CHAPITRE XII       RETOUR      ACCUEIL

 

 

PELERINAGE EN ARTOIS ...

 

Ablain-Saint-Nazaire, Arras, Givenchy en Gohelle, La Targette, Lorette, Neuville Saint-Vaast, Souchez, Vimy : noms de lieux ou de villages maintes fois cités dans les communiqués de guerre, dans le «Bulletin des Armées ».

Une zone de combats héroïques où des hommes, des régiments entiers se sont couverts de gloire. Une zone de combats où plus de 100 000 soldats venus de toutes les parties du monde ont eu rendez-vous avec la MORT. Une zone à présent plantée en partie de croix. Avec ses monuments commémoratifs.

 

SOUVIENS-TOI

... Billy-Montigny. La rocade minière. Lens. La route d'Arras. A Avion, vers la droite, sur une hauteur, le bois de Vimy. Puis, se découvrant derrière un terril, à l'extrémité de ce bois, une masse rectangulaire, blanche, de laquelle montent vers le ciel deux colonnes : le Mémorial canadien de Vimy.

 

SOUVIENS-TOI DES COMBATTANTS CANADIENS

 

A Petit-Viimy, quittons la R. N. 25, entrons dans la forêt domaniale, empruntons la route qui la traverse sur sa longueur. Soudain, un panneau : Parc Commémoratif Canadien du Champ de Bataille de Vimy (Canadian Battlefied Mémorial Park).

Nous sommes en terre canadienne. La France a en effet concédé au Canada, gratuitement et à perpétuité, une partie de la crête de Vimy enlevée de haute lutte aux Allemands par les Canadiens le 9 avril 1917, soit 110 hectares de terrain.

A la sortie du bois, le mémorial se dresse à l'extrémité d'une vaste esplanade : un énorme massif de maçonnerie et, sur ce massif, deux pyramides se terminant en flèche hautes de 35 mètres. Adossés à ces pyramides, des personnages symboliques. Une oeuvre imposante.

De part et d'autre de l'escalier de pierre, une femme et un homme, perdus dans une douleur profonde, accueillent les pèlerins qui, s'avançant, découvrent la plaine de Lens à leurs pieds, la région minière à perte de vue : paysage auquel fait face le mémorial.

Le massif de maçonnerie apparaît alors comme une puissante forteresse avec deux groupes de défenseurs, une forteresse sur laquelle sont inscrits les noms des canadiens morts sur cette terre. Un peu à l'avant, sur un mur : une pleureuse.

Les deux pyramides représentent les armées françaises et canadiennes. A leur base, une inscription dans les deux langues: «  Frères d'armes Français et Canadiens. Le Canada se souvient » Sur les côtés de ces pyramides, les noms d'une cinquantaine de lieux de batailles.

Le mémorial a été élevé par le peuple canadien à la vaillance de ses fils pendant la guerre 1914 - 1918, et en mémoire de ses 60 000 morts.

Pour la prise même de la crête de Vimy, 11 285 Canadiens sont morts. La zone de terrain offerte par la France au Canada a été par la suite boisée : 11 285 arbres ont été plantés, pour la plupart des pins d'Autriche. Leur nombre doit rester constant : il rappelle le souvenir de ces morts.

Le Canada ? Une terre colonisée par des Français. Une terre dont les Anglais se sont emparés pendant la guerre de Sept Ans. Un Etat de l'Amérique du Nord, membre du Commonwealth, simplement uni à la Couronne britannique par des liens d'allégeance. Un Etat où plus d'un quart de la population parle le français.

 

L'Allemagne a envahi la Belgique, la France. Français et Anglais luttent côte à côte contre cette invasion. Les Canadiens, affectivement rattachés à leur mère patrie, se sentent concernés par la guerre qui vient de se déclencher.

Des affiches appellent à l'engagement. Le 24 septembre 1914, plus de 30000 volontaires canadiens s'embarquent pour l'Europe; la majorité sont des descendants de colons français. D'août 1914 à juin 1916, 400000 personnes se présentent dans les différents centres de recrutement pour servir outre-mer.

Destination des volontaires : l'Angleterre d'abord, pour une période d'entraînement. Puis, le 23 décembre 1914, débarquement en France des premiers effectifs. 1 er mars 1915 en position dans les tranchées. En avril, les Canadiens participent à la bataille d'Ypres où ils subissent la première attaque des Allemands par gaz asphyxiants ...

Une seconde division canadienne est formée. Dans cette division, le 22ème bataillon ne comprend que des Canadiens français recrutés dans la province de Québec. Leur devise? «Je me souviens» ...

A l'actif des soldats canadiens, plusieurs affaires glorieuses dont celles de Festubert (mai 1915), Givenchy (juin). En août 1916, ils sont sur le front de la Somme. En 1917, ils relèvent des troupes en Artois, prenant position sur le plateau de Lorette et dans les villages avoisinants : Calonne, Angres, Souchez, Neuville Saint-Vaast, Ecurie.

Leur effectif : quatre divisions, face à une crête que les Français n'ont pas réussi à enlever lors des offensives de 1915: la crête de Vimy. Une crête qui s'étend de Souchez à Thélus en un long glacis découvert avec abris blindés construits par les Allemands ; mais qui, sur la face Nord-est, forme une sorte de falaise d'où l'on domine la vaste plaine de Lens, falaise au pied de laquelle se nichent Petit Vimy, Vimy et Farbus. Une crête quasi inexpugnable que les Canadiens ont pour mission d'enlever. Mais comment?

Au cours de l'hiver, ils multiplient les raids dans les lignes allemandes tant pour entamer le moral de leurs adversaires que pour se familiariser avec le terrain. En outre, grâce aux photos aériennes prises par les pilotes britanniques, des cartes des lieux sont établies et délivrées à chacun. Bien plus, à l'arrière du front, grâce à ces photos, les défenses allemandes sont reproduites jusqu'au moindre détail.

A partir du 20 mars, pendant deux semaines, ces défenses subissent un bombardement systématique. Puis, du 2 au 5 avril, le bombardement s'intensifie, détruisant les emplacements de batteries et les nids de mitrailleuses, rendant impraticables les routes et les chemins, mettant en ruines les agglomérations, empêchant tout ravitaillement en provenance des régions occupées.

Le 7 avril, des aviateurs britanniques survolent les lignes allemandes et leurs arrières, prennent plus de 1500 vues photographiques, effectuent des expéditions de bombardement. Au cours des combats aériens sans merci, les Anglais perdent 28 appareils ; les Allemands dont les appareils sont mieux équipés n'en perdent que 15.

Au matin du 9 avril, les quatre divisions canadiennes occupent un front étalé sur six kilomètres, d'Ecurie à Souchez. Chaque compagnie, chaque section, chaque homme, tous ont un objectif précis à atteindre.

5 h 30. Alors que l'aube se dessine à peine, la première vague d'assaut s'élance sous la protection d'un barrage d'artillerie. Objectif : faire un bond d'un kilomètre sur les hauteurs qui précèdent la crête entre le hameau des Tilleuls et le sud de Thélus. Il pleut à torrents. En trente cinq minutes, l'objectif est atteint.

La première vague d'assaut s'arrête alors et laisse passer la seconde vague. Son objectif : une portion de terrain située à 900 mètres, atteinte en vingt minutes.

La bataille est suspendue pendant deux heures et demie. La pluie cesse de tomber. L'artillerie arrose d'obus les barrages de barbelés placés devant le troisième objectif. Les troupes canadiennes atteignent cet objectif et Thélus en une heure quinze.

Puis les deux divisions du Sud s'élancent impétueusement et en masse à l'attaque de Farbus où niche l'artillerie ennemie. Les Allemands continuent de tirer, se font tuer sur place. Au prix d'une bataille sans pitié, avec des pertes sévères de part et d'autre, Thélus tombe aux mains des Canadiens. Utilisant le matériel capturé,, ceux-ci envoient des milliers d'obus sur les lignes allemandes, obus qui dégagent pour la plupart des gaz asphyxiants.

Les troupes opérant au Nord, après avoir traversé le «  no man's land » s'installent sur les terrains assignés, sauf en un point: la colline 145 qu'elles ne réussissent pas à enlever.

 

L'effet de surprise passé, les Allemands contre-attaquent au centre vers 10 heures. Sans succès. Puis au sud, vers 13 heures, où ils sont repoussés sur la ligne Farbus Willerval. D'autres troupes se concentrent près de Givenchy, gagnent Vimy. Les canons canadiens leur barrent la route. Les Allemands se dirigent alors vers Bailleul que tiennent les Anglais. Ceux-ci enrayent la dernière contre-attaque. Les Alliés restent maîtres de la situation.

En ce 9 avril, d'un élan irrésistible et malgré, la terre gluante, les Canadiens ont enfoncé les lignes allemandes sur une profondeur atteignant parfois 4 km. Ils tiennent la quasi-totalité de la crête de Vimy rapidement aménagée suivant un plan préparé de longue date.

Le 10, ils prennent la colline 145. Au soir, ils sont maîtres de la totalité de la crête.

Mais les Allemands occupent toujours les pentes qui donnent sur la plaine de Lens et, à l'arrière, leur artillerie arrose d'obus leurs anciennes positions. Ils contre-attaquent du côté de Givenchy.

L'état-major allié, est décidé d'aller jusqu'au bout. Il ordonne le 11 une attaque générale, mais une tempête de neige empêche tout mouvement de troupes.

Sur les pentes de la crête, les Allemands sont cependant soumis à un feu plongeant incessant. La position devient bien vite intenable. Le 13, ils rompent le contact, reculent. C'est la retraite.

Les quatre divisions canadiennes s'ébranlent. Le soir même, elles occupent le terrain sur une ligne en avant de Givenchy, de Vimy et de Willerval. S'aidant des canons capturés, les Canadiens lancent sur Avion des obus asphyxiants pris à l'ennemi.

Les jours suivants, ils prennent pied dans les tranchées allemandes à l'entrée de Liévin depuis le bois de Riaumont jusqu'à la cité St Pierre.

Mais, la pluie a rendu les chemins boueux, impraticables. Impossible d'aller de l'avant. Le mauvais temps arrête l'offensive canadienne.

L'objectif fixé a toutefois été, atteint : la crête de Vimy est entre les mains des Alliés.

Près de 60000 Canadiens sont tombés sur le sol de France pour la sauvegarde des libertés.

Des fils du Canada ont combattu aux côtés des fils de leurs ancêtres français et anglais.

Le Canada a fait plus. La guerre engendre des misères sur le plan militaire comme sur le plan civil. Il faut soulager ceux qui souffrent. Tout de suite.

Dès l'ouverture des hostilités, le gouvernement canadien militarise la Croix,Rouge, organe civil. Aussitôt l'arrivée en France de la première division canadienne, une Commission établit à Boulogne-sur-Mer un dépôt de vivres, médicaments et matériel achetés avec les fonds recueillis par la Croix-Rouge et destinés aux ambulances et hôpitaux militaires, canadiens et français.

En octobre 1914, le Canada offre à la France une somme de 525000 F pour l'aménagement d'un établissement en hôpital où seraient soignés les soldats français blessés. Installé dans un hôtel de Dinard, cet hôpital fonctionne dès novembre. En septembre 1915, le gouvernement canadien offre au président de la République un hôpital canadien installé à Saint-Cloud, hôpital composé d'éléments démontables pouvant être évacué dans les plus courts délais ; le personnel médical et infirmiers de cet hôpital ne compte que des Canadiens- Français.

Parallèlement naissent des oeuvres privées ayant pour but d'aider la population civile.

Sous l'impulsion du sénateur canadien, Dandurant, militant de vieille date du resserrement des liens entre la « Nouvelle France » et la «  Vieille Patrie », le . Comité « France - Amérique » avait déjà réuni en juillet 1915 plus de 6 000 000 de pièces de vêtement, expédiées en France pour les réfugiés des départements envahis ; les sections de Montréal et de Toronto, à elles seules, font parvenir 24 voitures automobiles.

L'Aide aux Réfugiés des régions envahies de France organisée par les succursales du «Comité France –Amérique » transmet au Fonds de Secours National de France par l'intermédiaire dudit Comité une somme de 400 000 F, produit de collectes.

A la même époque, le « Comité canadien de Secours à la Belgique » a recueilli de son côté près de 40 millions de francs. Les fonds souscrits sont employés à l'achat de produits alimentaires expédiés par le Comité à la Belgique et aux départements français envahis.

Nous qui allons nombreux, les dimanches d'été ou parfois en semaine, nous détendre en famille dans le bois de Vimy, nous qui aimons nous promener dans ses allées, ses chemins,

SOUVENONS-NOUS

des combats meurtriers qui s'y sont déroulés au cours de la guerre 1914-1918.

11285 Canadiens sont morts pour la prise de cette crête sur laquelle nous nous ébattons gaiement, sur laquelle nous nous promenons librement.

Ayons une pensée pour ces fils d'une terre lointaine dont l'hymne national, par sa seconde strophe, est un hommage à nos ancêtres :

 

«  Nos pères, sortis de France,
Etaient l'élite des guerriers,

Et leurs enfants, de leur vaillance

Ne flétriront pas les lauriers ».


 

 

 

LA DIVISION MAROCAINE

 

Quittons l'esplanade. La route à sens unique, contourne le Mémorial canadien et rejoint celle qui traverse le bois de Vimy.

A la sortie de cette route à sens unique, face à soi, se dresse un mur niché dans un cadre de verdure : LE MUR DE LA DIVISION MAROCAINE, monument élevé à la mémoire du Colonel Pein (Comandant la 1ère Brigade), du Colonel Cros (Commandant la 2ème Brigade), des officiers, sous-officiers et soldats de la Division marocaine tombés glorieusement les 9, 10 -et 11 mai 1915.

« Le 9 mai 1915, les régiments de la Division marocaine s'élançant à 10 heures des tranchées de Berthonval et brisant de haute lutte la résistance des Allemands atteignirent d'un bond la côte 140, leur objectif, rompant pour la 1ère fois le front ennemi».

A la base du monument, plusieurs plaques commémorent le souvenir des volontaires étrangers engagés dans l'armée française : Grecs et Juifs (morts pour la France), Tchécoslovaques (tombés pour la liberté), Arméniens (tombés au champ d'honneur), Suédois qui «luttèrent ici héroïquement pour la défense de la terre de France ».

Une plaque plus grande donne la formation de l'unité de la Division marocaine ayant participé à l'attaque du 9 mai ; 4ème et 7ème tirailleurs, 8ème Zouaves, Légion étrangère ; auxquels viennent s'ajouter entre autres le 1 er Spahis et le 5ème chasseurs d'Afrique.

Sur les côtés du mur, les noms des «  affaires » auxquelles la Division marocaine a participé. On la trouve successivement dans les Ardennes et à la bataille de la Marne (1914) ; en Belgique, en Artois et en Champagne (1915) ; dans la Somme (1916) ; en Champagne et à Verdun (1917) ; en Lorraine, dans la Somme et dans l'Aisne (1918). La fin de la guerre voit la Division marocaine entrer à Château-Salins (Moselle) le 17 novembre 1918.

De quels éléments est formée cette Division ? De Français (8ème Zouaves), d'indigènes de l'Afrique du Nord (4ème et 7ème tirailleurs algériens et tunisiens) et d'étrangers (la Légion).

Au moment de la mobilisation, ces éléments disparates, aguerris par des campagnes coloniales, sont au Maroc. Le général Lyautey les envoie immédiatement en France où un nombre impressionnant d'étrangers sollicitent l'honneur de servir dans les rangs de la Division.

Le gouvernement crée alors les bataillons de marche de la Légion devant réunir tous les engagés volontaires pour la durée de la guerre, encadrés de quelques bataillons de la Légion d'Afrique. Une décision ministérielle du 12 août 1914 autorise leur engagement à partir de cette date.

Lieux d'instruction des volontaires : Lyon, Avignon, Bayonne, Orléans, Blois, Toulouse et Paris. Cinquante et une nations y sont représentées. Les Français sont les plus nombreux ; viennent ensuite les Suisses, les Espagnols, des Belges, anciens légionnaires qui n'ont pas voulu abandonner leur corps.

Sous l'impulsion du général Humbert, ils formeront un instrument de guerre unique.

Leur devise, la devise de la Division marocaine : SANS PEUR - SANS PITIE.

A la suite de ses exploits depuis septembre 1914 (Mondement) jusqu'à avril 1917 (Moronvilliers), la Division marocaine est successivement citée tout entière

- à l'ordre de la 9 ème Armée (22 septembre 1914),

- à l'ordre des Armées, citation unique en son genre (10 mai 1915),

- à l'ordre du Groupe des Armées du Centre (25 octobre 1915).

Chaque régiment de la Division est cité individuellement à l'ordre de l'Armée deux, trois et jusqu'à cinq fois. Son artillerie est elle-même citée deux fois. Et quand la fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre a été, créée, les régiments d'infanterie de la Division marocaine l'ont reçue tous les quatre.


 

 

SOUVIENS-TOI DES VOLONTAIRES HELLENES
TOMBES SUR LE SOL D'ARTOIS

 

Le bataillon des combattants grecs a été décimé en Artois. Une place particulière revient ici à ces soldats.

Fin août 1914, 300 Grecs résidant à Paris s'enrôlent dans l'armée française. Puis il en vient d'Athènes, de l'île de Crête, et surtout des. pays d'Asie Mineure, de Constantinople, de Thrace, pays sous domination turque. Deux mille grecs environ accourent ainsi en France.

Instruits et équipés à Lyon et à Tours, ils forment bientôt un bataillon presque exclusivement national incorporé dans la division marocaine. Leur chef : le lieutenant E. Valsamachi.

Ils conquièrent leurs premiers lauriers sur la Marne, participent aux batailles de l'Aisne et d'Artois.

A Carency, le comte Lizinia, d'Alexandrie, est tué en donnant l'ordre « En avant, pour la France ! Le sous  lieutenant Capitanaki, ancien député de Sparte, est gravement blessé. La légion est décimée.

Parmi les rares survivants, le sous-lieutenant Lorbas, fils d'un général grec ; le sergent Chrissochoidès ...

Leur chef, E. Valsamachi, sera nommé chevalier de la Légion d'honneur pour les motifs suivants

« A organisé la légion des volontaires hellènes. Engagé le 23 août 1914, s'est distingué à plusieurs reprises par sa bravoure au cours de la campagne, notamment le 16 juin ou, comme agent de liaison, il assura la transmission des ordres, sous un feu violent, avec mépris du danger »


 

 

SOUVIENS-TOI DES LEGIONNAIRES

 

9 mai 1915. Première mission des légionnaires : enlever les « Ouvrages blancs » , près de Neuville Saint-Vaast. L'historiographe de la Légion donne un bref compte rendu de cette « affaire » :

« Au signal, la Légion jaillit de ses tranchées, et, avec un élan irrésistible, s'empare de la première ligne ennemie sur toute sa profondeur, puis pousse jusqu'à la deuxième position. D'un bond, en moins d'une heure, elle atteint son objectif, indifférente aux obus de barrage qui labourent le terrain, aux mines qui bouleversent le sol sur son passage, aux mitrailleuses qui fauchent ses vagues furieuses »

Une course foudroyante à 10 heures du matin, sur un terrain découvert, détrempé. En cinquante minutes, les légionnaires franchissent 5 kilomètres. Indifférents aux trouées effrayantes que les mitrailleuses ouvrent dans leurs rangs, ils enfoncent toutes les organisations ennemies, enlèvent la côte 140, poussent jusqu'à Carency et Souchez. Les réserves n'ont pas suivi. Seuls en flèche, ils sont contraints de revenir sur leurs pas pour se remettre en ligne avec leurs voisins de bataille !

Septembre 1915, en Champagne, le 28 : une marche vers la mort.

 II s'agissait d'enlever à tout prix une position très fortement organisée, dont des fils de fer, en grande partie intacts, défendaient l'accès, et dont les mitrailleuses fauchaient quiconque s'aventurait.

Sans hésiter, chefs de bataillon en tête - les trois commandants y restèrent le régiment partit. Et les chefs une fois tombés, tous les rangs éclaircis, sans s'arrêter un moment, sans regarder une fois en arrière, il atteignit la position qu'on lui avait donnée à prendre ; il en chassa l'ennemi, et il s'y établit définitivement

Extrait du décret paru au Journal Officiel, décret conférant la croix de la Légion d'honneur au drapeau du régiment de marche de la Légion

Dans la Somme, le 4 juillet 1916, sous les ordres du lieutenant-colonel Cot, après avoir franchi un glacis de 800 mètres fauché par les mitrailleuses, a conquis à la baïonnette Belloy-en-Santerre et l'a gardé, malgré un bombardement intense, contre les efforts violents et répétés de l'ennemi.

En Champagne, devant les monts de Moronvilliers, le 17 avril 1917, sous les ordres du lieutenant-colonel Duriez, puis du commandant Deville, s'est élancé à l'attaque contre un ennemi résolu, trois fois supérieur en nombre. Par un combat corps à corps ininterrompu pendant cinq jours et cinq nuits, s'est emparé des tranchées du Golfe et du village d'Aubérive.

A Verdun, le 20 août 1917, sous les ordres du lieutenant-colonel Rollet, a enlevé le village de Cumières et son bois avec une telle fougue qu'il a dépassé l'objectif final qui lui était assigné. S'est ensuite rendu maître de la Côte-de-l'Oie et de Regnéville.

Un type de légionnaire ? Le caporal Arocas André. Il a été, décoré de la Légion d'honneur pour les motifs suivants

« Engagé volontaire pour la durée de la guerre. Au front depuis le début des hostilités. A participé à tous les combats du régiment. Grenadier d'élite, superbe d'entrain, de courage et de sang-froid, admiré et adoré de ses hommes. En Champagne (avril 1917) a lutté pendant trente-six heures Pour la conquête d'une tranchée désespérément défendue, l'objectif atteint, sa section se trouvait réduite à deux hommes.

Devant Verdun, le 20 août 1917, a de nouveau prouvé sa maîtrise dans un combat de boyaux, tuant les grenadiers ennemis qui résistaient, faisant trois prisonniers et contribuant à la capture de sept autres prisonniers en fin de journée. Trois blessures. Quatre citations ».

Ils sont tous pareils. Animés de l'esprit de sacrifice le plus élevé, tous, à l'attaque, foncent vers la Mort. Quelques-uns passent à côté, c'est suffisant pour atteindre l'objectif fixé, infliger de lourdes pertes à l'ennemi et s'opposer à toutes les contre-attaques.

Une citation parmi tant d'autres, celle du 4 décembre 1916

« Sous la direction du lieutenant-colonel Semaire, a enlevé le 15 octobre, à la suite d'une lutte acharnée, un village puissamment organisé et s'est emparé de 200 prisonniers et de 3 mitrailleuses. A maintenu intacte pendant huit jours l'occupation du terrain conquis, malgré le plus intense des bombardements et la violence des contre-attaques ennemies qui se sont répétées jusqu'à trois fois le même jour ».

Le régiment de marche de la Légion étrangère, un régiment d'élite qui accumule tant d'exploits prodigieux qu'à deux reprises il faudra créer des distinctions nouvelles pour reconnaître ses mérites : création de la fourragère aux couleurs de la Médaille militaire, vert et jaune, décernée le 14 juillet 1917 ; création de la fourragère rouge.

La Légion, un régiment de légende fondé le 9 mars 1831 par Louis-Philippe. Il est de toutes les guerres, de toutes les conquêtes : l'Algérie, Magenta, le Mexique, le Tonkin, le Dahomey, Madagascar. Son plus célèbre exploit est Camerone : 60 légionnaires résistent jusqu'au dernier contre 2000 Mexicains.

LEGIO PRIMA INTER PARES


 

 

 

SOUVIENS-TOI DES COMBATTANTS « ANGLAIS »

 

Reprenons la route d'Arras.

A la sortie de Vimy, sur le bas-côté de la route, un panneau vert fléché, : «  Tombes de Guerre du Commonwealth - THELUS - Military Cemetery Au loin, dans les champs, une haie de troènes, quelques arbres : le cimetière, auquel conduit un chemin de terre gazonné. Un cimetière perdu dans les champs, comme beaucoup d'autres cimetières anglais ».

Poursuivons notre route.

Au milieu d'un groupe de maisons de Thélus, à l'intersection de la R. N. 25 et de la départementale 49, sur la gauche, un monument imposant : pyramide tronquée faite de pierres, surmontée d'une croix en ciment, ceinte d'obus reliés par une chaîne.

Un monument à la mémoire des Officiers, sous-Officiers et soldats du CANADIAN CORPS ARTILLERY tombés durant les opérations de Vimy en avril 1917. Avec l'emblème des artilleurs : un canon dont la roue supporte une couronne

« CANADA ». Et une devise : Quo fas et gloria ducunt. (Voilà où la nécessité, et la gloire conduisent).

A la sortie de l'agglomération, la route s'avance dans la plaine.

Sur la droite, en bordure de route cette fois-ci, entouré d'un muret le « NINE ELMS MILITARY CEMERETY », Thélus Pourquoi « NINE ELMS » ? Telle était la désignation donnée par l'armée à un groupe d'arbres situés jadis à 500 yards à l'est de la route Arras - Lens entre Thélus et Roclincourt.

A l'entrée, sur un mur, une indication :  «  Le terrain de ce cimetière a été concédé gratuitement par la nation française comme lieu de sépulture perpétuelle des héros des armées alliées tombés pendant la grande guerre 1914-1918 et honorés ici »

Une pierre frappe de suite le regard, une pierre que l'on retrouve dans tous les grands cimetières : la Pierre du Souvenir portant l'inscription «  THEIR NAME LIVETH FOR EVERMORE » (Leur Nom Vivra à Jamais), inscription tirée du livre l'Ecclesiasticus.

Suivant le Registre, 683 soldats, dont 149 non identifiés, reposent dans ce cimetière : 484 soldats canadiens, 145 du Royaume-Uni et 54 soldats français ... Les vides du cimetière représentent l'emplacement des tombes de 177 soldats français réinhumés ailleurs. Fraternité des armes. Fraternité dans la mort.

Chaque disparu «  anglais » est commémoré individuellement: stèle uniforme, absence de toute distinction quel que soit le grade militaire ou le rang social.

Dominant le cimetière, sur la gauche, la Croix du Sacrifice, fixée sur une base octogonale, portant sur sa flèche une épée en bronze.

Poursuivons notre pèlerinage. Un peu plus loin, du même côté de la route, sur un monticule, le cimetière militaire de la Route d'Arras : «ARRAS ROAD CEMETERY », sis à Roclincourt.

A l'entrée, la Pierre du Souvenir ; au fond, la Croix du Sacrifice. Sur les côtés, un abri en forme de coupole.

Des arbres, des troènes le long du muret. Des fleurs ou rosiers au pied de chaque stèle.

Un cimetière de plus de 900 tombes, mais important surtout par le nombre de soldats non identifiés qui y reposent : 762 soldats et marins au service du Royaume-Uni, 25 soldats canadiens, 15 soldats australiens.

Chaque soldat non identifié a sa stèle, avec en haut, cette inscription «  A SOLDIER OF THE GREAT WAR » (Un soldat de la grande guerre) et, à la base, cette autre inscription « KNOWN UNTO GOD » (Seul connu de Dieu). Entre ces inscriptions, gravée dans la stèle, une croix.

Sur les autres stèles est gravé, en haut, l'emblème national ou l'écusson de l'armée ou du régiment auquel appartenait le disparu. Suivent le grade, le nom, l'unité, la date du décès et l'âge du défunt. Le tout au-dessus d'un emblème religieux. Avec, parfois, à la base, une inscription choisie par la famille.

Au hasard de ces inscriptions : « Your mermory ever dear rest in peace » (Que ta mémoire toujours chère repose en paix) «  Asleep in Jesus »  (Endormi dans Jésus) «  Peace perfect peace » (Paix, parfaite paix) – «  With god which is far better » (Avec Dieu, ce qui est beaucoup mieux) «   Gone but not forgotten. From dear Wife § Children » (Parti mais non oublié. De sa chère femme et ses enfants).

Quelques particularités. Sur une stèle, une inscription en français : « Va ton fils vit » - Une autre stèle porte gravées l'étoile juive et cette inscription : «  In loving memory of my beloved son » (En doux souvenir de mon fils bien aimé) - Entre deux soldats dont le nom est «  Seul connu de Dieu », une stèle avec la croix germanique : «  Ein unbekannter deutscher Drieger » ... Un guerrier allemand inconnu. Egalité dans la mort. . .

La majorité des cimetières où reposent les soldats du Commonwealth tués pendant la guerre 1914 - 1918 sont de Présentation identique. Pour le commun des mortels, pour moi-même, ce n'étaient que des cimetières «  anglais ». La consultation des registres mis à la disposition des visiteurs dans la plupart des cimetières m'a fait prendre conscience de l'existence d'un Royaume-Uni ... Etat de l'Europe formé, de l'Angleterre proprement dite, du pays de Galles, de l'Ecosse et de l'Irlande du Nord ...

Reste à découvrir le Commonwealth.

suivre)


 

 

 

LE CIMETIERE ALLEMAND DE LA MAISON-BLANCHE

 

Quittons la R. N. 25 et gagnons, par Ecurie, la route d'Arras - Béthune, la R. N. 37, de part et d'autre de laquelle se sont déroulés des combats meurtriers, épiques.

Roulons en direction de Béthune. La route est droite. A 6 km environ d'Arras, se détachent à l'horizon sur une hauteur : à gauche, un grand bâtiment, à usage de ferme ; à droite, en bordure de la route, de la verdure, et, dans les champs, les cimes touffues d'arbres espacés.

Un panneau indicateur signale un cimetière militaire allemand ; le regard perçoit des croix très vite cachées par une haute haie d'arbustes, une haie qui n'en finit pas, et dont on atteint l'extrémité, surpris ...

L'entrée? Elle se trouve vers le milieu. Si discrète que l'on passe à côté. Une simple ouverture dans la haie, une modeste plaque scellée dans le sol : «  Cimetière allemand de Neuville-St-Vaast (1914-1918) ».

Un champ planté de milliers de croix noires sur un tapis de gazon vert. Pas de fleurs, quelques arbres perdus par-ci, par-là. Un champ dont le regard ne peut d'un coup d'oeil embrasser l'étendue. Partout des croix noires, des croix noires. Et une grande croix, noire elle aussi, dans l'allée centrale. Un lieu d'une austérité écrasante. Un lieu sinistre.

36 761 tombes individuelles avec quatre noms par croix pour la plupart, 7 966 corps en ossuaire. Près de 45 000 morts dans un enclos de 9 hectares. Le «  Deutscher Soldatenfriedhof » de Neuville-St-Vaast est le plus important cimetière militaire allemand en France.

Peu après l'entrée, une stèle, telle une grosse borne. Des inscriptions. Sur une face « Sei getreu bis in den Tod»  . (Sois fidèle jusque dans la mort). Sur une autre face «  ich Natte einen IKameraden, einen bessern findst du nicht », (J'avais un camarade ...).

Au loin, au fond du cimetière, un monument sans recherche. Une colonne sur un socle hexagonal. Trois rayons en forme de mur partent de la colonne et donnent du monument une vision triangulaire. Entre ces murs et en haut de la colonne: PRO PATRIA.

Les Allemands, eux aussi, sont morts pour la Patrie. Tous ont-ils voulu la guerre? Sont-ils tous aussi inhumains qu'on le dit ?

Dans un poste abri de Neuville Saint-Vaast reconquis vers la mi-juin 1915, les soldats découvrent, écrite avec beaucoup de soin, sur une muraille blanche, une poésie en vers allemands : «  Erinnerung an Neuville ». L'auteur : un sous-officier, J. Reichmann.

 

 

SOUVENIR DE NEUVILLE

Neuville ! Ô effroyables amas de décombres

Plût au ciel que tant de guerriers allemands N'eussent jamais appris à te connaître

A travers les brasiers fumants des ruines amoncelées,

Jour et nuit nous courons, dans nos uniformes gris.

 On emporte plus d'un brave camarade

Que les bombes et les grenades ont tué.

Quel destin astucieux avait décidé que sa vie palpiterait pour la dernière fois

C'est dans les caves que beaucoup sont enterrés,

Ils ne voient plus la lumière du jour.

Pas une croix, pas un monument ne marque leur tombe,

Car le combat ne nous a laissé aucun répit.

Mais Neuville sera nôtre, nous l'aurons bientôt.

Alors nos camarades y pourront dormir en paix.

Ils ont combattu sur la terre étrangère

Avec Dieu, pour le Roi et la Patrie,

Tandis que dans l'angoisse, au foyer,

Femme et enfant attendent vainement l'époux et le père.

O France! Prends garde !

Sinon il se versera encore beaucoup de sang à Neuville.

Allons, nos braves, nous quittons vos tombes.

Mais nous vous garderons dans notre mémoire,

Car vous êtes morts ici, en faisant fidèlement votre devoir,

Et c'est ce qu'un camarade n'oublie pas.

 

 

Un véritable cri humain devant les « ruines amoncelées », devant des frères d'armes enterrés dans les caves, devant l'angoisse de ceux qui sont restés au foyer. Mais aussi que la France prenne garde ! C'est un guerrier allemand PRO PATRIA.


 

 

 

SOUVIENS-TOI DES COMBATTANTS « INDIGENES »

 

 

Poursuivons notre pèlerinage. Après 400 mètres de route, des panneaux signalent deux cimetières militaires. A un croisement assez dangereux du hameau de La Targette, flèche à gauche, nous quittons la R. N. 37. A cent mètres, un parking.

Côte à côte, le cimetière britannique «  La Targette Bristish Cemetery (Aux Riez) » aménagé comme les précédents, à savoir: Pierre du Souvenir, abris, stèles uniformes, etc ... 308 soldats reposeraient en ce lieu dont 295 Canadiens, 3 Sud-Africains, 3 Indiens ...

Et un cimetière militaire français, le cimetière de LA TARGETTE : 7 476 tombes individuelles, 3 868 corps en ossuaires, et quelques tombes de soldats tués pendant la guerre 1939-1945. Un cimetière grandiose par ses allées bordées d'imposants saules pleureurs, sur un fond de tilleuls. Des fleurs, des roses au pied de chaque tombe.

Au fond et à droite de ce cimetière militaire français, plusieurs rangées de stèles marquées d'un croissant et d'une étoile ... S.T.M., R.T.S., R.T.A., R.T.T., R.T.M. Tirailleurs sénégalais, tirailleurs algériens, tirailleurs tunisiens, tirailleurs marocains.. Un Spahi algérien ... NGUYEN VAN NEN, travailleur colonial, 7ème Génie ...

Cimetière militaire français ... Les ressortissants coloniaux y sont assimilés aux Français ... A l'heure où il n'y a plus de colonie française, n'est-il pas bon de remémorer ce que la France doit aux enfants des pays qu'elle avait conquis, pacifiés ; pays maintenant émancipés?

Où en est l'oeuvre colonisatrice de la France à la veille de la première guerre mondiale? Des possessions acquises en Afrique, en Asie, en Amérique, il ne reste pratiquement plus rien à la France en 1815. La nouvelle ère coloniale commence par la conquête d'Alger (1830). Faidherbe organise le Sénégal ; puis notre possession s'étend jusqu'au Soudan et au Golfe de Guinée. En Extrême-Orient, occupation de Saigon, de la Cochinchine. Après 1870 et pendant quelques années, il ne se passe pratiquement rien. Viennent ensuite la conquête du Tonkin, l'agrandissement du Sénégal, l'occupation du Bas Congo, le protectorat de Tunisie, de l'Annam, du Laos. Conquête du Soudan en 1892; conquête de Madagascar en 1894. Pacification du Tchad en 1900. Etablissement du protectorat marocain de 1905 à 1912. A la base de la colonisation, la notion d'une plus grande France ; les colonies sont des prolongements de la patrie il y a union entre la France métropolitaine et ses dépendances d'outre-mer.

De par cette union, soldats français et  indigènes se confondent bien souvent dans l'action, dans les communiqués. Aussi s'avère-t-il difficile de montrer la part «  indigènes» dans la défense de la France. Cette partie du cimetière militaire français réservée aux ressortissants coloniaux, c'est cependant l'occasion de mettre ici à l'honneur les braves « indigènes » ! Dont plusieurs groupes, nous l'avons déjà vu, se sont couverts de gloire avec la Division marocaine.

 

 

Modes de recrutement ? .. En Algérie, les retraités militaires sont convoqués par une affiche de mobilisation ; à Mostaganem, deux cents arabes rallient leur corps ... A Tunis, neuf mille tirailleurs tunisiens volontaires se présentent en une seule journée devant la commission de recrutement qui fonctionne en présence du Caïd ... Dans un village de l'Issa Ben (boucle du Niger), en Afrique occidentale, un interprète explique, au cours de palabres avec des recrues, qu'après leur départ, le gouvernement de la colonie n'oubliera pas leurs familles qui recevront une allocation mensuelle ...

Fin septembre 1914, Madagascar, notre grande île africaine qui a reçu solennellement le drapeau tricolore le 14 juillet 1913, est la seule colonie à n'avoir pas encore participé à la lutte contre l'invasion allemande. Les autorités militaires de l'île ont cependant pris toutes dispositions pour entraîner des troupes malgaches à la guerre de tranchées. Aussi quand le gouvernement français décide, au vu des résultats obtenus par les troupes de l'ouest africain de puiser dans le réservoir malgache, il y trouve des troupes aguerries. Le 2 octobre, le colonel Brun, commandant le 1er régiment de tirailleurs malgaches, recrute des volontaires pour la formation de trois compagnies. Le 9, réception à Tananarive par le gouverneur général avant le départ de l'île. Des familles pleurent. Pourquoi pleurer? Le rêve de tout bon Malgache n'est-il pas d'avoir des funérailles somptueuses ? . .

En Océanie, dans les îles du Pacifique, on procède également au recrutement de tirailleurs indigènes, robustes, agiles, dont les officiers instructeurs disent qu'ils feront des grenadiers et des combattants à la baïonnette hors ligne ... En Asie, on recrute aussi ; plusieurs milliers d'Annamites s'entraînent au camp de Nam-Dinh ; les uns seront équipés comme tirailleurs, les autres seront occupés en France comme ouvriers ...

Peu à peu, les Français s'habituent à voir arriver dans leur pays des « indigènes » de toutes les parties du monde : Berbères presque aussi clair que les Blancs, Arabes au nez aquilin, Soudanais et Sénégalais au teint noir, Annamites à la peau couleur de bronze ...

Au cours des premiers mois de guerre, que craignent surtout les Allemands? Le canon de 75, et les tirailleurs indigènes ... Les «  turcos » comme on les appelle familièrement. Ils foncent d'un irrésistible élan, baïonnette en avant, se battent avec acharnement, suspendent momentanément l'avance d'un adversaire très supérieur en nombre. Pas de quartier

Dans un camp de convalescents, un médecin présente l'un de ses patients qui arbore la croix de guerre.

Désarmé dans un combat à la baïonnette, il se trouve devant un officier allemand ; il lui saute dessus, lui arrache le nez avec les dents, lui barbouille les yeux de sang et le tue avec son propre revolver. Mais on le fait prisonnier et on l'oblige à travailler dans les tranchées ennemies. Une nuit il se traîne près de la sentinelle, l'étrangle de ses mains et s'évade nu et le corps enduit de graisse en rampant comme un serpent. Il arrive à un camp anglais où on le prend pour un espion ; on veut le fusiller. Mais lui de crier :

- Moi, ' Francis ».

- Tu es trop noir pour être Français, répond un Tommy ; que sais-tu de la France ?

- Moi connaître Paris, moi connaître «  vive la France » et « Marsouillaise ».

Alors on lui donne un kilt d'Ecossais et on le renvoie chez les tirailleurs, où il continue à embrocher des «Bouches» jusqu'à ce qu'un obus lui fracasse la cuisse et lui raccourcit la jambe de 9 centimètres. Voyez comme il boite ! Mais cela lui est bien égal, et il demande à retourner au front ».

Pour garder des prisonniers, rien de tel que des combattants « indigènes ». Leur vue impressionne les captifs. Un camp de prisonniers est installé dans un village. En faction à l'entrée, un tirailleur sénégalais. Des paysans passent, s'arrêtent ; et le tirailleur de lancer à l'un deux, avec un large sourire : «  Ti viens voir sauvages? . . »

Combien la France doit à ses « indigènes » venus au secours de la Mère Patrie ! En leur hommage à tous, mettons en exergue la conduite de ressortissants coloniaux du Maroc, du Sénégal, de l'Indochine, choisis en raison du caractère exceptionnel de leur participation à la guerre.

Aux régiments et aux unités formant corps, qui ont obtenu deux citations collectives à l'ordre de l'armée, le général commandant en chef confère la fourragère. C'est ainsi que la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre est conférée à la date du 25 août 1916 au régiment d'infanterie coloniale du Maroc. Premier motif : il s'est conduit de la façon la plus glorieuse lors des attaques qu'il a menées dans les journées des 17, 18 et 21 décembre 1914. Second motif : conquête «pied à pied, puis dans un magnifique assaut , des deux tiers d'un village en ruines important pour la défense, où l'ennemi était formidablement retranché ». Le régiment devait être relevé. Il reste «jusqu'à ce qu'il eut achevé son oeuvre » . Ce qui est fait dans la nuit suivante.

Deux mois plus tard, le régiment se voit attribuer la croix de la Légion d'honneur, distinction attribuée traditionnellement à un régiment pour le récompenser de la prise d'un drapeau ennemi. Dans le cas présent, il s'agit d'un fait d'armes. Et quel fait d'armes

« Le 24 octobre 1916, renforcé du 43ème bataillon sénégalais et de deux compagnies de Somalis, a enlevé d'un admirable élan les premières tranchées allemandes ; a progressé ensuite sous l'énergique commandement du lieutenant-colonel Régnier, brisant les résistances successives de l'ennemi sur une profondeur de 2 kilomètres ; a inscrit une page glorieuse à son histoire en s'emparant, dans un assaut irrésistible, du fort de Douaumont, et en conservant sa conquête, malgré les contre-attaques répétées de l'ennemi ».

Ministre de la Guerre par intérim, l'amiral Lacaze estime « que la prise du fort de Douaumont peut être interprétée comme équivalente à la prise de haute lutte d'un drapeau ennemi ». Le président de la République ratifie ce jugement. A l'extrémité de la hampe du drapeau du régiment d'infanterie coloniale du Maroc, une nouvelle croix vient s’ajouter aux autres : la première croix de la Légion d'honneur décernée pour fait de guerre.

Les exploits des soldats de ce régiment ne se comptent plus. Une nouvelle prouesse apportera à leur drapeau la fourragère aux couleurs du ruban de la Médaille militaire

« Le 15 décembre 1916, sous l'énergique commandement du lieutenant-colonel Régnier qui, blessé la veille, avait refusé de se laisser évacuer, a, d'un seul et irrésistible élan, enfoncé les lignes ennemies sur une profondeur de 2 kilomètres, enlevant successivement plusieurs tranchées, deux ouvrages et un village fortifié, capturant 815 prisonniers dont 20 officiers et prenant ou détruisant 16 canons, 10 canons de tranchée, 23 mitrailleuses et un nombreux matériel de guerre »-.

Après le régiment d'infanterie coloniale du Maroc, les tirailleurs sénégalais : l'armée noire. Une épopée : Dixmude, l'Yser.

Les troupes belges, épuisées, ont besoin d'un renfort immédiat. Après Rocroi, après la Marne, les troupes coloniales venues du Maroc sont en grande partie décimées. Avec les survivants et 3 000 recrues indigènes de l'Afrique noire, un régiment est immédiatement formé et acheminé en Belgique. Direction Dixmude où les hommes arrivent le 26 octobre à 10 heures.

Pour défendre la ville, face aux troupes allemandes des fusiliers marins, 3 sections de la 1ère Cie et la 2ème Cie de tirailleurs sénégalais, des soldats belges, puis la5ème Cie et la 4ème Cie de tirailleurs sénégalais.

Pendant plusieurs jours, pour ces Noirs venus combattre, c'est d'abord une immobilité insupportable dans les tranchées ; pour ces Noirs qui ont quitté le soleil tropical, c'est en plus la pluie, une pluie fine, incessante. Pour ces Noirs, c'est la nostalgie du pays lointain. Il faut un dérivatif, une occupation : des travaux d'aménagement de tranchées.

9 novembre. Les Allemands envoient un déluge d'obus et de mitraille sur Dixmude et les environs. La 5ème Cie a perdu la moitié de ses hommes. C'est elle que les Allemands attaquent. Une lutte désespérée. Un corps à corps acharné. Les Sénégalais tentent de résister ; ils sont submergés par l'assaillant. Un à un, ils succombent cependant que, dans le feu de l'action, quelques-uns se retrouvent dans la 4ème Cie. Celle-ci encerclée, les Sénégalais sont littéralement fusillés. Les rares survivants parviennent à rentrer dans la ville ; mutilés, fous de rage, ils continuent désespérément la lutte derrière les barricades.

Au sud de la ville, les Sénégalais de la 1ère Cie et de la 2ème Cie résistent farouchement aux assauts, perdent les deux tiers de leurs hommes. Avec les fusiliers marins, ils sont encerclés. Plutôt mourir que d'être faits prisonniers. La nuit venue, à coups de baïonnette, à coups de crosse, se servant des mains, des dents, ils tentent la traversée de la ville jusqu'à l'Yser. Mais rares sont ceux qui atteindront l'autre rive.

Ainsi apparaissent les Sénégalais dont le 43ème bataillon de tirailleurs se verra attribuer la fourragère. La première citation rappelle comment il vint renforcer le régiment colonial du Maroc et s'empara du fort de Douaumont. La seconde tient en ces lignes: « Admirable bataillon indigène d'un dévouement sans bornes, dont le commandant Paulet, son chef, a su faire une unité de combat de premier ordre. Dans un élan irrésistible, le 23 octobre 1917, a enlevé successivement deux positions puissamment fortifiées, garnies d'un grand nombre de défenseurs, faisant de nombreux prisonniers et s'emparant d'un très important matériel d'artillerie ».

Dans une lettre aux gradés indigènes et tirailleurs du bataillon, le fils du Fama de Sansanding, le lieutenant Abdelkader Mademba, écrit notamment

«  Descendants de Semba Laobé et de Gueladio Diégui ; descendants de Soundiata et de Massassis ; fils des talibés d'Ahmadou Cheikou, des sofas de Samory et des guerriers des damels du Cayor, soyez fiers de votre fourragère ! »

Vous êtes les premiers des Noirs ! car les Français, premiers des Blancs, vous ont décerné la distinction que seuls les braves d'entre eux peuvent porter.

Remerciez vos chefs, vénérez-les. Ce sont les frères de ceux qui, avec vos anciens, firent glorieusement la conquête de l'Afrique. Ils vous ont conduits à l'honneur et bientôt ce sera à la victoire définitive

Il termine sa lettre par ces mots : «  Levez la tête, les braves. A ni tché, A ni ségué »

Et les Indochinois ? En 1916, la France en recrute quelque 150 000, enrôlés pour la durée de la guerre comme combattants ou comme ouvriers. Ils craignent la mort non pas chez eux, mais à l'étranger : leurs âmes ne risquent- elles pas d'être à jamais errantes ?

Au front, dans les assauts, parmi les Zouaves, les tirailleurs jaunes montrent de réelles vertus guerrières. Partout, les Indochinois montrent une bonne volonté évidente. Mais ont-ils vraiment des aptitudes pour les combats à la manière européenne ? On les retrouve plus volontiers comme ouvriers dans les champs, dans les usines nationales, ou bien en train de réparer les routes, tels ces soldats - ouvriers près de Verdun. Sont-ils plus ouvriers que guerriers ? Quelles aptitudes ont-ils et comment les utiliser dans un pays dont ils ne connaissent pas la langue ?

Des Annamites sont mélangés à des conducteurs de véhicules dans un centre métropolitain. L'intérêt qu'ils portent à ces véhicules donne l'idée de créer un groupe automobile indochinois. Aussi, dans un camp situé dans les plaines voisines du front de Champagne, on rassemble un effectif d'Indochinois suffisant pour la création de ce groupe automobile.

Le camp, c'est d'abord une école de conduite, avec des élèves dont la formation demande des trésors d'ingéniosité : ainsi pour reconnaître les voitures faut-il les orner de dessins, de symboles. Une formation de plusieurs mois. Le camp, c'est aussi un lieu de repos où, entre les missions de transports et de combats, les Annamites retrouvent le cadre de leur pays : pagodons en guise de guérites et une véritable pagode. Au camp, ils sont en Asie, ils sont chez eux.

Et les âmes de ceux qui reposent en terre française? A leur égard, le « Souvenir Indochinois » fera ériger dans le jardin colonial de Nogent-sur-Marne un temple annamite consacré le 9 juin 1920 en présence notamment du maréchal Joffre et de deux mandarins : le Tuan-phu Dang Nhoc Oanh, envoyé de S. M. l'empereur d'Annam, et le Doc-phu-su Le-Quang-Liem-Bay. A l'intérieur du temple, trois autels : un autel principal, encadré de l'autel des tirailleurs et de l'autel des travailleurs indochinois morts pour la France ...

Soldats Musulmans et Français reposent bien souvent dans les mêmes cimetières. Des « Indigènes » et les fils des colonisateurs ...

Dans un centre pour convalescents musulmans à Royan, un journaliste demande un jour à un tirailleur, marabout sorcier poète des hauts plateaux oranais

- Pourquoi es-tu venu guerroyer pour nous, toi un homme religieux ?

- Parce que la France est notre mère ! Si on insulte une mère, est-ce que ses fils ne doivent pas accourir pour la défendre ? répond-il, scandalisé.

- Et que penses-tu de la guerre ? poursuit le journaliste.

- C'est une guerre de tombeau, mais la justice en est ressuscitée pour nous ! Maintenant les Français et les Arabes sont égaux. On ne nous appelle déjà plus des «  bicots », on nous appelle des « sidis ». Le sang du vaincu a coulé uni avec le sang du vainqueur. Aujourd'hui nous sommes véritablement vos frères et c'est pour cela que cette guerre sera une guerre bénie entre toutes parmi les peuples arabes.


 

 

SOUVIENS-TOI DES COMBATTANTS POLONAIS

 

Regagnons la R. N. 37. A la sortie de Neuville Saint ­Vaast, la route monte légèrement. Et, d'un seul coup, en haut de la côte, dans la plaine, un monument de part et d'autre de la route.

Le premier, à droite, une croix sur un piédestal formant un tout massif, blanc. Incrustée dans la croix, une plaque de métal couleur de bronze d'où se détachent le Christ et une femme, tous deux les bras en croix, les mains se rejoignant. Un Christ tout auréolé de sa résurrection ; une femme aux longues nattes, portant sur la tête une couronne d'épines, morte. Le Christ s'élève vers le ciel, emmenant dans son ascension la Pologne crucifiée. Symbole de sa résurrection ?

En dessous de la croix, un aigle. Et quelques mots écrits en lettres rouges

 

ZA NASZA WOLNOSC I WASZA
Pour notre liberté et la vôtre
Sur le côté droit du monument, une inscription

« A la mémoire des volontaires polonais qui le 9 mai 1915

se sont portés à l'assaut de la côte 140 et sont tombés

pour la résurrection de la Pologne

et la victoire de la France-.

 

Pour la résurrection de la Pologne ! La Pologne, effacée de la carte de l'Europe par trois partages en 1772 - 1793 et 1795, à demi ressuscitée par Napoléon sous la forme du Grand - Duché de Varsovie, fait l'objet d'un nouveau partage lors du Congrès de Vienne (1814-1815) entre la Russie (les 6/7 de l'ancienne Pologne, avec Varsovie), la Prusse (régions de Posen et de Bromberg) et l'Autriche - Hongrie (Galicie et Lodomérie auxquelles est ajoutée en 1847 Cracovie demeurée jusque-là République indépendante).

« Pour notre liberté ! ». En Russie et en Prusse notamment, les Polonais sont soumis à un régime d'oppression et de terreur : suppression de toute liberté, de la langue polonaise dans l'administration, expropriation des compagnies et usines polonaises en Russie ; interdiction de la langue polonaise à l'Eglise et à l'école en Prusse ; lutte contre le catholicisme dans les deux pays.

Mais la nationalité, polonaise demeure très vivace (race, langue, littérature, coutumes, religions) ; elle ne cesse d'aspirer à recouvrer l'indépendance nationale, profitant de chaque mouvement libéral en Europe (1830-1848) pour tenter de s'insurger contre ses dominateurs.

L'invasion allemande en France, c'est l'occasion pour de nombreux émigrés polonais de s'engager dans l'armée française. D'où viennent-ils? De la Pologne occupée, de différents coins de France (Toulouse, Marseille, et notamment des régions minières du Nord), de pays d'Amérique (Etats­Unis, Argentine, Brésil). La majorité, sont dispersés dans des régiments constitués de volontaires d'autres pays.

Deux compagnies presque exclusivement nationales ont pu néanmoins être formées à Bayonne et à Rueil. Comme les soldats français, ils portent l'uniforme bleu horizon ; ils sont cependant reconnaissables à leur coiffure : un bonnet carré, la czapka.

La compagnie de Bayonne participe à la grande offensive en Artois du 9 mai 1915. Au signal d'attaque, elle enlève trois lignes de tranchées ennemies, se cramponne à la quatrième. Le colonel Pein, le commandant Noiret, « Père » des Polonais, sont tués. La compagnie est décimée. Sur un mur auprès duquel il est tombé, l'un des combattants écrit avec un doigt qu'il trempe dans son sang une phrase inachevée : «  Vive la France et la Polog ... ».

Au lendemain de la bataille, le général commandant le corps fait sortir des rangs les rares survivants de la compagnie, et fait défiler devant eux toutes ses troupes.

La conduite de ces premiers combattants polonais vaut à la compagnie cette citation

«  Unité de premier ordre, dont le dévouement et l'esprit de sacrifice se sont particulièrement affirmés le 9 mai 1915, où, placés en tête de la colonne d'attaque des  « Ouvrages blancs », elle s'est brillamment emparée des positions ennemies opiniâtrement défendues ; ne s'est arrêtée qu'après avoir atteint ses objectifs, malgré des pertes très lourdes ».

En Russie, dès les premiers jours de la guerre, le tsar promet de reconstituer le royaume de Pologne. Une Légion polonaise est créée : les soldats porteront le même uniforme que leurs ancêtres, les drapeaux seront aux armes et aux couleurs de la Pologne, la langue polonaise sera substituée à la langue russe.

Dès janvier 1915, quelque 6 000 légionnaires apprennent le métier des armes dans le château Charterewski, sur la Vistule. Parmi eux, plusieurs centaines de légionnaires arrivés de New York et de Chicago après s'être embarqués au Canada pour Vladivostok.

Des milliers de volontaires sollicitent chaque jour leur admission dans les rangs de la Légion ; l'insuffisance de matériel de guerre retarde leur incorporation. Les cavaliers, issus de l'aristocratie, s'équipent à leurs frais et montent leurs chevaux.

Un nombre important de citoyens américains de race polonaise envisagent de grossir les rangs de cette Légion. Un projet qui parait n'avoir pas eu de suite conséquente par souci politique, l'état-major russe ne veut pas mettre en vedette les Polonais.

Combien de membres en définitive comprendra cette Légion? Car quelque 700 000 Polonais sont embrigadés dans les armées impériales, et jamais ils n'ont pu se constituer en armée autonome.

Lors de la débâcle russe en 1917, le général polonais Dowbar Musnicki tente de reconstituer une Légion polonaise. Il ne peut réunir que 20 000 hommes environ qui, malgré leur courage, ne pourront résister seuls aux armées allemandes, les autres restant disséminés dans l'armée russe.

Ce que les Russes semblent avoir refusé aux Polonais, les Français le leur donnent : par décret en date du 5 juin 1917, la France reconnaît la création d'une armée polonaise autonome, aux ordres du commandement français, mais combattant sous un drapeau national.

Lieu de rassemblement : Sillé-le-Guillaume, non loin du Mans. A l'entrée du camp, une double inscription encadrée par l'aigle blanc et un écusson tricolore

OBOZ WOJSK POLSKICH
Camp des troupes polonaises

Les uns y arrivent revêtus de l'uniforme bleu horizon sous lequel ils ont combattu en Argonne, dans l'Aisne, dans la Somme ou devant Verdun. D'autres, sous l'uniforme russe, venant des régiments envoyés sur le front français ou de contingents russes se battant en Macédoine. Puis, la Révolution russe ayant formellement reconnu que la restauration de la Pologne était une condition de paix future, c'est de Russie même qu'ils viennent.

Le camp de Sillé devient très vite un centre international où l'on parle polonais, russe, français, portugais, espagnol, allemand, anglais, tchèque, arabe. Une véritable tour de Babel » !

La nouvelle recrue, une fois admise après avoir fourni les preuves de son origine, reçoit une formation militaire suivant les règlements de l'armée française. Leurs officiers instructeurs ont servi dans les rangs français : le capitaine Kozlowski, leur commandant en chef qui était aux tirailleurs ; le capitaine Krasynski, sergent au début de la guerre ; l'adjudant-chef Rassek qui a reçu la croix de la Légion d'honneur le 14 juillet 1917. En outre, des professeurs donnent des cours de langue polonaise !

Des missions envoyées aux Etats-Unis et au Brésil y réalisent l'union de tous les partis polonais. Un devoir s'impose à chaque Polonais : participer à l'organisation de l'armée polonaise en France, symbole de la Pologne unifiée et indépendante. A Chicago, à la suite d'un immense meeting, 400 000 Polonais adressent leur reconnaissance au gouvernement français.

Le 15 octobre 1917, aux Invalides, l'armée autonome polonaise reçoit solennellement son drapeau national aux couleurs rouge et blanc : un aigle blanc sur fond cramoisi (Pourquoi l'aigle blanc sur les emblèmes nationaux de la Pologne ? La légende rapporte que Lech, fondateur de la race polonaise, qui passait son temps à chasser et à accomplir des exploits avec ses deux frères Czech (d'où Tchèque) et Rus (d'où Ruthène), découvrit un nid d'aigles blancs à Gniezno, ville des premiers rois de Pologne. ). C'est au 1er bataillon de chasseurs, revêtus d'un uniforme bleu horizon avec un cor de chasse brodé en vert au col, qu'échoit l'honneur de le recevoir. Ce drapeau, c'est celui brodé et offert par les dames de Bayonne, et c'est celui que le porte-drapeau Ladislas Szuyski venait de planter sur le parapet d'une tranchée allemande lorsqu'il tomba mortellement frappé lors des combats d'Artois en 1915. Un drapeau traversé par plus de quarante balles ou éclats de shrapnells. Les couleurs nationales polonaises flottent à nouveau librement.

Le 22 juin 1918, dans une clairière de Champagne, le Président de la République Poincaré et le Président du Comité national polonais Dmowski, ancien député, de Varsovie à la Douma, le général Archinard, chargé en France d'organiser l'armée polonaise, le général Gouraud dans l'armée duquel se trouvent les troupes de la Pologne moralement reconstituée participent à la cérémonie de remise de drapeaux aux régiments de la 1ère division polonaise suivant un rite traditionnel : messe sur un autel rustique portant la Vierge noire de Czestochowa, bénédiction des drapeaux, prestation de serment par les soldats :

 

«Je jure devant Dieu tout-puissant, Un dans la Sainte­ Trinité, d'être fidèle à ma Patrie la Pologne Une et Indivisible, et d'être prêt à donner ma vie pour la Cause sainte de son Unification et de sa Libération. Je jure de défendre mon Drapeau jusqu'à la dernière goutte de mon sang, d'observer la discipline militaire, d'obéir à mes chefs et de répondre toujours par ma conduite aux principes de l'honneur du soldat polonais. Ainsi soit-il ».

Dmowski remet les drapeaux à Poincaré qui les confie aux unités auxquelles ils sont destinés. Quatre drapeaux offerts par Paris, Verdun, Belfort et Nancy. Paris, en reconnaissance envers une troupe de lanciers polonais qui, en 1814, défendit héroïquement la capitale. Verdun, ville martyre, à une nation infortunée. Belfort, et Nancy au nom de l'Alsace-Lorraine, victime comme la Pologne de l'impérialisme prussien. Poincaré attache ensuite la Croix de guerre sur le fanion criblé de balles des volontaires de 1914. La cérémonie s'achève par le défilé des troupes.

Puis, la l ère division polonaise prend place sur le front.

Dans la nuit du 9 au 10 juillet, un groupe d'hommes est envoyé en reconnaissance dans les lignes allemandes. A leur tête, le sous-lieutenant Chwolkowski, Polonais des

Etats-Unis. Ils sont accueillis par un violent tir de barrage. Les Allemands se sont découverts. La mission est accomplie. Chwolkowski couvre la retraite de ses hommes. Il est gravement blessé. Ses dernières paroles : «C'est pour la Pologne!». Ultime pensée d'un Américain d'origine polonaise, un siècle et demi après la disparition de son pays.

Vient ensuite l'offensive allemande du 15 juillet. Les troupes polonaises reculent, puis reprennent le terrain perdu avec une furia irrésistible. Ce succès vaut à la 5ème compagnie la citation suivante :

 «  Ayant brisé la violente offensive allemande du 15 juillet 1918, ont enlevé d'un seul élan, dans la nuit du 24 au 25 juillet, après une courte préparation d'artillerie, et malgré la résistance acharnée de l'ennemi, les points qui leur étaient assignés sur un front de plus de deux kilomètres et une profondeur de près d'un kilomètre, en faisant plus de 200 prisonniers et en s'emparant d'une quantité importante de matériel de guerre »

Tandis que s'organise une 2ème division, la lère division polonaise inscrit d'autres succès à son actif. Grâce à la France, le drapeau national polonais est relevé ; les petits enfants de la Pologne subjuguée s'y rallient en masse.

Le 6 octobre 1918, le général Haller, petit-fils d'un Président de la République de Cracovie, né, Polonais Autrichien, prend le commandement en chef des armées polonaises de tous les fronts alliés, dans une ville de Lorraine.

D'où vient-il ? Ancien élève de l'Ecole supérieure de guerre de Vienne, il sert 15 ans dans l'armée, puis se consacre à l'agriculture. Lors de la mobilisation en Autriche, il est placé à la tête d'une brigade de volontaires polonais et lutte contre la Russie. Celle-ci, après la révolution, reconnaît l'indépendance de la Pologne qui, de ce fait, n'a plus qu'un adversaire : les empires centraux. Le général Haller et ses troupes gagnent l'Ukraine après avoir battu les troupes autrichiennes qui tentaient de l'en empêcher. Après bien des péripéties, il est accueilli à Moscou par le Conseil Polonais de l'Union des partis. Il lance son appel à la mobilisation générale, puis gagne Mourmansk et la France, tandis qu'en Sibérie se constituent deux divisions polonaises.

Ce dimanche 6 octobre, après la messe, en présence du comte Zamoyski, président intérimaire du Comité national polonais, le général Haller prête serment devant les drapeaux rassemblés : fidélité à la Pologne, défense du drapeau national et de l'honneur des armes polonaises -jusqu'à la dernière goutte de son sang a, exercice du commandement en chef e d'après les principes de l'honneur militaire, pour le bien de la nation polonaise et la libération de ma patrie.

 

Puis il donne lecture du premier ordre du jour

Tout bon Polonais se ralliera aux troupes qui, sous le drapeau de l'Aigle Blanc, vont combattre les Allemands.

Personne n'a le droit de se soustraire à ce devoir. Les Polonais doivent leur vie à la Pologne.

Là où les commissions de recrutement ne sont pas encore organisées, les commandants des troupes useront de tous les moyens pour augmenter leurs effectifs.

 

Une armée forte et bien disciplinée sera la meilleure garantie de l'indépendance de la Pologne =.

En reconstituant l'armée nationale polonaise, en traitant ses hommes comme ses soldats, la France a fait renaître la Pologne. En ce 6 octobre, cette armée polonaise a un chef vraiment à elle, la Pologne est prête à reprendre place dans la future Europe : une des conditions de paix du Président Wilson.

Après la guerre, du 30 avril au 27 juin 1919, mon père convoiera des troupes polonaises à destination de leur patrie ressuscitée.

Premier voyage? St-Dizier - Lodz. Commandant du train le capitaine Stephan HRYCYZYN. Elément transporté : la 2ème Compagnie du 1 er Bataillon du 4ème Régiment de Chasseurs Polonais. Départ de St-Dizier le 30 avril à 2 h 05. Arrivée à Lissa le 2 mai à 15 h 55, ultime arrêt avant l'arrivée à Lodz.

Son dernier voyage s'effectuera avec le lieutenant LACHEZE du 20ème Chasseurs Polonais. Elément transporté la moitié de la 3ème Compagnie du 20ème Régiment de Chasseurs Polonais, et du matériel automobile. Départ de St-Dizier le 7 juin à 21 h 35. Arrivée à Lodz le 11 juin à 7 h 35.

Sur le chemin du retour, il notera dans les gares beaucoup de «  wagons tomberaux » neufs. Les seigles sont très beaux et la fenaison va être terminée.

 

 

SOUVIENS-TOI
DES VOLONTAIRES TCHECOSLOVAQUES

 

A courte distance du mémorial polonais, de l'autre côté de la route, se trouve une des nécropoles nationales érigées en France à la mémoire des légionnaires tchécoslovaques : un monument à l'entrée d'un cimetière au fond duquel a été édifié un vaste abri de forme rectangulaire, abri encadré d'un drapeau français et d'un drapeau tchécoslovaque, aux mêmes couleurs.

Avec ses diverses facettes, le monument présente dans son ensemble une forme triangulaire : un soldat au regard triste, les pieds croisés sur la hampe d'un drapeau, maintient sur ses jambes un homme nu recouvert en partie de l'étoffe d'un second drapeau, la main gauche maintenant ce drapeau, la main droite à l'emplacement du coeur.

A la base du monument, une inscription

ZVOLILI ZEMRITI ZA SVOBODV

Ils ont choisi de mourir pour la liberté. Sur le côté gauche, une autre inscription

 

Ici le 9 mai 1915
LES VOLONTAIRES TCHECOSLOVAQUES

ont combattu pour leur patrie

et pour LA France

 

Derrière et sur le côté droit, des noms de soldats tués.

Dans le cimetière entouré de troènes, environ 300 légionnaires tchécoslovaques reposent à l'abri de tilleuls ; parmi les stèles, deux sont marquées d'un emblème israélite.

Quant à l'abri, il rappelle une certaine architecture antique. Le fond et les côtés sont couverts de nombreuses inscriptions ; entre autres

On ne passe pas sans combattre de l'esclavage à la liberté -

" Mieux vaut honorer son pays par sa mort que le déshonorer par sa vie".

Aux quelques survivants tchécoslovaques des batailles de Champagne (1914) et d'Artois sont venus par la suite se joindre des compatriotes accourus de tous les points du globe à l'appel du Conseil national tchécoslovaque. Combats dans la Somme (1916), à Verdun (1917), dans le Soissonnais et en Alsace (1918).

Le nombre des volontaires tchécoslovaques augmentant, leur légion est transformée en armée autonome. Courant juillet 1918, dans un cantonnement de la zone des armées, devant les membres du Conseil national tchécoslovaque, le Président de la République française remet à cette nouvelle armée un drapeau aux couleurs rouge et blanc représentant les revendications nationales, drapeau offert par la ville de Paris. C'est ensuite la prestation de serment : les soldats lèvent les trois premiers doigts de la main droite ; les officiers dressent leur sabre.

Cette prestation de serment : une manifestation qui n'est pas sans •évoquer celle que prêtèrent sur leur drapeau à Bayonne., le 12 octobre 1914, les engagés de la Cie NAZDAR, Premiers volontaires de 1914 et premiers combattants pour l'indépendance nationale des tchèques et des slovaques

Au nom des principes de liberté, d'égalité et de fraternité, affirmant notre foi dans la République, nous jurons de lutter pour le droit de la République et de l'humanité jusqu'au dernier homme et jusqu'à la dernière goutte de sang »

 

SOUVIENS-TOI DES COMBATTANTS « ANGLAIS » (suite)

 

 

Continuons notre route ...

 

Qui l'aurait prise en octobre 1915 aurait écrit : e La route file droit vers le Nord et descend, entre deux rangs de peupliers clairsemés, vers un vallon où se cache un village parmi les hautes futaies. Avant d'arriver aux maisons, la route fait un coude à droite, à la hauteur d'un bâtiment isolé entouré d'un jardin. C'est le a Cabaret rouge » . .

En 1976, sur le côté gauche de la route, avant d'arriver à ce coude, le Cabaret Rouge Bristish Cemetery - de Souchez dont l'entrée évoque un mausolée de style oriental. Un cimetière agrémenté d'arbres et d'arbustes aux essences multiples. Des tombes garnies de fleurs riches en couleurs.

Combien de soldats, marins, aviateurs dans ce champ de repos paradisiaque? 6000? 7000? dont 5 386 corps identifiés. De quels pays sont-ils? Du Royaume-Uni (4479), du Canada (732), de l'Australie (121), de l'Afrique du Sud (42), de la Nouvelle-Zé.lande (7), de Newfoundland (2), de Guernesey (2), de l'Inde (1).

Le R Cabaret Rouge Bristish Cemetery -, c'est la découverte d'une partie du r Commonwealth e, c'est la découverte de l'Empire britannique : un ensemble de pays unis à la Couronne par des liens d'allégeance (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Union Sud-Africaine, Ceylan, Inde, Pakistan) ou par la reconnaissance du souverain de Grande­Bretagne comme chef du r Commonwealth

Plus d'un million de ressortissants de l'Empire britannique ont combattu sur les fronts d'Europe et d'Afrique. Dont 500 000 Canadiens, les plus motivés par leurs origines ancestrales.

Mis à part les Canadiens qui nous sont familiers, quels autres combattants pourrait-on mettre à l'honneur, combattants qui permettraient à la France de dire son plus grand merci à tous les soldats du Commonwealth?_

Les Australiens arrivés en France à la fin de 1915? Des cavaliers qui poursuivaient le bétail dans les vastes plaines de leur pays ; des soldats aux manches retroussées et le col ouvert, des civils en uniforme se moquant de toutes les règles militaires, mais se ruant sur l'adversaire avec une frénésie jusque-là inconnue et employant des méthodes radicales. Lieu de leurs exploits : la Somme. A la manière forte, ils ont pris Bapaume.

Les Australiens n'ont pas démérité, ni les autres combattants du Commonwealth. Mais j'ai un faible pour l'Inde mystérieuse, pour ses maharajahs, pour ses habitants. Un faible pardonnable ? . .

Un jour de 1914, venant de leur lointain pays, convoyés par des navires anglais assistés de navires japonais, les Indiens ont débarqué à Marseille.

Quels sont ces hommes ? Des lanciers du Bengale, des Sikhs Singhs qui ont fait vceu d'abstinence et de ne jamais tourner le dos à l'ennemi, des Pathans et Beluchis de la frontière afghane accoutumés dès leur enfance aux combats de nuit, des Dogras du Cachemire, des Gurkas qui se lancent à l'assaut en faisant tournoyer leur coutelas.

Quelques jours après leur débarquement à Marseille, ils arrivent près d'Orléans où ils sont installés dans un camp français d'exercices. Jeanne d'Arc, du haut de son piédestal, verra défiler les lanciers du Bengale au port altier, la tête enturbanée, un long bambou souple à l'arçon.

Puis, c'est la montée vers le front. Avec leurs petits chariots primitifs, grinçants, tirés par des boeufs, ils sillonnent les routes sans que les riverains ne leur prêtent véritablement attention : ils ont déjà vu passer tant de soldats aux accoutrements variés et au teint différent !

Fin octobre 1914, les Indiens arrivent dans le Nord de la France alors que l'armée britannique, remontée de l'Aisne, subissait les assauts des troupes allemandes décidées à enfoncer le front entre Ypres et Béthune pour gagner la mer.

Les différents éléments de l'armée indienne sont aussitôt placés sur les points les plus menacés. Dans les environs de Messines, plusieurs sections d'un bataillon sont anéanties, mais la résistance des Indiens aura permis à des renforts de reconquérir le terrain perdu ... Aux alentours de Laventie, sur une contre-attaque de nuit, une section arrête une offensive allemande ... Près de Neuve-Chapelle, un bataillon attaque avec une telle impétuosité qu'il perd tous ses officiers et les trois-cinquièmes de ses hommes... Bien souvent, les Indiens résistent à un ennemi quatre ou cinq fois supérieur en nombre ; en quelques jours, plusieurs bataillons perdent la moitié de leur effectif ...

 

Puis c'est l'hiver, la vie des tranchées. Un temps auquel les Indiens ne sont pas habitués. L'armée les munit de manteaux amples et de peaux de moutons ; elle les soigne.

A Neuve-Chapelle, au lieudit « La Bombe se dresse un magnifique monument circulaire érigé en l'honneur de l'armée de l'Inde « qui a combattu en France et en Belgique, et pour perpétuer le souvenir de ses morts aux tombes inconnues dont les noms sont ici gravés », une liste impressionnante de noms sur plus de quarante plaques.

Un monument dominé par une colonne sur laquelle se dressent deux lions, monument localisant les exploits de l'armée indienne de 1914 à 1918: La Bassée, Messines, Armentières, Ypres, Gheluvelt, Festubert, Givenchy, Neuve­Chapelle, St-Julien, Aubers, Loos, la Somme, Bazentin, Delville ,Wood - (Bois du Diable), Flers Courcelette, Morval, Cambrai.

Un de leurs chefs les plus remarquables : le maharajah Sir Prutab Singh, lieutenant-général et aide de camp de S. M. le roi Georges V. Agé, de 70 ans, il n'accepte pas d'être attaché au G. Q.G. anglais. Dès octobre 1914, il se met à la tête d'un des deux régiments de lanciers qu'il a formés aux Indes. L'idéal traditionnel des membres de son clan : mourir sur un champ de bataille. Il partage la rude existence de ses hommes et leurs périls ; au cours de plusieurs engagements, aux côtés de ses deux fils, il fait preuve de beaucoup d'abnégation et d'une ardeur audacieuse : jamais de défaillance dans ses troupes !

Redoutés à leur arrivée, les Indiens, ces étrangers au masque de bronze, ont finalement entretenu d'excellentes relations avec la population. Et la guerre terminée, ils s'en sont retournés dans leur terre lointaine, mère des civilisations. Toujours aussi réservés, mystérieux ...

De par la guerre, les Africains sont devenus nos frères. Comme les Tommies et les combattants du Commonwealth ...

Notre pèlerinage touche à sa fin. Traversons Souchez. Quittons le vallon où il niche.

 

 

HONNEUR A TOUS LES COMBATTANTS FRANÇAIS ! Voici...