LORETTE
Lorette : un nom qui m'est familier. Il évoque une Chapelle -Basilique et une Tour-Lanterne que j'apercevais facilement d'un coin de ma terre natale, la cité 2 de Mazingarbe. Une Tour-Lanterne? Mes camarades et moimême disions le «phare Les soirs des beaux jours, nous regardions " tourner sa lumière", silencieux, couchés sur un terrain herbeux ou assis sur l'accotement d'un chemin.
Lorette : un lieu de pèlerinages auxquels j'ai eu l'occasion de participer, un lieu auquel j'accédais par un chemin partant de la R. N. 37, traversant le bois des « Boches v, longeant le « Fond de Buval =.
Lorette : un plateau s'avançant tel un promontoire au-dessus de la plaine de Lens, un plateau dominant la moitié du bassin houiller du Nord de la France, un plateau d'accès facile côté Aix-Noulette, très escarpé côté, AblainSaint-Nazaire et Souchez, avec une série de contreforts l'éperon Mathis (jouxtant le bois de Bouvigny), le GrandEperon, l'éperon des Arabes, l'éperon de la Blanche-Voie et l'éperon de Souchez.
Un plateau qui doit son nom à une chapelle érigée en 1727 par un peintre, ancien malade, Florent Guilbert, guéri à Lorette (Italie) dans la Santa-Casa de la Vierge.
Une chapelle détruite en 1794, reconstruite en 1816, agrandie en 1880.
Le plateau de Notre-Dame-de-Lorette : un observatoire, un point stratégique, le dernier bastion avant la Manche. Un plateau dont les Allemands se sont assurés les vues dans leur « course à la mer a arrêtée le 15 octobre 1914.
La ligne de front français, stabilisée à l'ouest de Carency et d'Ablain-Saint-Nazaire occupés par les Allemands, traverse le bois de Bouvigny à 1 000 mètres environ de la Chapelle et rejoint la route Arras - Béthune, près d'AixNoulette.
Le plateau de Lorette, les Français sont résolus à le reprendre. Au cours des mois d'hiver, dans le froid, sous la pluie et dans la boue, sous le feu des batteries allemandes, ils ont « multiplié les tranchées, les boyaux et les cheminements, disposé une forte artillerie sur le terrain en arrière, construit, pour les ravitaillements et les évacuations, des chemins de fer à voie étroite, aménagé des dépôts de munitions, de vivres, des réservoirs d'eau » ( Entre guillemets, ainsi que pour les textes suivants, extraits du récit officiel de la victoire de Lorette.).
En face, du grand Eperon à la route précitée, les Allemands ont aménagé plusieurs lignes de tranchées profondes renforcées de sacs à terre et de sacs de ciment, une zone couverte par des réseaux doubles et triples de fils de fer barbelés et de chevaux de frise. De 100 mètres en 100 mètres, des barricades garnies de mitrailleuses. Des fortins avec fossés, grilles, abris-cavernes. Des mitrailleuses à Ablain et à Souchez prêtes à balayer toutes les attaques françaises sur les flancs du plateau. Une artillerie puissante dissimulée à Angres et dans la vaste agglomération de Liévin.
Courant mars 1915, entre Français et Allemands, la lutte reprend plus vive que jamais. Le 15, le commandant Dupont lance deux de ses compagnies à l'assaut du GrandEperon du plateau de Lorette. Le capitaine Maire et les hommes de sa Cie enlèvent les tranchées sur la crête ; il tombe mortellement blessé sur la position conquise. Le souslieutenant de Roquetaillade est tué en poursuivant les Allemands. Avec sa section, le sous-lieutenant Bois arrive au rebord du plateau ; après deux heures de lutte, il lui reste une douzaine d'hommes sans cartouche. L'ennemi lui crie de se rendre ; l'arrivée d'une section conduite par le sergent Lyonnet rétablit la situation. Le Grand-Eperon est enlevé.
Le 16 mars, les Allemands tentent de le reprendre l'artillerie canonne, les mitrailleuses balayent l'éperon. Le commandant Dupont est tué à son poste par un obus.
A travers la mitraille, le soldat Pichon passe et repasse à découvert sur l'éperon pendant toute la journée pour assurer la transmission des ordres, Et combien de héros anonymes
Au cours de la dernière semaine de mars, les Français tentent une nouvelle attaque. Sans succès. Puis s'ensuit une série de combats sporadiques.
Le 15 avril, reprise de l'offensive précédée d'une préparation de terrain par l'artillerie. Se lançant à la baïonnette, les Français déblayent complètement le Grand - Eperon et se portent jusqu'à l'entrée d'Ablain. Les jours suivants, les Allemands contre-attaquent. En vain.
9 mai 1915. La première grande offensive en Artois est déclenchée. s La division chargée de l'attaque de Lorette comprend trois régiments d'infanterie et trois bataillons de chasseurs m.
L'artillerie française pilonne les lignes allemandes. A 10 heures, c'est l'attaque. D'un élan irrésistible, les soldats français enlèvent trois lignes de tranchées allemandes au prix de lourdes pertes.
Mais, au centre, l'attaque se brise sur le fortin situé au Nord - Est de la Chapelle. Le terrain bombardé a été transformé en un chaos indescriptible. Impossible de suivre le plan d'attaque. Les chasseurs n'avancent plus, les fantassins les rejoignent : on tient.
A gauche, entre le fortin et les bois, le gros des forces atteint la quatrième ligne : un chemin de terre qui va de la Chapelle à la route Souchez - Noulette. Les batteries allemandes d'Angres arrosent d'obus ce secteur. Les renforts qui arrivent sont en partie décimés. Impossible d'aller plus avant.
A droite, après la conquête des premières tranchées, les troupes se rabattent vers le Nord - pour aider celles qui attaquent le fortin =. Les compagnies = gagnent du terrain pied à pied. On se bat à coups de grenade, à coups de baïonnette, à coups de couteau Des officiers supérieurs sont tués. Des sergents prennent le commandement. D'Ablain, les mitrailleuses allemandes tirent sans discontinuité,. Combien de soldats sont déjà tombés 1
Après douze heures de lutte, chasseurs et fantassins s'installent dans des trous. L'un se trouve être un énorme entonnoir de mine de 80 mètres de tour, au fond duquel on pousse les cadavres allemands ; sur le pourtour, on aménage des parapets. C'est la nuit, une nuit = éclairée par les obus et les fusées, déchirée par les cris des blessés, le fracas des explosions, le claquement des balles». Une nuit «sous un bombardement infernal, sans abris».
A l'aube du 10 mai, chefs et soldats sont d'accord sur l'objectif à atteindre : faire tomber le fortin.
Mais, dans la journée du 10, des rassemblements de soldats allemands laissent présager une contre-attaque venant de Souchez. L'artillerie française exécute un violent tir de barrage. La contre-attaque allemande n'a finalement pas lieu. Des fantassins, protégés par le tir de barrage, en profitent pour enlever une quatrième ligne de tranchées. «Certains, emportés par leur élan, descendent jusqu'aux abris dans le ravin d'Ablain et y font prisonnier un commandant de compagnie
Sur la gauche de la Chapelle, une attaque française est rapidement arrêtée par les canons d'Angres. En outre, le commandant du bataillon de chasseurs est mortellement frappé d'une balle à la tête en sortant des tranchées, d'où un certain flottement. Au centre, le fortin continue à empêcher l'accès du plateau.
Ce 10 mai, au soir, les Français ont conservé les gains de la veille et grignoté un peu de terrain ; grâce au fortin, les Allemands sont cependant toujours maîtres du plateau de Lorette.
11 mai. Les éléments orientés la veille face à la sucrerie de Souchez sont ramenés sur le plateau. En même temps, les troupes françaises refoulent les Allemands sur les contreforts Sud du plateau et avancent sur l'éperon qui domine Ablain sous les tirs permanents des canons d'Angres et des mitrailleuses d'Ablain.
Enlever le fortin est la seule pensée des soldats et de leurs chefs. = On vit et on a confiance. Mais il fait chaud et l'odeur est atroce. Tous les morts des mois précédents, enterrés à fleur de terre, ont été projetés par les obus hors de leurs tombes. Le plateau est un charnier • .. .
Le soir, après une lutte féroce, dans les trous d'obus qui jalonnent les pentes des ravins, en bondissant derrière les haies basses =, les Français s'emparent des pentes inférieures de l'éperon des Arabes.
Dans ces trous, ce ne sont que des combats corps à corps. a Un des nôtres maîtrisait un officier qui avait tiré la dernière balle de son browning ; un autre lançait des grenades par-dessus un mur de sacs à terre derrière lequel s'abritaient les derniers occupants et qu'un camarade, un autre grenadier sans capote, souple et fort comme un lutteur, s'efforçait de renverser : il y réussit. . .
Les Allemands contre-attaquent dans la nuit en partant de l'éperon de Blanche-voie ; ils sont refoulés.
Au terme de cette journée, les Français touchent aux lisières Nord d'Ablain ; les progrès des jours précédents ont été maintenus ; les unités d'attaque ont été renforcées ; l'intendance suit : les hommes de tête sont ravitaillés en soupe, en vin et en tabac.
Dans la nuit du 12 mai, les chasseurs attaquent. Derrière leurs sacs à terre et leurs sacs de ciment, les Allemands tournent sans arrêt la roue de leurs mitrailleuses qui fauchent les attaquants, crachent la mort.
Il faut en finir. Par bonds, à plat ventre, se courbant, rampant, des chasseurs atteignent le rempart. - Là, sous les mitrailleuses qui tirent à 75 centimètres au-dessus d'eux, ils arrachent les sacs à terre, et, les appliquant sur les créneaux, ils ralentissent le tir ennemi par un prodige d'ingéniosité héroïque Ceux qui suivent en profitent pour enjamber le parapet et sauter à l'intérieur du fortin.
« Dans la nuit épaisse, unn corps à corps forcené s'engage. Les Allemands n'en peuvent plus. Leur moral fléchit. Un adjudant d'infanterie se porte seul en avant. Un Allemand le met en joue et le manque. L'adjudant le vise avec son révolver. Le coup ne part pas. L'Allemand se rend tout de même =.
Les Français avancent à tâtons sur le plateau e de toutes parts soumis au feu de l'ennemi =. Au petit jour, ils sont à plusieurs centaines de mètres de la Chapelle, ils approchent du dernier éperon.
Officiers et soldats sont harassés, brisés. Mais les plus belles espérances auréolent le jour qui se lève
Que reste-t-il de la Chapelle? • Les murs sont à terre. Autour, c'est un inextricable enchevêtrement de caves, d'entonnoirs, de trous d'obus, bourrés de cadavres et de matériel - ...
Les Français sont maîtres de Carency et d'une partie d'Ablain, mais de l'autre partie les Allemands continuent à mitrailler et à empêcher les contre-attaques françaises.
En outre, impossible de descendre vers la sucrerie de Souchez, impossible d'avancer sur l'éperon de Blanche Voie. • Par contre, au prix de difficultés indescriptibles les hommes progressent sur le dernier éperon et arrivent jusqu'à un point qui domine la sucrerie de Souchez.
Après une attaque sans succès, les 15 et 16 mai, les Français assurent leurs positions, creusant tant bien que mal des boyaux sur le plateau : à chaque mètre, ils déterrent les cadavres des combats antérieurs ; et toujours ces obus qui arrivent d'Angres et de Liévin. Au soir du 20, les différentes positions conquises du plateau sont consolidées, les liaisons entre ces positions établies et la relève des unités réalisée.
Reste à enlever le dernier contrefort, la Blanche-Voie. L'attaque a lieu le 21 dans l'après-midi. De trois côtés à la fois. Un groupe part de l'éperon des Arabes : les hommes bondissent en avant, signalent aux artilleurs leur progression par un fanion et enlèvent s en quelques instants les tranchées» qui leur font face. Le deuxième, parti côté Nord,
s'engage résolument dans le boyau central des Allemands, qui, serrés de près de tous côtés, jettent leurs armes et courent à toute vitesse jusqu'à la tranchée de départ de l'attaque, en levant les mains et en se cachant pour échapper au tir de leur artillerie-. Le troisième groupe «part d'Ablain, prend d'assaut les maisons de l'Ouest de l'église et coupe ainsi les communications de la Blanche-Voie avec Souchez =.
Les trois attaques se rejoignent alors. Bilan : 300 prisonniers et un canon.
Le 22 mai, à 2 heures du matin, les Allemands contreattaquent. Ils sont repoussés.
Après une bataille sanglante et acharnée de treize jours, les Français sont maîtres du plateau de Lorette et de ses contreforts. Plus de 3 000 Allemands tués, un millier de prisonniers. Mais à combien se montent les pertes françaises ?
La victoire de Lorette, c'est le triomphe de troupes
admirables de vaillance, solidaires, qui à tout prix voulaient reprendre le plateau de Lorette. Des troupes qui, bien qu'écrasées par l'artillerie ennemie, avaient foi en la victoire. Avec des chefs qui avaient préparé l'attaque avec soin, avec des chefs dont l'allant a galvanisé les troupes et dont un grand nombre ont payé de leur vie le succès. Et peut-être aussi, grâce « à l'héroïsme des cuisiniers - ! Soupe, vin, tabac arrivaient en première ligne : de quoi maintenir le moral.
En face, les Allemands. lis ont tenu un certain temps les Français en échec. Ils détenaient un bastion inexpugnable. Et pourtant... Leurs contre-attaques n'apparaissent pas mordantes. Ils ont été, vaincus. Pourquoi ? Le carnet de notes retrouvé dans la sacoche du capitaine allemand Sievert, officier du 111ème régiment d'infanterie, commandant le 1er bataillon, mort le 21 dans la bataille de Lorette, révèle des causes de la défaite allemande.
Après avoir dénombré le nombre de ses forces, Sievert écrit au lendemain de l'attaque du 10 mai : « Je prie encore une fois, de la façon la plus instante, qu'on vienne me relever, car il ne me reste plus que le tiers des combattants
Le 11, il n'a encore rien reçu. Faute de matériel indispensable, il lui est impossible d'exécuter une opération nocturne de concert avec deux autres bataillons, le succès n'étant pas assuré. Il avait réclamé un grand nombre de grenades. Il n'en obtient que 120 pour deux secteurs !
L'ennemi est très abondamment pourvu de grenades à main. C'est cela qui a arrêté notre mouvement et occasionné en certains points de légers reculs. En outre, l'artillerie ennemie tire aujourd'hui sans interruption et nous inflige des pertes =.
Le soir du 11, le bataillon est relevé. Le 18 au soir, il reprend du service dans les tranchées. Où doit-il se rendre? Vers Souchez, jusqu'au ravin. «Nous arrivons à Souchez ruisselants de sueur. Spectacle indescriptible ! Un effrayant monceau de ruines
Ce n'est pas là qu'il devait se rendre, mais sur le versant Sud de la hauteur de Lorette. = On ne me donne que des renseignements très superficiels sur le secteur où doit se faire la relève. A toutes les questions, on répond
Je ne sais pas, il n'y a pas de liaisons =.
Rien à manger. 3 heures pour se rendre aux cuisines roulantes et en revenir. Les hommes sont épuisés. = Le moral est très bas
Le 20, il écrit : = Les commandants de Compagnies sont unanimes à se plaindre du complet épuisement et de la démoralisation de leurs hommes. On a beaucoup de peine à maintenir les hommes à leur poste, en les menaçant du conseil de guerre. A chaque obus qui tombe, les hommes décampent et on est obligé de les pousser en avant ... Cet état de choses est la conséquence des efforts excessifs qu'on leur a demandés du 2 au 13 mai et du surmenage physique et moral ininterrompu seulement par de rares journées de repos».
Pour Sievert, il est nécessaire d'abandonner Lorette et d'autres positions. Ce serait un acte sage. Mais le prestige de l'armée allemande commande de tenir jusqu'au bout. Il lance un appel suprême et désespéré.
Je demande qu'un officier soit envoyé ici par le haut commandement pour se rendre compte de la situation. De tout ce que j'ai demandé : fusées éclairantes, sacs de sable, etc ... rien n'arrive. On nous laisse en plan.
Je demande de nouveau, instamment, que la 4ème compagnie du 3ème soit mise à ma disposition.
Le feu de l'artillerie ennemie est effrayant, surtout le feu de l'artillerie lourde, dont on entend lentement venir les projectiles. Chacun est sur ses gardes et se demande où ils vont tomber. Le parapet tremble, des mottes de terre et des morceaux de fer pleuvent sur nous.
Combien de temps encore devrons-nous tenir dans ce piège à souris? Je crois que mes nerfs sont maintenant à bout. Le feu a atteint sa plus grande violence. Indescriptible Le dernier mot écrit par le capitaine Sievert mort sur les pentes de Lorette ...
Lorette, aujourd'hui : un cimetière militaire national, une Chapelle -Basilique, une Tour-Lanterne.
A l'origine de ces réalisations, une association fondée en 1920 pour perpétuer le souvenir des soldats français morts pour la Patrie sur les lieux mêmes de la bataille l'Association du Monument de Notre-Dame-de-Lorette, une Association ayant créé en son sein une Garde d'Honneur, laquelle comprend une vingtaine de groupes rassemblant dans 25 localités les a gardes d'honneur - qui, du dimanche des ,Rameaux au 11 Novembre, veillent les morts et accueillent les pèlerins.
La bataille de l'Artois, marquée par trois grandes offensives déclenchées les 9 mai, 16 juin et 25 septembre, a duré. 12 mois environ. Les forces françaises qui ont été engagées dans cette bataille représentent : 86 régiments d'infanterie, 18 régiments de cavalerie, 16 bataillons de chasseurs, 8 compagnies du génie, 8 régiments territoriaux, 400 batteries. Les offensives et incessants affrontements ont coûté à la France plus de 55 000 tués et 100 000 grands blessés.
Sur le plateau même, l'autorité militaire a groupé les morts français retrouvés tant sur le champ de bataille que dans les cimetières spéciaux du département à l'exception de ceux de la Targette (7476 tombes et 3 868 corps en ossuaires), de Courcelles-le-Comte (38 tombes et 252 corps en ossuraire : soldats du 48ème R. I., des 16ème et 26ème Régiments Territoriaux), de Marœuil (585 tombes), de StPol-sur-Ternoise (721 tombes), et de Serre-Hébuterne (582 tombes et 240 corps en ossuaires). En outre, 12 080 corps, identifiés, ont été remis aux familles pour être réinhumés au pays natal.
Les corps suffisamment identifiés, 19964, ont reçu une sépulture personnelle marquée par un emblème : 19 119 croix (dont un militaire malgache), 242 stèles Libre Penseur, 555 stèles Musulmanes, 48 stèles Israélites.
Quant aux autres corps, près de 20 000, ils ont été recueillis dans huit ossuaires : cinq sont situés vers le fond du cimetière, deux sont disposés de part et d'autre de la grande allée qui fait face à la Tour-Lanterne, le huitième a été aménagé dans les fondations mêmes de la Tour, sorte de crypte constituée par quatre groupes étagés de huit cercueils recouvrant les vingt-cinq caveaux de l'ossuaire.
Dans l'esprit des fondateurs, Lorette ne pouvait plus être Lorette sans la reconstruction de la Chapelle consacrée au culte de Notre-Dame-de-Lorette particulièrement au moment de la fête patronale en septembre. Il fallait donc faire renaître la Chapelle, souvenir des pèlerinages d'antan; mais aussi construire une chapelle assez importante pour permettre aux foules de parents et d'amis de se rassembler et de prier pour les leurs, tombés sur les champs de bataille d'Artois ou d'ailleurs.
La Chapelle- Basilique se dresse ainsi sur le terreplein aménagé au centre du cimetière, avec un autel extérieur donnant sur ce terre-plein.
Les murs intérieurs sont en partie décorés de plaques aux noms H des soldats morts pour la patrie inscrits sur la demande de leurs familles pour leur obtenir des pèlerins et des visiteurs un souvenir et une prière». Pour la grande majorité, il s'agit de soldats tombés en Artois ; certains sont morts en Champagne, dans les Flandres, en Belgique; et l'un, en Serbie ... Un autre soldat est décédé le 20 juin 1871 à Douai ... Un autre se trouve plus proche de nous : 18 mars 1945 en Allemagne ...
Les vitraux de la Chapelle rappellent en partie de grands hommes associés à un événement de leur vie. Les six vitraux du transept sont des cadeaux de l'Empire britannique. Dans le choeur, deux vitraux rappellent les activités principales de la région : celui de gauche représente Ste Barbe, et deux chevalets en arrière-plan d'un mineur de retour à la maison après sa journée de travail, au milieu de sa femme et de ses enfants qui l'accueillent; celui de droite représente Notre-Dame-de-Lorette avec une inscription
• Pax - Labor » et, dans un décor de campagne, un laboureur travaillant la terre.
Dans le transept droit apparaît une image de NotreDame de Czestochowa, la Vierge noire, patronne de la Pologne, offerte par les P. P. Pauliniens du Monastère de Jasna-Gora et par les catholiques polonais résidant dans le diocèse d'Arras en témoignage de l'amitié, de la nation polonaise pour la nation française et en hommage aux soldats morts au cours de la grande guerre pour la France et pour la Pologne» qui reposent sur le plateau de Lorette. Et s'il plait à Dieu que cette image demeure e jusqu'à la fin des temps pour que, dans ce sanctuaire, les enfants des deux nations se sentent plus fraternellement unis sous le regard de leur mère du Ciel a ...
A l'opposé de la Chapelle -Basilique, sur le même terre plein, la Tour- Lanterne élevée e A nos glorieux morts des champs de bataille de l'Artois et des Flandres-. C'est aussi la «lampe attentive à garder leur mémoire contre la nuit qui tombe, oublieuse, dessus». Mais n'est-ce pas surtout, au-delà d'une inscription, un appel déchirant des morts aux vivants?
Vous qui passez en pèlerins près de leurs tombes Gravissant leur calvaire et ses sanglants chemins,
Ecoutez la clameur qui sort des hécatombes ; Peuples, soyez unis ! hommes, soyez humains-.