouvantable.
M. Delmiche, ingénieur et directeur des mines, accourt et organise les premiers secours en attendant l'arrivée du médecin de la compagnie, M. 'Tellier. Les deux berlines, ramenées sur le palier, offrent un spectacle épouvantable. Sur vingt mineurs, deux_ ont été tués sur le coup ; ce sont les nommés François Payen, âgé de 45 ans Achille Moreau, âge de 15 ans, demeurant tous deux à Hénin-Liétard ; dix autres sont grièvement blessés. Voici leurs noms :
Victor Payen, âgé de quinze ans, domicilié à, Hénin-Liétard ; Eugène Drumont, âgé de 48 ans ; Antoine Ledieu, âgé de 15 ans; Joseph Chartier, âgé de 16 ans ; Elle Ronvau, âgé de 16 ans ; François Vandeval, âgé de 17 ans ; Paul Faidherbe, âgé de 15 ans ; Eugène Ledieu, âgé de 18 ans ; Camille Pirotte, âgé de 14 ans, demeurant tous dans lescorons de Drocourt. Deux de ceux-ci viennent de succomber, ce qui porte à quatre le nombre des morts.
Enfin sont atteints légèrement : Nicolas Faidherbe, âgé de quinze ans, de Drocourt ; Alexandre Becquet, âgé de quatorze ans, et Ernest Cappe, âgé de quatorze ans, tous deux de Rouvroy ; Clément Ronvau, âgé de quatorze ans ; Comille Armant, âgé de quatorze ans, et Juvénal Mathon, âgé de quinze ans, ces trois derniers de Drocourt.
Deux ouvriers seulement sont sains et saufs.
Le machiniste Delecolle, sur qui semble retomber la responsabilité de cette catastrophe, a été arrêté et conduit à. la prison de Béthune ; il est âgé de vingt-quatre ans.
Interrogé, Delecolle a reconnu que sa machine avait, en effet, une allure trop vive, mais il prétend que les mécaniciens avaient reçu l'ordre de faire marcher le plus rapidement possible leurs machines ; qu'il était, en outre, de service depuis près de 24 heures par suite de l'absence d'un de ses collègues malade et qu'enfin si le frein avait fonctionné, l'accident ne se serait pas produit. Il attribue ce non-fonctionnement du frein à la suppression du purgeur par ordre supérieur. La vapeur s'étant condensée, le cylindre, d'après lui, s'est rempli d'eau et le frein n'a plus marché. Quand l'accident est survenu, il y avait trois heures qu'il n'avait pas eu recours au frein.
L'enquête minutieuse qui est commencée fera connaitre d'une façon précise sur qui doivent peser les responsabilités de cette épouvantable catastrophe.
Le cri du peuple 27/1/1890
Voie' quelques nouveaux renseignements sur le triste accident. De Drocourt :
Le chiffre des morts est actuellement six morts quatre blessés sont dans un état désespéré. •
Le mécanicien Delecolle avait eu le tort de faire remonter la cage trop rapidement, et n'avait pu serrer le frein à temps. Ce frein était, parait-il, en mauvais état.
Delecolle a ajouté que par suite de la maladie d'un camarade, atteint par l'influenza, il travaillait depuis vingt-quatre heures sans interruption. II affirme enfin que, en présence de l'augmentation sans cesse croissante de l'extraction, les ingénieurs lui avaient ordonné lors de la remonte des ouvriers ou du charbon, d'accélérer la marche de la cage.
Le gaulois 24 janvier 1890
ARRAS. — Un épouvantable accident s'est produit à Drocourt.
Au moment de la remonte des mineurs dans la cage, le mécanicien voulut faire jouer le frein d'arrêt ; mais cet appareil ne fonctionna pas ; la lourde cage continuant à s'élever rapidement alla bientôt atteindre la faite des bâtiments et se broya contra les énormes poulies qui servent à enrouler les câbles.
Un choc épouvantable se produisit, détruisant tout à la fois la cage et la charpente en fer du bâtiment, et les malheureux ouvriers furent projetés de tous côtés avec une violence inouïe.
On releva d'abord deux cadavres ; ceux du chef porion, qui avait le crâne fracassé, et du jeune galibot, âgé de quinze ans, qui portait également une horrible blessure à la tête.
Autour d'eux gémissaient une vingtaine de blessés, la plupart dans un état pitoyable. Deux d'entre eux expirèrent pendant qu'on les transportait à l'infirmerie. Plusieurs autres sont à l'agonie.
Le parquet de Béthune a aussitôt ouvert une enquête. Le mécanicien de service au moment de la catastrophe, nommé Delecolle, a été mis en état d'arrestation. Il a dû être protégé par la gendarmerie contre la foule, qui voulait lui faire un mauvais parti.
Le monde illustré 1 février 1890
L'accident do Drocourt.
Un terrible accident s'est produit dans les mines de Drocourt à la date du 22janvier.
La cage renfermant vingt-huit ouvriers remontait à toute vitesse lorsque le mécanicien, voulant serrer le frein d'arrêt constata avec terreur qu'il ne fonctionnait pas. Entrainée par son mouvement ascensionnel la cage monta jusqu'aux molettes, énormes poulies autour desquelles s'enroulent les cibles ; un épouvantable choc se produisit, la cage fut en partie détruite, démolissant les charpentes en fer qui soutenaient les molettes.
Deux chefs porions ont été tués sur le coup ; quatre galibots, jeunes ouvriers occupés dans les différents accrochages à la traction des berlines sont morts quelques heures après ; dix-neuf autres mineurs ont été plus ou moins grièvement blessés. Trois seulement ont été sains et saufs.
Le mécanicien Delecolle qui était de service au moment de la catastrophe a été mis en état d'arrestation. Il a prétendu pour se disculper que si le frein était en mauvais état, c'est que le purgeur avait été supprimé ; quelques jours auparavant par ordre de l'administration, et qu'une certaine quantité d'eau avait pu rester ainsi dans le cylindre et en empêcher la marche.
Delecolle ajoutait que par suite de la maladie d'un camarade atteint par l'influenza, il travaillait depuis vingt-quatre heures sans interruption. Il affirmait enfin que, en présence de l'augmentation sans cesse croissante de l'extraction, les ingénieurs lui avaient ordonné, lors de la remonte des ouvriers ou du charbon, d'accélérer la marche de la cage. L'enquête, ouverte par le parquet de Béthune, établira le bien ou le mal fondé de ces justifications.
Le radical 22 janvier 1890
Arras, 22 janvier, 2 h.
Quatre ouvriers mineurs ont trouvé la mort dans un terrible accident de mines à Drocourt
La cage renfermant une trentaine d'ouvriers remontait à toute vitesse, lorsque le mécanicien, voulant serrer le frein d'arrêt, constata avec terreur qu'il ne fonctionnait pas. Entraîné par son mouvement ascensionnel, la cage monta, jusqu’aux molettes, énormes poulies autour desquelles s'enroulent les câbles ; un épouvantable choc se produisit, la cage fut en partie détruite, démolissant les charpentes en fer qui soutenaient les molettes.
Les malheureux qui se trouvaient dans la cage furent écrasés dans cet amas de fer. Deux furent tués sur le coup, deux autres succombèrent quelques heures après. Enfin, une vingtaine furent blessés, dont quinze très grièvement. Trois seulement des ouvriers que renfermait la cage ne reçurent aucune contusion.
Le mécanicien de service, au moment de la catastrophe, a été mis en état d'arrestation.
Le rappel 24 janvier 1890
LA CATASTROPHE DE DROCOURT
On télégraphie d’Arras, 22 janvier, 2 heures :
Quatre ouvriers mineurs ont trouvé la mort dans un terrible accident de mines à Drocourt
La cage renfermant une trentaine d'ouvriers remontait à toute vitesse, lorsque le mécanicien, voulant serrer le frein d'arrêt, constata avec terreur qu'il ne fonctionnait pas. Entrainé par son mouvement ascensionnel, la cage monta jusqu'aux molettes, énormes poulies autour desquelles s'enroulent les câbles ; un épouvantable choc se produisit, la cage fut en partie détruite, démolissant les charpentes en fer qui soutenaient les molettes.
Les malheureux qui se trouvaient dans la cage furent écrasés dans cet amas de fer. Deux furent tués sur le coup, deux autres succombèrent quelques heures après. Enfin, une vingtaine furent blessés, dont quinze très grièvement. Trois seulement des ouvriers que renfermait la cage ne reçurent aucune contusion.
Le temps 24 janvier 1890
— Notre correspondant d'Arras nous écrit, au sujet de l'accident de Drocourt que nous racontions hier en Dernière heure :
Le chiffre des morts est actuellement dé six, mais quatre blessés sont dans un état désespéré.
Le mécanicien Delecolle avait eu le tort de faire remonter la cage avec une rapidité, excessive, et il n'a pu serrer le frein assez tôt. Il prétend, pour se disculper, que si le frein était en mauvais état, c'est que le « purgeur » avait été supprimé, il y a quelques jours, par ordre de l'administration, et qu'une certaine quantité d'eau avait pu rester ainsi dans le cylindre et en empêcher la marche.
Delecolle ajoute que, par suite de la maladie d'un camarade atteint par l'influenza, il travaillait depuis vingt-quatre heures sans interruption. Il affirme enfin que, en présence de l'augmentation sans cesse croissante de l’extraction, les ingénieurs lui avaient ordonné, lors de la remonte des ouvriers ou du charbon, d'accélérer la marche de la cage. L'enquête ouverte par le parquet de Béthune, établira le bien ou . le mal fondé de ces justifications.
Quoi qu'il en soit, l'opinion publique, dans la classe -ouvrière, est fort défavorable à Delecolle ; l'irritation contre lui était telle que la foule voulait l'écharper. La gendarmerie a eu beaucoup de peine à le protéger contre la colère des mineurs.
La cage, au moment de la catastrophe, renfermait vingt-huit ouvriers, deux chefs porions, François Payen et Eugène Drumont, qui ont été tués, et vingt-six galibots, jeunes ouvriers occupés dans les différents accrochages à la traction des berlines. Quatre de ces derniers sont morts, dix-neuf sont plus ou moins grièvement blessés, trois enfin sont sains et saufs.
Dans les bâtiments où s'est produit l'accident on ne voit que wagonnets défoncés et fers tordus. Tout a été laissé en l'état en attendant l’arrivée du parquet de Béthune.
L’univers 24 janvier 1890
Catastrophe des mines de Drocourt
Voici les détails complets sur le déplorable accident survenu lundi après-midi à la fosse Parisienne des mines de Drocourt, située à 3 kilomètres Hénin-Liétard : j
Depuis le matin, la machine à vapeur servant à faire monter et descendre les berlines dans la cage de l'ascenseur marchait à toute vitesse et en une minute le charbon était amené sur le palier d'une profondeur de 600 mètres.
A deux heures de l'après-midi, vingt mineurs prenaient place dans les berlines pour remonter au jour. La machine conservait toujours la même allure, A cent cinquante mètres du fond, le machiniste Delecoile, s'apercevant que le chargement était moins lourd et que les berlines, d'après son indicateur, montaient avec une rapidité vertigineuse, renversa la vapeur et mit les détentes en bas.
Quand la cage n'est plus qu'à dix mètres du jour, Delecolle, en présence du danger qui menace les mineurs accroupis dans les berlines, cherche à serrer le frein ; mais celui-ci, malheureusement, ne fonctionne pas.
La cage, continuant son ascension rapide, va heurter violemment le sommet du bâtiment où sont placées les molettes. Le choc fut épouvantable.
M. Delmiche, ingénieur et directeur des mines, accourt et organise les premiers secours en attendant l'arrivée du médecin de la compagnie, M. Tellier. Les deux berlines, ramenées sur le palier, offrent un spectacle épouvantable. Sur vingt mineurs, deux ont, été tués sur le coup ; ce sont les nommés François Payen, âgé de 45 ans et Achille Moreau, âgé de 15 ans, demeurant tous deux à Hénin-Liétard ; dix autres sont grièvement blessés. Voici leurs noms :
Victor Payen, âgé de quinze ans, domicilié à Hénin-Liétard ; Eugène Drumont, âgé de 48 ans ; Antoine Ledieu, âgé de 15 ans ; Joseph Charlier, âgé de 16 ans ; Elie Ronvau, âgé de 16 ans ; François Vandeval, âgé de 17 ans ; Paul Faidherbe, âgé de 15 ans; Eugène Ledieu, âgé de 18 ans ; Camille Pirotte, âgé de 14 ans, demeurant tous dans les corons de Drocourt. Deux de ceux-ci viennent de succomber, ce qui porte à quatre le nombre des morts.
Enfin sont atteints légèrement : Nicolas Faidherbe, âgé de quinze ans, de Drocourt ; Alexandre Becquet, âgé de quatorze ans, et Ernest Cappe, âgé de quatorze ans, tous deux de Rouvroy ; Clément Ronvau, âgé de quatorze ans ; Camille Hersant, âgé de quatorze ans, et Juvénal Mathon, âgé de quinze ans, ces trois derniers de Drocourt.
Deux ouvriers seulement sont sains et saufs.
Le machiniste Delecolle, sur qui semble retomber la responsabilité de cette catastrophe, a été arrêté et conduit à la prison de Béthune ; il est âgé de vingt-quatre ans.
Interrogé, Delecolle a reconnu que sa machine avait, en effet, une allure trop vive, mais il prétend que les mécaniciens avaient reçu l'ordre de faire marcher le plus rapidement possible leurs machines ; qu'il était, en outre, de service depuis près de 24 heures par suite de l'absence d'un de ses collègues malade et qu'enfin si le frein avait fonctionné, l'accident ne se serait pas produit. Il attribue ce non-fonctionnement du frein à la suppression du purgeur par ordre supérieur. La vapeur s'étant condensée, le cylindre, d'après lui, s'est rempli d'eau et le frein n'a plus marché. Quand l'accident est survenu, il y avait trois heures qu'il n'avait pas eu recours au frein.
L'enquête minutieuse qui est commencée fera connaitre d'une façon précise sur qui doivent peser les responsabilités de cette épouvantable catastrophe.
Le petit journal du 22 janvier 1890
Un terrible accident s'est produit à la fosse Parisienne, de la compagnie de Drocourt.
Par suite d'un moment d'inattention du mécanicien, la cage qui remontait une vingtaine d'ouvriers ne s'est pas arrêtée à la plate-forme. Elle est montée avec une rapidité vertigineuse jusqu'aux poulies où un choc formidable s'est produit.
Deux ouvriers mineurs ont été tués sur le coup, quinze autres sont blessés dont plusieurs très grièvement.
A demain les détails.
Le petit journal du 23 janvier 1890
La catastrophe de Drocourt :
(Dépêches de notre correspondant)
Lens, 22 janvier, 5 heures soir.
La terrible catastrophe de Drocourt s'est bien produite dans les circonstances que je vous ai télégraphiées hier ; mais les conséquences sont encore plus désastreuses qu'on ne croyait au premier abord.
Quatre morts et vingt blessés dont quinze très gravement, tel est le bilan de ce déplorable accident. Voici des détails circonstanciés à ce sujet :
La Compagnie des mines de Drocourt exploite, à deux ou trois kilomètres d'Hénin-Liétard, une fosse appelée la Parisienne; c'est ce puits qui a été le théâtre de la catastrophe. Vers deux heures de l'après-midi, le mécanicien de service faisait remonter la cage contenant vingt-sept mineurs, la plupart jeunes ouvriers appelés galibots en langage des mines, et dont les fonctions consistent à lancer les berlines de charbon sur les plans inclinés.
Lorsque la cage qui remontait avec une rapidité vertigineuse arriva à quelques mètres du sol, le mécanicien voulut faire jouer le frein d’arrêt ; mais cet appareil, prétend-il, ne fonctionna pas ; la lourde cage continuant à s'élever rapidement alla bientôt atteindre la faite des bâtiments et se broya contre les énormes poulies qui servent à enrouler les câbles.
Un choc épouvantable se produisit, détruisant tout â la fois la cage et la charpente en fer du bâtiment, et les malheureux ouvriers furent projetés de tous côtés avec une violence inouïe. Le bruit de la collision, les cris désespérés des blessés attirèrent aussitôt de nombreux ouvriers du jour et bientôt les travaux de sauvetage commencèrent, sous la direction de M. Delmiche, ingénieur en chef de l’exploitation
On releva d'abord deux cadavres, ceux du porion Francois Payen, âgé de quarante-cinq ans, chef porion, qui avait le crâne fracassé, et d'Achille Moreau, jeune galibot, âgé de quinze ans, qui portait également une horrible blessure à la tête.
Autour d'eux gémissaient une vingtaine de blessés, la plupart dans un état pitoyable. Deux d'entre eux, Joseph Charlier et Elie Rouvaux, âgés de seize ans, expirèrent pendant qu'on les transportait à l'infirmerie. Plusieurs autres sont à l'agonie.
Le parquet de Béthune a aussitôt ouvert une enquête. Le mécanicien, de service au moment de la catastrophe nommé Delecolle a été mis en état d'arrestation. Il a dû être protégé par la gendarmerie contre la foule qui voulait lui faire un mauvais parti.
Voici la liste des ouvriers blessés lors de la catastrophe de. Drocourt : Camille Pirotte, de Drocourt,14 ans ; Eugène Drumont, chef porion, de Drocourt, 48 ans, sont dans un état désespéré; -Victor Payen, d'Hénin-Liétard,15 ans, grave blessure à la tête; Antoine Ledieu, de Drocourt, 15 ans, large plaie à la tête ; François Vandevalle, de Drocourt, 17 ans, gravement atteint à la tête ; Alexandre Semal, de Drocourt, 17 ans, blessures à la tête et aux bras ; Nicolas Faidherbe, de Drocourt, 15 ans, graves contusions aux reins; Eugène Ledière, de Drocourt, 18 ans ; Alexandre Becquet, de Rouvroy, 14 ans; Ernest Cappe, de Rouvroy, 15 ans; Clément Rouvaux, 14 ans; Camille Hermant, 14 ans, et Juvenal Nathon, 15 ansi de Drocourt, blessures légères. -
Cinq autres sont également blessés : trois mineurs salement ont pu sortir sains et saufs de la cage. La plupart des blessés sont soignés tans un immeuble de la compagnie de Drocourt, transformé en infirmerie. Le docteur Thellier d'Hénin-Liétard, dirige le service médical de cette ambulance improvisée
Actes de décès des morts
Moreau Achile
Charlier Joseph
Payen François
Ronvaux Elie
Payen Victor
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