CHAPITRE III               RETOUR      ACCUEIL

FLASH - INFORMATIONS
(Août 1914 - Décembre 1915
)

Août 1914

Les troupes britanniques commencent à débarquer sur les côtes française et belge dans la nuit du 7.

 

Mort du pape Pie X (le 13).

 

Inauguration officielle du Canal de Panama (16), l'inauguration officieuse ayant été faite par le paquebot Cristobal (3).

 

Dernier télégramme transmis de Bruxelles à Amsterdam Les Allemands arrivent ; nous nous retirons. Adieu (20 à 7 h 03).

 

Mort au combat, en Belgique, d'Ernest Psichari, lieutenant au 2ème régiment d'artillerie coloniale, auteur de l'APPEL AUX ARMES (le 22).

 

 Affaire - de VOULPAIX à laquelle participe mon père (le 30).

 

L'Allemagne obtient l'alliance de la Turquie.

 

 

Septembre 1914

 

Election de Benoît XV par le Conclave (le 3).

 

Affaire  de COLIGNY-PIERRE MORAIN, autre affaire à laquelle participe mon père (le 6).

 

Bombardement de Papeete par deux croiseurs allemands (le 22).

 

Sur ordre de l'autorité militaire, un nombre important de personnes, principalement des hommes susceptibles d'être mobilisés, évacuent la région d'Hénin-Liétard, de Billy-Montigny, de Courrières, d'Harnes (le 30).

 

 

Octobre 1914

 

Lens, Liévin, Angres, Souchez, Givenchy... sont occupés par les Allemands (le 4).

 

Manifestations francophiles à Lisbonne où le croiseur français « Dupetit-Thouars » s'est rendu à l'occasion du 4ème anniversaire de la proclamation de la République portugaise (le 5).

 

Bombardement des villes d'Arras et d'Albert (la statue de la Vierge dorée du clocher de la Basilique d'Albert reste suspendue dans le vide, un obus allemand ayant éclaté près de la base du socle).

Le président de la République, Poincaré, rencontre à Dunkerque le ministre de la guerre britannique Lord Kitchener (le 31).

 

 

Novembre 1914

 

Rencontre du roi des Belges, Albert 1er, et du président Poincaré dans l'Hôtel de Ville dé Furnes (le 1).

Rentrés en France par le Pas-de-Calais, et ayant appris la conduite courageuse sur le front des mineurs mobilisés, Poincaré et sa suite descendent dans un des puits de la concession des Mines de Bruay, accompagnés par le directeur Elby.

Les Alliés déclarent la guerre à la Turquie (le 3).

Le roi d'Angleterre, Georges V, quitte Londres pour un voyage d'une semaine sur le continent (le 30).

Les Japonais occupent les possessions allemandes du Pacifique.

 

 

Décembre 1914

 

Georges V et Poincaré passent la journée au milieu des troupes britanniques (le 1).

Georges V, Albert 1 er, le prince de Galles et des princes indiens passent en revue les troupes belges (4).

Du 1er au 7, bataille et libération de Vermelles (Pas-de-Calais) après des préparatifs d'attaque commencés le 14 octobre.

«Affaire» du Bois des Zouaves à laquelle mon père participe avec la Division marocaine.

 

 

Noël 1914

 

Premier Noël de guerre. A la suite d'un appel lancé aux enfants de France de souscrire chacun 10 centimes, une somme de 420 000 francs a été recueillie permettant l'achat de 1 600 000 paquets de tabac, 600 000 cigares, 33 500 kilos de chocolat qui seront répartis et envoyés aux soldats de tous les régiments de France avec une lettre rédigée par Jean Aicard, sous la forme d'un sonnet :

 

Nous, les enfants, les uns au logis maternel,

Les autres à l'école, où l'on est fier d'apprendre,

C'est nous qui vous offrons le cadeau rituel,

Frères, Pères, qui vous battez pour nous défendre.

 

La France, en plein combat, sait garder un cœur tendre

Elle est le chevalier de l'amour éternel ;

C'est ce qu'au dur Germain feront, ce soir, entendre,

Sous le feu des canons, vos chansons de Noël.

 

Nous n'avons pas mis, nous, chers absents, cette année,

Notre petit sabot devant la cheminée...

Vous souffrez : c'est à nous de vous faire un cadeau.

Noël l Ce cri d'amour est un cri d'espérance

II faut vaincre !  Le monde a besoin d'une France,

Soldats ! Donnez, pour nous, un baiser au Drapeau.

 

 

janvier 1915

 

1915,  L'année nouvelle est là... Que sera-t-elle?_ Quels seront le bulletin du 28 février? Le communiqué de Pâques ? La victoire de mai?.. Année mystérieuse, année décisive, année du Siècle ... Nous ne nous demanderons plus jamais quand cela finira ... Nous aurons, dur comme fer, l'optimisme de la patrie…       

(Henri Lavedan - « L'ILLUSTRATION m du 2-1-15)

 

 

Février 1915

 

Echec d'une menace des Turcs sur le canal de Suez.

 

 

Mars 1915

 

Attaque et libération de Neuve-Chapelle par le 4ème corps d'armée anglaise et le corps indien (le 10).

Raid de Zeppelins sur Paris : 6 bombes incendiaires sur la capitale, 3 dans la banlieue et 31 bombes explosives.

Torpillage par un sous-marin allemand du paquebot anglais « Falaba - dans le canal St-Georges (le 28) ; sur 250 passagers et hommes d'équipage, 112 personnes ont péri.

Participation de la France à l'Exposition internationale de San Francisco.

 

 

Avril 1915

 

Dune déclaration faite à la Chambre des Communes par le ministre de l'Armement, Lloyd George, il ressort que l'armée britannique dispose sur le front français de 36 divisions de 20000 hommes chacune.

 

La presse se plaint du manque d'information donnée par les Anglais sur leur coopération à l'effort de guerre.

 

Le traité de Londres (le 26) engage l'Italie à entrer en guerre aux côtés des Alliés ; l'Italie se considérera en guerre avec l'Autriche-Hongrie le 23 mai.

 

Sur 948 km de front, les Britanniques occupent 50 km, les Belges 28 km et les Français 870 km

 

 

Mai 1915

 

Torpillage du paquebot « Lusitania » ; 1200 personnes périssent dont 124 Américains (le 7).

 

Déclenchement de l'offensive en Artois (9) –

 

Attaque du plateau de Lorette ;

 

Attaque de Neuville-Saint-Vaast : la moitié du village est enlevée maison par maison ;

 

Conquête des Ouvrages Blancs, masse de bastions et de tranchées creusées par les Allemands dans un sol crayeux ; et reprise d'une partie de la route Arras - Béthune ;

Prise de La Targette.

Les ouvrages allemands au Sud de la route de Souchez à Carency et le côté Est de Carency sont enlevés d'assaut (le 10).

 

Lorette est entre les mains des troupes françaises (le 12).

Capitulation de Carency : plus de 1000 Allemands se rendent (le 12).

 

Remise au Général Joffre d'une gerbe de lilas cueillie au milieu des vestiges d'un jardin de Carency (le 13).

Au cours de nombreuses contre-attaques farouches, d'une âpreté et d'une violence inouïe, les Allemands tentent de reprendre les positions perdues en Artois ; les troupes françaises résistent et conservent les positions conquises (22 au 26 mai).

Les vainqueurs de Carency achèvent d'occuper Ablain Saint-Nazaire ; la sucrerie de Souchez, à mi-chemin entre le village et Ablain, enlevée puis reprise par les Allemands, est définitivement conquise par les Français (27 mai - 2 juin).

De violents combats, auxquels participe mon père, se déroulent, également à Hébuterne (Pas-de-Calais).

A Orléans, deux soldats français et deux soldats anglais ... montent une garde d'honneur au pied de la statue de Jeanne d'Arc... le jour de sa fête.

 

 

juin 1915

 

En Artois, les Allemands tentent de reprendre les positions perdues. Depuis le 3, c'est la canonnade d'une intensité jamais connue. Aux batteries lourdes allemandes répond un ouragan d'obus français.

 

Cinq tentatives d'assaut dirigées contre le plateau de Lorette (du 4 au 5), attaques sans discontinuité sur la route de Béthune ; tentatives de reprise de la sucrerie de Souchez (du 3 au 4, puis le 6).

 

Les Français enlèvent un point fortifié : le Cabaret Rouge ; ils s'infiltrent dans le Labyrinthe (abris en tous sens entrecroisés, protégés par un amoncellement de sacs à terre et de sacs de ciment mêlés, enchevêtrés), font 800 prisonniers (le 2), gagnent 450 m (du 4 au 6) et, malgré des retours offensifs, atteignent le point central (le 7).

 

Neuville Saint Vaast est définitivement conquis le 9 juin après un mois entier de corps à corps atroce.

 

Le 16, nouveau duel d'artillerie d'une violence encore plus forte que le 3. Les Allemands ont amené 11 divisions dans les parages de Neuville-Saint-Vaast. Pour aider les fantassins à repousser les contre-attaques, 300 000 obus sont tirés du 16 au 17. Peu de prisonniers, beaucoup de tués de part et d'autre. Les forces aériennes ont aidé à conserver les positions françaises en arrosant de bombes les rassemblements et les réserves massés dans Givenchy et dans les bois de Vimy.

Les contre-attaques allemandes ont pris fin au matin du 22.

 

En fin de mois, rencontres d'infanterie du 24 au 26 entre Ablain et Angres : les Allemands prennent 200 mètres de chemins creux que les Français reprennent le 28. Luttes de tranchées entre Neuville - Saint - Vaast et Farbus.

 

 

juillet 1915

 

Conférence à la gare maritime de Calais des représentants les plus éminents des gouvernements britannique et français et des chefs des deux armées, conférence la plus importante depuis le commencement de la guerre (le 6).

Visite au grand quartier général de Joffre du général Porro, sous-chef d'état-major général de l'armée italienne (le 10).

Destruction du musée, du séminaire, de la bibliothèque et de la cathédrale d'Arras à la suite d'un violent bombardement par obus incendiaires le 5 vers 10 heures du soir, puis le 10.

Les combats se poursuivent en Artois ; dans la nuit du 11 au 12, l'emploi d'obus asphyxiants permet aux Allemands d'enlever le cimetière de Souchez et des éléments de tranchées, repris en partie le lendemain.

Translation des cendres de Rouget de Lisle aux Invalides (le14).

 

Bully-les-Mines est sévèrement bombardé (le16).

Le jour de fête de Notre-Dame de Kazan (le 21), prières publiques à Petrograd pour la victoire des armées russes.

 

Echanges de grands blessés entre la France et l'Allemagne; rapatriement en train par la Suisse (du 10 au 31).

 

 

Août 1915

 

Au front, remise de drapeaux par le président de la République (le 1)

 

- au 4ème Régiment mixte de tirailleurs dont les bataillons se sont distingués à Carency, Lassigny, Roclincourt, Marne, Yser ;

- au 3ème Régiment bis de zouaves (Marne, Yser, Aisne, environs d'Arras) ;

- au 3ème Régiment mixte de tirailleurs et de zouaves (Soissons, Marne, Yser) ;

- au 2ème Régiment mixte de zouaves (héroïque à la Maison Blanche, à La Targette, à Etrépilly et sur l'Yser) ;

- au Régiment de marche d'infanterie coloniale du Maroc.

 

Visite de Lord Kitchener aux armées françaises et britanniques (16, 17, 18).

Visite du roi des Belges aux armées françaises (23, 24).

 

La première année de guerre s'achève dans un calme relatif sur l'ensemble du front.

 

 

Septembre 1915

 

Rencontre du roi d'Italie, Victor-Emmanuel, avec le général Joffre (3) et visite du front italien (4 et 5).

 

Commémoration des journées de la Marne (5 et 12).

Ordre général adressé aux troupes le 23 septembre par le général Joffre

« Soldats de la République,

 

Après des mois d'attente qui nous ont permis d'augmenter nos forces et nos ressources, tandis que l'adversaire usait les siennes, l'heure est venue d'attaquer pour vaincre et pour ajouter de nouvelles pages de gloire à celles de la Marne et des Flandres, des Vosges et d'Arras.

Derrière l'ouragan de fer et de feu déchaîné grâce au labeur des usines de France, où vos frères ont nuit et jour travaillé pour nous, vous irez à l'assaut tous ensemble, sur tout le front, en étroite union avec les armées de nos alliés.

Votre élan sera irrésistible.

Il vous portera d'un premier effort jusqu'aux batteries de l'adversaire, au-delà des lignes fortifiées qu'il vous oppose.

Vous ne lui laisserez ni trêve ni repos jusqu'à l'achèvement de la victoire.

Allez-y de plein cœur, pour la délivrance du sol de la patrie, pour le triomphe du droit et de la liberté».

JOFFRE

 

Offensive française et britannique en Champagne et de La Bassée à Arras (le 25).

 

Occupation de Loos-en-Gohelle par les Anglais (le 25).

 

Prise de Souchez après 2 jours de combats (les 25 et 26).

 

 

 Octobre 1915

 

Entrée effective de la Bulgarie dans l'alliance allemande (le 5).

 

Anniversaire de la bataille d'Azincourt (le 25). Il y a 500 ans, Français et Anglais étaient en guerre ; aujourd'hui, les deux armées fraternisent. Les chasseurs à pied français, cantonnant à Tramecourt, invitent leurs voisins britanniques à évoquer ensemble ce souvenir sur le terrain de la bataille.

 

Le roi d'Angleterre passe en revue des troupes françaises dont le Corps Colonial (le 26), puis entreprend une tournée d'inspection des troupes britanniques (le 27).

En Artois, stabilisation relative du front.

 

 

Novembre 1915

 

Extrait de la déclaration ministérielle faite à la Chambre des Députés (le 3) par Aristide Briand sur la formation du nouveau gouvernement dont il est le chef

 

« Il est formé à l'image de la nation même qui, d'instinct, a réalisé entre tous les citoyens l'union la plus complète, face à l'ennemi.

Des hommes venus de tous les partis, oublieux de la diversité des opinions qui a pu autrefois les séparer, se sont rapprochés avec, pour unique préoccupation, la défense nationale, et pour but, la victoire.

... Nos ennemis n'ont à escompter de notre part ni lassitude, ni défaillance ... Nous avons la volonté de vaincre, nous vaincrons » .

 

Conseil de guerre franco-anglais ( le 17).

 

 

Décembre 1915

 

Conférence franco- britannique (le 4).

Grand Conseil de guerre des Alliés au Grand Quartier Général français (8). Y participent Joffre (France), Sir John French (Grande-Bretagne), Gilinski (Russie), Porro (Italie), Wiellemans (Belgique), Stéfanovitch (Serbie). Au cours de ce Conseil se décident le plan de campagne de 1916 et la portée de l'aide matérielle à la Russie.

Une mission militaire japonaise visite le front français.

Nouveau commandant en chef des forces britanniques en France, le général Sir Douglas Haig succède (le 16) au maréchal sir John French qui a demandé à être relevé de ses fonctions.

 

Noël, le second depuis le début de la guerre : une nuit, une journée semblables aux autres.

Que penser après 17 mois de batailles? En août 1914, sur les trains, sur les autobus, deux mots : Paris-Berlin ; c'était la foi en une victoire rapide. Après l'invasion, après la victoire de la Marne, une certitude : les Allemands ont raté leur  « affaire » ; les Français, aidés de leurs Alliés, vaincront. Quand? Lorsque l'inégalité des forces penchera en leur faveur, et elle ne peut pencher qu'en leur faveur. Ce moment-là semble encore bien loin ; il faut donc attendre. L'essentiel, ce n'est pas d'attaquer; mais de durer, de supporter ce qui est pire que la boue, le froid, la misère, les poux, les rats : l'immobilité et l'ennui. C'est en gardant patience, en durant, que la France vaincra.

 

Ainsi pensent le Capitaine X ... et bien des soldats.


 

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