CHAPITRE IX            RETOUR      ACCUEIL

A CHAQUE PAYS
SA FAÇON D'ECRIRE L'HISTOIRE?..

Le soir du 31 juillet 1914, Guillaume Il avait convaincu son peuple que la guerre était un acte de défense contre des ennemis envieux de la puissance et de la prospérité de l'empire germanique.

 

Aussi, dès le début du conflit, la presse et en particulier des revues illustrées se sont efforcées d'entretenir dans le public cette conviction que l'Allemagne, victime de la guerre, vaincra : critiques acerbes contre les pays formant la Décuple Entente, qui, en 1917 notamment, ont repoussé une offre de paix allemande ; mise en valeur des victoires et des objectifs politiques d'après guerre.

 

 

Dans le Nord de la France, à Lille, on peut se procurer une revue hebdomadaire : «  Die Wochenschau », abondamment illustrée, agrémentée de récits en langue allemande. Et complétée d'une «Chronique de la guerre» en langue française ... dont ci-après quelques passages des numéros parus au cours du premier semestre de 1916 et en 1917.

 

Ainsi commence la première chronique de 1916:

 

Monsieur Lloyd George, le ministre des munitions de l'Empire britannique, a dit dans un discours prononcé récemment dans la maison des Communes: «  Là, nous y sommes allés trop tard, ici nous sommes arrivés trop tard. Nous avons pris cette décision trop tard ; nous avons commencé nos entreprises trop tard, nous arriverons trop tard avec nos préparatifs. Les armées des alliés ont continuellement été poursuivies par le fantôme raillant du « trop tard » et si nous ne nous empressons pas, la réprobation tombera sur la cause sacrée pour laquelle tant de sang précieux a été coulé ».. .

(1er janvier 1916)

 

L'Angleterre est persiflée. Cette Angleterre qui luttant pour le droit et la liberté «  voulait froidement réduire par la faim un peuple de 70 000 000 d'âmes ». Et « Nous voulons passer sous silence que l'Angleterre, qui prétend combattre pour le droit, la civilisation et la liberté, envoie contre l'Allemagne un choix de tous les peuples demi civilisés et pas du tout civilisés du globe entier qu'elle pouvait se procurer» ...(15 janvier 1916)

 

La bataille de Verdun relègue au second plan tous les événements. La victoire des troupes allemandes ne fait aucun doute. «  C'est avec la force d'un orage que l'attaque sur la puissante forteresse de Verdun a été exécutée par les troupes allemandes. Par un bombardement des plus violents et intenses de l'artillerie allemande les fortifications que l'ennemi avait organisées depuis un an et demi ont été préparées pour l'assaut et, après l'enlèvement des premières positions de défense, les lignes de l'arrière ne purent résister à la violence de l'attaque de l'infanterie. Le front français est actuellement enfoncé sur une largeur de plus de 15 kilomètres et une profondeur d'environ 10 kilomètres ; à l'instant nous parvient la nouvelle de la chute du premier fort de la place de Verdun » ... « Pour la France l'attaque allemande est d'autant plus douloureuse que les pertes en hommes qui en résultent se feront particulièrement sentir en France, vu les faibles réserves encore disponibles. L'Angleterre est maintenant obligée de fournir tout ce qu'elle a de disponible en hommes pour remplir tant soit peu les lacunes » ...

(4 mars 1916)

 

Nouvelle déclaration de guerre. « Cette fois, c'est l'Allemagne qui s'est vue obligée de déclarer la guerre à un nouvel adversaire. Le Portugal qui s'est toujours plus ou moins mis à la remorque de l'Angleterre (...) s'est vu obligé de se rendre finalement aux désirs anglais. Avec cette froide insolence qui est la caractéristique la plus remarquable de la politique portugaise il a déclaré la saisie des navires allemands se trouvant dans ses ports. Il va sans dire que cette saisie a été opérée au profit de l'Angleterre qui a voulu remédier de cette façon à la rareté du cargo provoquée par les sous-marins allemands » .. .

(18 mars 1916)

 

 

L'on raconte les histoires les plus fantastiques sur les pertes énormes des Allemands»...

 

Pauvre France !

 

«Dans une séance confidentielle de la commission de l'armée, le ministre de la guerre français, le général Gallieni, dont la position serait, suivant certains bruits, ébranlée, a évalué les pertes de l'armée française subies jusqu'ici à deux millions et demi. Dans ce chiffre, il y a (d'après les données du ministre) 800 000 hommes tués, 1 000 000 d'hommes légèrement blessés, 400000 hommes grièvement blessés et 300 000 hommes disparus. Ces chiffres parlent un langage terrible» ...

(18 mars 1916)

 

 

«Déjà aujourd'hui la conviction s'impose de plus en plus que la force de la France va saigner à blanc dans cette lutte désespérée autour de Verdun. Il n'est que honorable pour nous de pouvoir constater que les Français entreprennent avec des effectifs toujours renouvelés et avec le courage du désespoir des assauts contre les lignes allemandes crachant la mort» ...

« La lutte autour de Verdun continue et elle continuera jusqu'à la décision. Qu'elle intervienne seulement dans quelques semaines, elle viendra et nous amènera un point critique dans cette guerre. Nous autres Allemands avons confiance en notre armée qui a fait ses preuves, au commandement suprême conscient du but à atteindre, et en la force de nos réserves » .. .

(25 mars 1916)

Quel but l'Allemagne se propose t elle d'atteindre par la guerre? Le chancelier de l'Empire allemand s'en explique dans un discours au Reichstag.

Pourquoi la guerre?

« L'Allemagne et ses alliés qui lui sont étroitement unis et qui partagent les mêmes droits font la guerre pour leur défense ; ils ne veulent pas s'approprier des pays, pour, comme l'Angleterre, dominer d'autres peuples sous prétexte d'établir l'équilibre européen. Nous ne voulons que le libre jeu des forces, un champ d'action ouvert à tous sur lequel le plus habile est au premier rang et fait bénéficier les petits peuples des bénédictions de sa culture. L'Angleterre, la Russie et la France ont méconnu notre volonté pure, ils nous ont soupçonnés et attaqués honteusement à l'improviste. Et maintenant que la balance du sort se penche à notre faveur, nous saurons trouver les moyens nécessaires pour éviter que ces événements terribles se renouvellent à l'avenir » ...

 

Comment se présentera l'Europe d'après guerre ?

 

« L'Europe qui sortira de cette crise, la plus terrible entre toutes, ne ressemblera plus à l'ancienne en beaucoup de parties. Le sang répandu ne revient jamais, les biens dissipés ne reviennent que lentement. Quoi qu'il arrive, il faut qu'elle devienne pour tous les peuples qui l'habitent une Europe de travail pacifique. La paix qui terminera cette guerre doit être durable, elle ne doit pas porter en elle le germe de nouvelles guerres mais bien celui d'un ordre pacifique final des choses européennes » ...

 

Quel est le sens, quel est le but de la guerre ?

« Une Allemagne si fermement unie, si fortement protégée que personne ne soit plus tenté de nous anéantir, que chacun dans le monde entier soit obligé de connaître notre droit à la libre manifestation de nos forces pacifiques. Ce que nous voulons obtenir, c'est cette Allemagne et non l'anéantissement des peuples étrangers. C'est ainsi seulement que le continent européen ébranlé dans ses fondements sera sauvé, de façon durable » .. .

(15 avril 1916)

 

 

Les Etats-Unis menacent de rompre les relations diplomatiques avec l'Allemagne si celle-ci continue de « détruire les paquebots et les bâtiments de transport ». A la note adressée par les Etats-Unis, note qui traite spécialement le cas du vapeur français Sussex, l'Allemagne répond qu'à l'avenir elle observera «  les principes généraux du droit des Peuples » ...

Qu'est-ce qui a décidé le Gouvernement allemand à une concession extrême ? « C'est bien l'amitié plus que centenaire entre les grands pays, et ensuite l'idée du sort pénible qui menace toute l'humanité civilisée par l'étendue et la prolongation de cette guerre cruelle et sanglante » ...

(13 mai 1916)

 

 

Rumeurs de paix ...

 

«  En ces derniers temps, des rumeurs de paix ont de nouveau circulé. La Quadruple Entente a désigné l'Allemagne comme en étant l'auteur, c'est bien cela qui est significatif. L'Allemagne a dit assez souvent et sans détours sous quelles conditions elle consent à faire la paix. A notre avis, ces ballons d'essais neutres ont été montés par la Quadruplice pour prouver au monde la prétendue fatigue de la guerre de l'Allemagne» ...

(27 mai 1916)

 

 

«  L'Allemagne est prête à entrer en négociations de paix. Elle repousse la demande de Grey de commencer les négociations de paix en établissant d'abord sur qui retombe la responsabilité de la guerre. Les affaires de politique intérieure de l'Allemagne sont exclues de la discussion. La situation actuelle de la guerre est seule à fournir les bases de négociations. Et il est évident que les conditions de paix changeront avec cette situation ... »

(3 juin 1916)

Diffamation ?

 

Lord Kitchener, ministre de la guerre, a péri avec son état-major lors du naufrage du  « Hampshire » près des îles d'Orkney en se rendant en Russie.

 

«  Que l'on pense ce que l'on veut de Kitchener comme homme  - Ondurman et les camps de concentration boers feront éternellement honte à son nom -, mais on ne peut lui nier un grand talent d'organisation secondé d'une énergie tenace et d'une dureté brutale  ... »

(17 juin 1916)

Où l'on reparle

- de paix ...

 

«  La proposition de paix de la Quadruple Alliance est un véritable levain qui devient de plus en plus efficace. C'est une aide bienfaisante également pour les peuples de la Décuple Entente qui pourront tirer les conséquences nécessaires des discours de plus en plus mitigés de leurs gouvernants ... . »

 

«  Que la paix soit donc une suite de la proposition des puissances centrales ou le résultat des notes du président Wilson et des autres puissances neutres, si elle vient, elle sera, à coup sûr, saluée par nos adversaires avec autant de plaisir que par le peuple allemand  ... »

(6 janvier 1917)

 

- du traité de Verdun en 843...

« Mais pour l'Allemagne il s'agit de vider une querelle qui date déjà de plus de mille ans et qui a consisté dans des attaques sanglantes, constamment répétées, de la part des Français qui n'ont songé, qu'à subjuguer le voisin allemand. La querelle a pris son origine à Verdun par suite du partage de l'Europe occidentale en une partie germanique et une partie romane. Tout le sang qui a été versé, accuse la France, dont le sort s'accomplit maintenant.. . »

- et d'une paix durable ...

«  De cette guerre il doit sortir une paix durable qui ne permet pas que dans quelques années déjà on recommence à verser du sang. Le travail pacifique que l'Allemagne a continué pendant quarante ans malgré sa supériorité indéniable et malgré, les provocations sans nombre de la part de ses ennemis actuels, et bien que les occasions de régler ses comptes avec eux n'eussent pas manqué, prouve que les idées de vengeance nous restent étrangères, du moment qu'il y a un moyen de s'entendre » ...

(3 février 1917)

 

 

La proposition de paix allemande a été refusée. . .

« Nous n'obtiendrons cette paix que par l'achèvement de la victoire allemande. Pour ce motif, nous ne pouvons renoncer à la guerre sous-marine sans restriction.. . »

«  Les puissances centrales opposent à la devise des civilisateurs anglais : « Tuer autant d'Allemands que possible » leur propre maxime: « Vaincre en immolant le moins d'hommes possible » C'est pour cela qu'on les appelle barbares, Huns et boches. Les habitants des pays centraux sont loin de se donner l'air de saints à la manière des pharisiens, mais dans cette guerre ils peuvent dire de bon droit

« Nous, les sauvages, nous valons pourtant mieux que les autres ».

(17 février 1917)

 

 

L'Avenir ? Une Europe sans l'Angleterre. Le contre amiral von Tirpitz écrit

« On sait enfin chez nous que les intérêts de toutes les nations de l'Europe concordent en dernier lieu au point de vue universel. La force de l'Europe repose sur la solidarité de tous les peuples ayant leur domicile dans les territoires relativement étroits et encerclés de la mer. La position de l'Angleterre est essentiellement différente de celle du continent européen, par le fait de son histoire aussi bien que par sa situation géographique et sa politique. L'Angleterre est le nerf d'une organisation transatlantique, et ses intérêts se sont toujours opposés à ceux du continent depuis 350 ans» ...

(19 mai 1917)

 

 

Soldats anglais et français sont las de la guerre...

 

Le Daily Chronicle publie une lettre qui lui est parvenue des tranchées anglaises.

 

« Votre premier soin est de faire la guerre jusqu'au bout. Vous est-il cependant connu que l'armée est la corporation la moins patriotique du pays? Savez-vous aussi qu'il n'y a pas un soldat sur cent qui s'inquiète sur le sort de la Belgique, pourvu que la paix nous soit bientôt rendue ? Vous n'y croirez peut-être pas, mais je parle en homme qui en fait partie. Les orateurs et les écrivains à la maison n'en savent rien. Les gens dans les tranchées ne demandent que la paix. Quand nous avons appris la révolution russe, on a entendu partout ces propos : il nous en faut une, non pour continuer la guerre mais pour la terminer au plus vite  ... »

 

Un soldat français a été fait prisonnier. Sur lui, une lettre :

 

«  Nous sommes condamnés ici à faire l'impossible. Si les gens à Paris qui font la guerre se trouvaient dans les tranchées ou s'ils apprenaient seulement quelles douleurs indicibles nous impose cette guerre plus cruelle un jour que l'autre, nous aurions vite la paix » ...

(9 juin 1917)

 

 

L'Angleterre serait bientôt réduite par la famine.

« D'après une nouvelle communication officielle, les sous-marins allemands ont coulé, depuis le début de la guerre jusqu'à fin mai 1917, des navires ennemis ou neutres jaugeant en tout 8638500 tonnes. Toute l'importance de ce succès résulte du fait que cette somme dépasse de 60 % la flotte commerciale entière que l'Allemagne possédait avant la guerre.. . »

(7 juillet 1917)

« L'offensive ennemie des derniers jours a valu aux Puissances Centrales plusieurs succès considérables d'importance stratégique » ... Le feld-maréchal de Hindenburg a confirmé la ferme conviction qui en résulte, dans un télégramme à la commission démocratique de Munich pour abattre l'Angleterre, en disant : «  Si le peuple allemand reste uni dans la volonté de vaincre avec l'aide de Dieu, tous les ennemis du monde ne peuvent plus nous arracher la victoire ... »

 

Au Reichstag, le nouveau chancelier, le docteur Michaelis, termine ainsi son premier discours

 

« Nous traversons une mer houleuse et nous nous trouvons en eau dangereuse, mais le but de notre voyage brille devant nos yeux. Ce que nous désirons ardemment, c'est une nouvelle et magnifique Allemagne. Ce n'est pas un empire désireux de tyranniser le monde entier par la force des armes comme le font croire nos ennemis, mais un empire moral, pieux, fidèle, paisible et puissant que nous aimons tous. Nous sommes prêts à combattre et à souffrir pour ce pays, nos frères dehors perdent leur sang et donnent leur vie pour un tel empire. C'est une telle Allemagne que nous voulons gagner en combattant, en dépit de tous les ennemis  ... »

(28 juillet 1917)

 

Clemenceau, la paix, et l'Angleterre .. .

 

« Le vieux M. Clemenceau a pris M. Kerensky comme exemple ; il a donné libre cours à sa mauvaise humeur contre la propagande pacifique. La véritable paix ne viendrait, d'après lui, de Stockholm.

Comme il y a toujours des Français, des Russes,. des Italiens et d'autres nations qui sont prêts à vendre leur peau pour les intérêts de l'Angleterre, la Chambre anglaise n'a pas hésité de repousser par 148 voix contre 19 la. motion de paix proposée par le député Macdonald. Les sujets du royaume insulaire se proposent de combattre jusqu'à ce que le reste de l"Europe ne pourra plus nuire à leur commerce.

 

M. Clemenceau s'est bien gardé, de dire ce qu'il entend sous le nom de véritable paix. Nous pouvons, cependant, lever le voile sous lequel se cache une tête de mort. La véritable paix des excitateurs de la guerre de la sorte de M. Clemenceau est la transformation de la France entière en un cimetière gigantesque où tout espoir du pays sera enseveli à jamais, alors qu'un Anglais ricanant monte la garde pour empêcher même les revenants des victimes de M. Poincaré de s'échapper à leur prison  ... »

(4 août 1917)

La quatrième année de la guerre a commencé par l'entrée de nos troupes en Podolie. Des villes et des contrées qui se sont trouvées entre les mains des Russes depuis le début de la guerre ont été arrachées à l'ennemi, et les sauveurs de la Révolution s'enfuient en déroute, suivant leur bannière rouge qui les conduit vers l'est «  ...

 

A la Chambre des Communes anglaise, on parle de paix, on ébauche des conditions de paix, et ce en des termes très variés.

 

Pour l'un, « la France devrait être établie telle qu'elle était avant 1870 » . . . Pour l'autre, « c'est plus le gouvernement anglais que n'importe quel autre qui s'oppose à une paix prochaine »  ... Les gouvernants anglais ne voient pas clair : les soldats français « ont pris réellement en main le commandement de l'armée et ils refusent d'obéir aux ordres donnés (...). Si la guerre durait encore longtemps, il y aurait en France une révolution, de même qu'en Russie  ... »

 « En fin de compte, M. Snowden a demandé, au nom de l'humanité, qu'on mette fin à la guerre dès maintenant Son collègue, le député Lee Smith, a regretté d'entendre que M. Asquith n'a donné une réponse à aucune des questions posées par le Reichstag. Il a demandé ensuite si le leader du parti libéral était prêt à appliquer aussi la thèse de la paix « sans annexions » aux colonies allemandes, en soulignant qu'il serait honteux que le pays qui prétend être entré en guerre aux seules fins de sauver la justice en sortirait avec un gain d'un million de milles carrées de territoires. Rien n'aurait été plus propice à unir le peuple allemand, à renforcer le militarisme allemand, que l'annonce du boycottage du commerce allemand ainsi que la guerre économique après la fin des hostilités. Si le gouvernement insistait sur cette politique terrible, une nouvelle guerre serait inévitable, car aucun pays ne laisserait boycotter son commerce sans contrecoup. Si l'on désirait vraiment que la démocratie soit instituée en Allemagne, ceci ne serait possible que par une paix qui dirait aux Allemands que le militarisme n'est pas nécessaire à leur sécurité ni à l'inviolabilité de leur pays»

(11 août 1917)

Le Pape est intervenu en faveur de la paix.

« Vu la rage folle qui s'empare de plus en plus des politiciens de l'Entente, il est risquant pour le Pape de choisir ce moment pour ses propositions de paix, propositions qui s'adressent au bon sens des belligérants et qui exigent, par suite, un fond qui n'est pas encore préparé à la Multiple Entente. Des désillusions, des promesses intenables, des trônes brisés et une triste impuissance, telles sont les pierres qui rendent le champ de la Multiple Entente infertile à la Civilisation, à l'Humanité et à la Paix , ...

(25 août 1917)

 

 

«Tout le monde sait qu'une durée plus longue de la guerre ne fait qu'augmenter les victimes et multiplier les chances des Puissances Centrales » ...

 

« Alors que les Français étaient décidés, au début des hostilités, de combattre jusqu'au dernier Russe et que les Anglais se proposaient, plus tard, de faire la guerre jusqu'à ce que le dernier Français fût consacré, les Américains ont maintenant l'intention de ne pas remettre leur épée à deux tranchants dans le fourreau avant que le dernier Anglais eût mordu la poussière. Derrière M. Wilson se trouve déjà le Japonais ricanant qui se développe de plus en plus comme financier et fournisseur de la Multiple Entente et qui procure à la race jaune une prépondérance qui fera sentir, plus tard, le fardeau de son joug aux démocraties ou à l'union des nations» ...

(6 octobre 1917)

Le « Saturday Review » trace un tableau satirique de l'avenir

« Un de nos amis qui revient du front nous écrit : Les troupes sont en excellente humeur et comptent à ce que la guerre dure encore cinq ans au moins. C'est le langage de nos gars, car s'il y avait encore cinq ans de guerre nous pourrions nous attendre à quelques événements. Notre dette publique serait alors montée à 25 milliards livres sterling (500 milliards marks). Chaque homme, chaque femme et chaque enfant serait un pensionnaire d'état. Des vieillards de 60 ans ramperaient sur nos places, comme agents spéciaux de sûreté derrière les criminels juvéniles. L'Allemagne aurait conquis la Russie, la Chine et la Perse. La France aurait conclu la paix ; M. Caillaux serait président de la République. L'armée anglaise qui se recruterait exclusivement de braves de 50 ans serait arrivée dans les faubourgs de Bruxelles, et tout irait pour le mieux dans ce monde »

(10 novembre 1917)

Quel crédit accordé aux écrits du rédacteur de la « Chronique de la guerre » - ?  Etait-il en mesure de rapporter fidèlement les dires et faits ci-dessus ? . . Etait-il de bonne ou mauvaise foi ?. .

Quel chroniqueur de guerre n'est pas emporté, par son tempérament patriotique ?  Quel chroniqueur peut embrasser au jour le jour, avec objectivité, ce qui se passe dans son camp et dans le camp adverse ?

10 novembre 1917. Encore cinq années de guerre ? . . Non, car dans un an et un jour, c'est la ..


 

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