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A LORETTE REPOSE UN COMBATTANT D'AFRIQUE DU NORD

 

Au hasard des plaques décorant les murs intérieurs de la Chapelle- Basilique de Lorette, parmi les noms des soldats morts pour la patrie au cours de la guerre 1914­1918

- Lieutenant DAVAINE Albert

10ème Bataillon Mobiles du Nord 1870

- DRAPIER Eugène DOUAI - 29 juin 1871

deux combattants de la guerre de 1870 ? . .

- LECU Eugène

18 mars 1945 - OLSBRUCKEN (Allemagne)

un combattant de la seconde guerre mondiale?..

Dans le cimetière, un père et son fils reposent sous la même croix

- Anatole DE SARS, capitaine du 407ème R. L.,

mort pour la France le 29 septembre 1915

- Edmond DE SARS, soldat au 2ème R. T. M., mort pour la France en mai 1940 deux générations de combattants.

Dans leur ossuaire, les soldats inconnus morts pour la France lors de la première guerre mondiale accueillent

 

·  le 16 juillet 1950, le corps d'un soldat inconnu de la guerre 1939- 1945 ;

 

· le 25 avril 1955, les cendres de déportés disparus dans un des camps allemands.

Il y manquait une présence, celle de la dernière génération du feu : les combattants d'Afrique du Nord.

Dimanche 16 octobre 1977, la journée s'annonce belle.

Très tôt le matin, par cars, en voitures particulières ou à pied, des survivants de la guerre des tranchées, des soldats de la seconde guerre mondiale, anciens combattants, prisonniers, résistants et déportés, des anciens d'Indochine, beaucoup d'anciens d'Afrique du Nord, des rapatriés, des familles entières montent vers LORETTE.

De Paris, par train spécial, arrivent en gare d'Arras de très hautes personnalités qui sont de suite acheminées vers la colline sacrée.

Quelque 30 000 personnes sont ainsi en marche pour rendre un solennel hommage à tous les soldats français tombés en Afrique du Nord.

Le symbole de cet hommage? Un soldat au service de la France, tombé quelque part en Algérie. Inhumé dans un cimetière militaire français d'Oran, sa dépouille mortelle est rapatriée à Marseille à la suite des accords d'Evian en 1962. Non réclamé par une famille, il est inhumé, à

Luynes dans les Bouches-du-Rhône parmi des frères d'armes, <- inconnus - eux aussi.

Automne 1977, le cimetière militaire national de LORETTE est prêt à recevoir l'un de ces inconnus.

Pris au hasard, ses restes sont recueillis dans un cercueil transporté à Paris par avion. De là il est conduit à Arras où, le samedi 15 octobre après-midi, sur la place Foch, le Pas-de-Calais lui rend un hommage public. La nuit, au quartier Turenne, le 7èsne Régiment de Chasseurs, dont les officiers ont connu les conflits d'Afrique du Nord, veille le cercueil à la lumière de torchères.

 

Dans la matinée de dimanche, deux automitrailleuses légères quittent ce quartier d'Arras, l'une portant le flambeau allumé à l'Arc de Triomphe, l'autre le corps du soldat inconnu. Précédé d'une escorte de la gendarmerie motocycliste, le cortège se dirige lentement vers LORETTE ...

Le président de la République tient à honorer de sa présence la cérémonie. Il est environ 11 heures ce dimanche lorsque l'hélicoptère ' Arc de Triomphe ' se pose sur le plateau de LORETTE.

Le soleil est lumineux.

Le chef de l'Etat, descendu de l'appareil, est accueilli par le préfet du Pas-de-Calais, le maire d'Ablain-St-Nazaire ; et, à l'entrée du cimetière, par Mgr Huyghe, évêque d'Arras, le général de la Bretèche, M. Désiré Martin, président de l'Association du Monument de Notre-Dame de Lorette, et le Chanoine Aimard, président de la Garde d'Honneur de l'Ossuaire, un des principaux organisateurs de la cérémonie.

Entre-temps arrivent sur la colline les deux auto­mitrailleuses.

Le cercueil est placé sur les épaules de six anciens combattants d'Afrique du Nord, encadrés par deux anciens de 14-18, deux anciens de 39-45 et deux soldats du contingent.

Sur un commandement, les porte-drapeau se mettent au garde-à-vous. Seul, défilera le porteur du drapeau des gardes d'honneur de Lorette.

Précédé du flambeau que porte un jeune aspirant, le soldat inconnu d'Afrique du Nord entre dans le cimetière national, suivi du président de la République et des personnalités. Les tambours de la garde scandent la marche lente du cortège funèbre qui passe devant les drapeaux de régiments dissous ayant pris part à la campagne d'Algérie et ceux d'unités d'active : toutes les armes, toutes les armées sont représentées.

Le cortège gagne l'Esplanade où se pressent des milliers d'anciens combattants. Au pied de la Tour-Lanterne, des spahis, sabres au clair, revêtus les uns d'un burnou rouge, les autres d'un burnou bleu de nuit, montent la garde. Derrière l'Ossuaire, les gardes d'honneur de LORETTE. Partout des drapeaux, plus d'un millier.

Arrivé sur l'Esplanade, le chef de l'Etat s'avance vers un dispositif en marbre surmonté d'une croix de guerre en bronze, don de l'Amicale du Train de Loos, et, à l'aide du flambeau, ranime la flamme. Puis il va se recueillir devant le cercueil placé sur un catafalque. Dépose une gerbe au nom de la France. Rejoint la tribune officielle.

Tandis que la batterie fanfare de la Garde Républicaine exécute une marche solennelle, des enfants, garçons et filles, par groupes guidés par des soldats, déposent sur les marches du parvis de la Tour - Lanterne des gerbes d'iris bleus, des gerbes d'oeillets blancs et rouges, au nom des associations des anciens d'Afrique du Nord de tous les départements de la métropole et d'outre-mer, gerbes qui composent un immense parterre aux couleurs nationales.

L'émotion étreint les coeurs.

Vers le ciel azuré monte doucement une prière : le «  Notre Père  de Rimski – Korsakov » interprété, avec ferveur par un ensemble de chorales de la région d'Arras.

Par sa dignité la foule communie à cette prière. Et le silence retombe sur la colline sacrée.

Ensemble, l'évêque d'Arras et l'aumônier protestant des Armées prient

Seigneur, Dieu tout-puissant et plein d'amour,... écoute notre prière... Souviens-toi de tous ceux, glorieux ou obscurs, qui sont tombés sur les champs de bataille, et spécialement en Afrique du Nord. Console toi-même ceux qui pleurent...

Apprends-nous à employer notre vie pour l'édification de la paix. Fais de nous des hommes responsables afin que nos intentions soient justes et servent ta justice.

Tu veux que nous évitions de nous dresser les uns contre les autres, au risque de détruire toute la richesse d'un patrimoine, fruit du labeur et des sacrifices des générations qui nous ont précédés. Permets que notre patrie s'éveille chaque matin davantage à la lumière de la paix...

Fais... que nous entrions dans ton royaume où il n'y aura plus ni mort, ni deuil, ni souffrance... •.

Du pied de la Tour - Lanterne, s'élève ensuite un chant : la prière islamique du premier iman de la Mosquée de Paris.

 

Puis le rabbin de Lille rappelle le souvenir de tous ceux qui ont fait l'offrande de leur vie et demande à Dieu de faire régner la paix et la concorde entre tous les peuples et d'inspirer à chaque homme l'amour de son prochain •.

Après ces prières, choristes et musiciens interprètent le final de la cantate 140 d'un choral de Jean-Sébastien Bach.

Le chef de l'Etat rend ensuite hommage aux soldats d'Afrique du Nord

En huit ans, plus de 2 millions de soldats français ont servi sur la terre d'Algérie. 65 000 d'entre eux y furent blessés, près de 25 000 y ont fait le sacrifice de la vie-, insiste sur le fait qu'ils' ont combattu moins contre le rebelle, l'insoumis, le patriote = que contre • la terreur aveugle, la maladie, le sous-développement et la faim - met l'accent sur le symbole de la cérémonie, l'unité nationale : = Chaque fois qu'il honore la mémoire de ceux qui sont morts pour sa liberté et son honneur, le peuple français trouve la source de l'unité •.

La sonnerie = Aux morts - retentit ... Sur la colline sacrée, la vie s'est arrêtée... Minute d'intense émotion ... Des larmes coulent ... Les anciens combattants se souviennent, et plus particulièrement ceux d'Algérie : les veilles dans l'angoisse permanente d'être surpris, tués à l'improviste par l'adversaire ; les embuscades, les guérillas, les barouds ; les combats contre la chaleur, les scorpions, le désespoir; la vision de la mort ...

La Marseillaise » : musique et chorales ... Le garde­à-vous. La foule frissonne. La guerre d'Algérie est passée sur le plateau de Lorette tel un songe pour mieux accueillir encore ce soldat inconnu, mort pour la France, peut-être tué par un parent de ceux qui ont combattu jadis sur ce même plateau à côté de leurs frères français ...

La cérémonie se termine ... Le cercueil, toujours recouvert du drap tricolore, est repris par les porteurs et conduit dans l'Ossuaire aux accents d'une marche funèbre. Seul le président de la République suit. Pénètre dans la crypte. Se recueille longuement ...

De retour sur l'Esplanade, le président salue des délégations et les personnalités présentes. S'entretient avec les maréchales Leclerc de Hauteclocque, de Lattre de Tassigny, Juin, le général de Boissieu, Edgar Faure, le comte de Paris qui a perdu un fils en Algérie. Va à la rencontre d'anciens d'Afrique du Nord et de familles de victimes de la guerre d'Algérie.

Le président gagne ensuite la sortie du cimetière où il reçoit en souvenir un recueil de lettres de guerre reprographiées, écrites par les soldats des combats d'Artois de 1915, ouvrage offert par l'Association du Monument, la Garde d'Honneur de l'Ossuaire de Notre-Dame de Lorette.

Et, après avoir serré des mains anonymes tout en se dirigeant vers l'hélicoptère Arc de Triomphe •, c'est le retour à Paris.

Devant l'Ossuaire commence alors le défilé de milliers de pèlerins venus rendre hommage aux 25000 jeunes Français tombés en Algérie, dont l'un repose désormais en terre d'Artois à côté de son aîné de la guerre 1939-1945, encadrés tous deux par des anciens de 1914 - 1918 : trois générations de combattants.

Autour de la dépouille du soldat inconnu d'Afrique du Nord, les Français se sont retrouvés unis, l'instant d'une cérémonie ...

 

FRERES HUMAINS

APPRENONS A NOUS CONNAITRE
AIMONS-NOUS
et
QUE LA PAIX DEVIENNE UNIVERSELLE


 

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