Julie GAMBIEZ
Une figure de Fouquières
Eugénie Victorine Dautricourt dite Julie
Née le 27/11/1886 , mariée le 14/12/1908 avec François Gambiez , décédée le 6/1/1973
Photo privée du fonds familial
Parents
François Emile Dautricourt né le 4/9/1853 décédé le 19/3/1923
et Druon Herminie Marie Joséphine née le 5/2/1861 décédée le 11/2/1953
marié le 19/3/1881
lui forgeron, elle brodeuse
Photo privée du fonds familial
Julie Gambier François Gambiez Sophie Dautricourt
Druon Herminie François Dautricourt
Emile Dautricourt Maurice Gambiez René Dautricourt
François Gambiez 4ème à partir de la gauche
Photo privée du fonds familial
Le mariage de Julie en 1908
Photo privée du fonds familial
Tiot Pierrot
Min père mineur, ed fond y'est mort y'a bétot neuf ans, il aimot bien écrire ses souv'nirs su des cahiers et su chti qu' j'ai in mains i parlot de s' petite infance d' 1925 à 1930.
J' vas
vous l' raconter in plusieurs fos, mais dites vous bin qu' ch'est min papa qui
parle…
Ch'est dins eune cité minière par un fro jour ed décembre, que m'n' histoire al
a comminché. Eune femme al dit à s'n'homme : "Henri va caire Julie l'
sache-femme, surtout traine pas in route." (Julie Gambier l' sache-femme), et
ch'l' homme i est parti dins l' noir in laichant s' femme et ses deux tiots,
chétot em' mére Louise et mes frères Gaston et Jean, in éto l' sept décembre
1925 , et j' sus v'nu au monde dins l'anonymat et l'indifférence.
Y'a pas
gramin d' voisins qui zont sonné à l' porte, faut dire qu'in n'avot pas d'
sonnette, vu qu'in n'avot pas core l'éléctricité et l'iau courante dins chés
maisons.
C' qui reste de ch' jour là ch'est deux lignes su l'état civil de ch' journal
"le réveil du nord", et min père bin éméché et l' casquette ed travers après l'
déclaration à l' mairie.
A dix-huit jours à dire in m'aurot p't' être app'lé Noël, mais là j'ai hérité des prénoms d' mes mononques Pierre et Joseph, j'avos soit disant réussi m'n' intrée dins l' monde, mais cha ch'est eune autre histoire!!!
Julie en famille
Photo privée du fonds familial
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Annick , posté le 12 novembre 2006
Je viens de découvrir ce site. Je suis bouleversée car j'ai gardé mes racines dans votre région. Imaginez, j'habitais (1950 à 1966) rue Pierrard à Fouquières lez Lens. Vous pensez bien que Julie Gambier je la connais... elle ne m'a cependant pas mise au monde mais m'a vaccinée contre la diphtérie... c'était une maîtresse femme; et je n'aimais pas trop les piqûres! Je crois que j'entends encore la deux-chevaux arriver... et de me réfugier le coeur battant au bout du jardin où elle venait me chercher. Pendant ce temps ma mère avait fait bouillir de l'eau dans une casserole pour la seringue… C'était tout un cérémonial à cette époque.
Annie
Mi quand à l'école l' maitresse al nous digeot d' prinde sin carnet d'
vaccination, ch'est fou c' que j'étos continte.
Pourtant à l'époque l' tuberculose et l' poliomyélite faigeot des ravaches dins
l' population, j'avos un oncle qui étot mort de l' premiére et eune tiote
voisine hindicapée par l' deuxiéme.
Aussi l' jour du qu'in devot y passer, l' maitresse al ménot tout s' classe à l'
mairie d' Fouquiéres et qui ch'est qui nous z'attindot : "JULIE GAMBIER" l'
sage-femme, al faigeot aussi chés piqures.
Ch'est drole, ch'j our là in avot tous des coliques, in étot pas bien in tiote
culotte et maillot d' corps, in avot tout du troupeau apeuré.
Chti qu' j'ai vraimint pas aimé ché l' bcg, vous savez chti dù qu'in nous
faigeot six griffes, et pourtant j' serros mas dints et mes tiotes fesses pou
pas braire, mais ch'étot pas facile, faut dire qu' julie al m'a pas laiché qu'
des bons souv'nirs, et pourtant, in s' rindot pas compte qu'in avot b'soin
d'être protégés !!!
FOUQUIERES-LEZ-LENS : Les obsèques de M. François Gambiez
Mardi, ont eu lieu les funérailles de François Gambiez, chef du contrôle aux mines de Courrières, retraité, président d’honneur de la Fanfare municipale et de la subdivision des sapeurs-pompiers.
Une foule nombreuse et recueillie accompagna le corps et toutes les sociétés de notre ville étaient présentes dans le cortège. En tête, venaient les délégations des sapeurs-pompiers de Billy-Montigny et de Montigny-en-Gohelle, la subdivision de Fouquières-lez-Lens, ensuite venait la Fanfare municipale qui exécuta pendant le parcours, les marches funèbres. Parmi l’assistance, on remarquait M. le Maire et de nombreux conseillers municipaux, une importante délégation d’ingénieurs et employés des Houillères nationales, le corps médical, ayant à sa tête M.Delecour, médecin chef de l’hôpital Sainte-Barbe des Mines de Courrières, Mmes Mangez et Planckaert du groupe IV, de nombreuses sages-femmes, la section des anciens employés des mines, conduite par M. Ringart, le personnel du centre d’apprentissage avec son directeur M. Lucien Denoyelle, le corps enseignant, de nombreux entrepreneurs de la région et un grand nombre d’anciens combattants des deux guerres, etc… Les cordons du poêle étaient tenus par M. Augustin Basset, président de la Fanfare municipale, M. Auguste Debeauquenne, employé des mines, MM. Riquet et Lefebvre, employés retraités et Edouard Leroy, ami personnel du défunt.
A l’église, pendant le service funèbre, Louis Chopin, curé de la paroisse, retraça la vie laborieuse de M. Gambiez, employé modèle, qui était aimé de toute la population fouquiéroise, pour son caractère affable et pour son dévouement envers toutes les sociétés et les œuvres paroissiales. Après l’office, le corps fut conduit au cimetière communal où deux discours furent prononcés par M. Augustin Basset, président de la Fanfare et M. Lucien Jovinel, lieutenant, commandant la subdivision des sapeurs-pompiers, M. Gambiez était le président d’honneur des dites sociétés.
Extrait du Nord Eclair du mercredi 16 février 1949
Photo privée du fonds familial
Une distinction méritée…
Mme Gambiez, sage-femme, est nommée chevalier de l’Ordre de la Santé publique.
Par un récent décret paru au « Journal officiel », madame veuve Julie Gambiez, sage-femme à Fouquières-lez-Lens, se voyait décerner la croix de chevalier de l’Ordre de la Santé publique.
Sympathiquement connue dans la commune, où elle jouit du respect et de la considération générale, Mme veuve Gambiez habite depuis 1908 au N° 42 de la rue Jean Jaurès.
Après de solides études aux Facultés de Lille, Mme Gambiez devait être nommée sage-femme, à l’âge de 23 ans et demi en juillet 1907.Actuellement âgée de 64 ans, toujours vaillante, elle effectue dans toute la région avec son éternel sourire et son affabilité coutumière, sa lourde tâche.
Depuis 42 ans qu’elle exerce, Mme Gambiez a présidé à la naissance de plusieurs milliers d’enfants. Un chiffre ! Il lui serait bien difficile d’en fixer un, mais elle affirme cependant qu’elle a assisté plus de 15000 mamans ! Le record du genre serait-il battu ?
Dans la commune, il n’est pas rare de rencontrer des familles où Mme Gambiez a présidé à la naissance de trois générations.
Sage-femme au service de tous ceux qui sollicitent ses soins éclairés, Mme Gambiez assure la consultation des nourrissons et s’occupe en outre de l’inspection médicale dans les écoles.
Mme Gambiez devait avoir, il y a quelques mois, la douleur de perdre son mari, ancien chef de bureau aux mines. Actuellement, elle habite avec sa vieille maman, âgée de 89 ans. La nouvelle promue qui a mis au monde trois enfants, a eu le grand chagrin d’en perdre deux ; seul, son fils Maurice, huissier à Arleux du Nord, lui reste.
La croix de chevalier de l’Ordre de la Santé publique ne pouvait être mieux décernée. Mme Gambiez pourra fièrement porter le ruban bleu que lui a acquis toute une vie d’inlassable dévouement.
L’auteur de ces lignes, à la naissance duquel Mme Gambiez a présidé, se joint à la légion de tous les « petits » de cette vaillante sage-femme aujourd’hui à l’honneur, pour lui adresser ses plus vives félicitations.
Extrait de Nord Eclair du 18 octobre 1949
Mercerie rue d’Harnes, tenue par Herminie et Sophie,la mère et la sœur de “Julie”.
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Hervé, le 18/09/2006
Julie GAMBIER, ch'est elle qui m'a mis au monde!
Min père et m' mère, i in parlotent souvint! Min père, i étot intarissable quand
i parlot d'elle : ch'est vrai qu' ch'est li qui allot l' quer (y avot pas incor'
ed' téléphone à l' maison ! J' pinse pas qu' Julie, al n'avot un, d'ailleurs!)
quand un d’ses infants i arrivot!
Al habitot dins l' rue Jean-Jaurès, j' cros bin et i arvenotent à deux. I dit
qu'al le disputot toudis; al voulot pas d'homme au momint d' l'accouchement!
Ch'est vrai qu' ch'étot un personnache. Et in s' souvient tertous de ch' 2CV!!!
En parlant d’2CV, y avot aussi Thérèse Louf, el’bouchère de l’rue Briand qui n’avot
eun’ ! Si ché deux là, al s’croisotent et qu’ t’étos pas loin, fallot faire
et’prière pour pas t’faire écraser! Julie Gambier, que d’ souvenirs!
Annie, le 17/09/2006
Julie à la fin de s’ vie, chéto un tiot bout d’ femme, j’ sais pas si al faiso un mètre cinquante, quand al conduiso s’ 2CV, in veyo qu’ le haut d’ s’ tiête toute blanque, in s’ demindo commin al faiso pour pas créer d’accident.
Pourquoi j’ vous parle ed Julie, parce qu’à s’ n’ époque, chéto l’ personnache l’ plus important d’Fouquières, al éto sage-femme.
Pindant tout s’ vie, al mis des tiots fouquiérois au monde, al éto connue comme el loup blanc, al faiso partie ed’ not’ vie à partir ed not’ premier cri, al a mis min père au jour et mi aussi pi chés maternités din les zannées cinquante al zont tué l’accouchemint à domicile mais gramint d’ gins sont restés fidèles à Julie, et al a toudis eu du traval.
Aujourd’hui j’ voudros bin savoir combien y a d’ tiots à qui al a donné la vie, j’ cros que l’ nombre i dos être impressionnant !
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Julie en 1949
Fanfare municipale dans les années 50
Cette simple phrase retrace parfaitement l'inoubliable succès rencontré par la
Fanfare à cette époque, lors de ses déplacements. La composition du bureau
d'alors se composait comme suit :
Président : Monsieur
Augustin BASSET
Présidente d'honneur :
Madame Julie GAMBIER
Vice-Présidents : Mr
Charles LEBLANC et Mr Pierre LHOMME
Secrétaire : Monsieur
François VERLAINE
Trésorier : Monsieur
François GARDINAL
ainsi que 6 commissaires.
Julie avec la fanfare
Photo privée du fonds familial
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Marie Ange posté le 01 octobre 2006
Eh oui, elle demeurait pas très loin du café "le vert tilleul". J'en profite pour saluer ses 2 petites filles Marie-Paule et Anne-Marie qui habitent toujours rue Emile Zola. C'est qu'elle roulait la deudeuche, elle en a fait des kilomètres. Très bon souvenir pour l'avoir bien connue.
Pierre posté le 24 septembre 2006
Tu parles si je l'ai connue, notre Julie Gambier… Elle était connue comme
Barabas dins tout Fouquières et même à Billy...
Anonyme
C'est avec un grand plaisir que j'ai appris que Bernard Bourdon avait envoyé des photos de Julie GAMBIER à marie claire, je crois que ces photos ont leur place sur le site, car cette femme admirable a surement mis des centaines de mineurs et d'enfants de mineur au monde, et beaucoup la reconnaitront, moi en premier, puisqu'elle m'a mise au monde!!!
Julie Gambier 1
par Hervé62155 le, 18/09/2006
Y a mi! Ch'est elle qui m'a mis au monde!!
Min père et m'mère, i in parlotent souvint! Min père, i étot intarissable quand
i parlot d'elle: ch'est vrai qu'ch'est li qui allot l'quer (y avot pas incor'
ed'téléphone à l'maison! J'pinse pas qu'Julie, al n'avot un, d'ailleurs!!) quand
un d’ses infants i arrivot!
Al habitot dins l'rue Jean-Jaurès, j'cros bin et i arvenotent à 2. I dit qu'al
le disputot toudis; al voulot pas d'homme au momint d'l'accouchement!! Ch'est
vrai qu'c'étot un personnache. Et in s'souvient tertous de ch'2CV!!!
En parlant d’2CV, y avot aussi Thérèse Louf, el’bouchère de l’rue Briand qui n’avot
eun’ ! Si ché 2-là, al s’croisotent et qu’t’étos pas loin, fallot faire
et’prière pour pas t’faire écraser ! Julie Gambier, que souvenir !
Herminie mère de Julie
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Voix du Nord du 02 février 2013 : Le jour qui a compté ; La sage-femme et la neige
C’est une drôle d’histoire de naissance que nous raconte ce lecteur : c’est qu’à la naissance de sa fille,
il neigeait abondamment et que la sage-femme est venue à pied dans les congères !
« Dans les années 50, les maternités n’existaient pas encore partout, surtout dans le bassin minier (j’habitais à l’époque à Fouquières-lez-Lens). Jeunes mariés, nous attendions notre premier enfant, et en ce 25 février 1958, il neigeait en abondance. Le vent soufflait en bourrasques, créant des congères de presque un mètre ! Travaillant l’après-midi, j’ai eu beaucoup de mal à rentrer chez moi, le vélo sur l’épaule, car il était impossible de rouler. Quelques temps plus tard, ma femme commence à avoir des douleurs. Nous n’avons pas encore le téléphone et je suis obligé d’aller chercher à pied la sage-femme, qui demeure à plusieurs kilomètres de la maison. Vu l’état de la route, la sage-femme, pourtant âgée, décide de faire la route à pied, en profitant des traces qu’ont fait les mineurs dans la neige pour aller travailler. Quel trajet, elle me tenant le bras, et moi enfoncé jusqu’aux genoux dans les congères ! A son arrivée chez nous, voyant que le travail était bien avancé mais que le bébé n’était pas pour tout de suite, elle eut le temps de prendre trois tartines de camembert avec un grand verre de vin rouge et un café.
Cette sage-femme, Julie Gambiez, s’est occupée de très nombreuses naissances parmi la population minière de notre coin. Chacun la respectait et l’estimait, et elle a été décorée de la Légion d’honneur. Et il était coutume de dire, lors d’une difficulté à réparer une panne : « Vas-t-en chercher Julie Gambiez, ça ira plus vite. » Et lorsque tombe beaucoup de neige, ou lors de l’anniversaire de ma fille, l’on pense encore régulièrement à elle. »
J.L.-Noyelles-sous-Lens